Chapitre 26

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Astrid n'avait rien loupé de la scène qui venait de se dérouler devant ses yeux entre Stoïck et Harold. Elle n'en revenait pas que ce dernier ait pu proposer un duel à son père. Elle savait qu'il avait changé, mais cela ne lui ressemblait pas. Il était consumé par la rancœur et la colère, ce n'était pas vraiment lui et il se laissait emporter par ses émotions. Elle le comprenait, elle aurait sûrement agi de la même manière et ce n'aurait pas été étonnant de sa part, mais venant d'Harold... Elle ne savait pas ce qu'elle devait faire.

Elle aurait pu tenter d'aller raisonner son chef ou même Harold, mais à les voir elle doutait que cela puisse avoir le moindre effet. Ce qui pourrait même, au contraire, la mettre en difficulté si Stoïck se rendait compte qu'elle lui avait menti en disant qu'elle ne savait pas qu'Harold était le représentant du Nord. Il ne lui restait qu'une chose à faire, attendre et voir ce qui allait se passer tout en espérant qu'Harold retrouverait ses esprits ou qu'une idée géniale se présenterait.

— Ne t'inquiète pas mon grand, tout va bien se passer... murmura Harold à Krokmou en voyant celui-ci s'inquiéter. Thorkell, mes épées, apporte les moi, ordonna-t-il avec force.

— Astrid, va chercher ma hache. À l'extérieur, les gardes, dit Stoïck laconiquement.

À peine les ordres furent-ils donnés que les deux jeunes guerriers partirent immédiatement en direction des portes.

— À ce que je vois, tu avais prévu que ça pouvait mal se passer, commenta Harold en songeant à la hache de son père qui ne se trouvait pas chez lui ni à l'armurerie, mais juste à l'extérieur de la salle.

— Un viking prudent est un viking vivant, contra Stoïck.

Harold ne pouvait qu'être d'accord avec cela, lui-même avait fait venir la Garde Noire et voyant Thorkell franchir les portes, il espéra que celui-ci ne ferait rien d'irréversible.

À peine eurent-ils franchi les portes que le vent froid de la nuit saisit les deux jeunes guerriers. Le printemps avait beau être à leur porte, les températures restaient relativement basses. Aucun n'y prêta cependant attention, tant du fait qu'ils y étaient habitués, d'autant plus pour Thorkell qui venait d'une région relativement froide, que parce qu'ils étaient heureux d'être sortis. L'ambiance dans la Grande Salle était devenue au fur et à mesure que la réunion avait avancée de plus en plus étouffante et sulfureuse. L'air froid avait au moins le mérite de leur faire reprendre leurs esprits.

Ils prirent quelques instants pour respirer puis Thorkell se dirigea vers les deux hommes du nord tandis qu'Astrid demandait aux gardes de lui remettre la hache du chef. Ces derniers furent les plus rapides et en moins de quelques secondes elle se retrouva avec l'arme en main. Elle se dirigea alors vers Thorkell qui se retourna au moment même où elle arrivait à son niveau.

— Dis-moi que tu as une idée pour empêcher cette folie ? lui demanda-t-elle avec espoir.

— J'allais te poser la même question... Je... Je n'ai aucune idée... répondit Thorkell dépité.

— Harold a dit que la Garde Noire est au-dessus de l'île, elle ne peut pas intervenir ? demanda Astrid en baissant la voix pour que les gardes de Beurk ne l'entendent pas.

Thorkell ne s'était pas attendu à une telle demande de la jeune guerrière et il lui fallut un peu de temps pour réagir et répondre. Il fit attention lui aussi à ne pas élever la voix.

— Tu te rends compte de ce que tu demandes ? J'y ai déjà songé, mais cela risque d'empirer la situation. Imagine si une vingtaine de guerriers en noir accompagnés de leurs dragons débarquent... on va tout droit à la catastrophe.

— Car tu crois qu'on n'y va pas là ? C'était censé être une réunion pour former une alliance et les représentants des deux camps vont se battre, moi c'est ce que j'appelle une catastrophe.

Dragon NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant