Partie 68 : installations

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Il entre en trombe dans la chambre de Malone alors que celui-ci est occupé à essayer un nouveau costume. La femme au tablier et un garde du corps courent à sa suite. Le garde du corps a sorti son pistolet. Par réflexe, 4 se cache derrière l'acteur qui arrête les deux autres d'un geste de la main.

« C'est bon, c'est bon, insiste-t-il, je le connais.

— Mais il est entré sans... et l'alarme a... mais c'est... bredouille la femme.

— Je vous assure que c'est bon. Filez. Et éteignez-moi cette alarme !

— Bien monsieur. » dit le garde du corps en entraînant l'autre.

Josh Malone se retourne vers 4 qui lève vers de lui de grands yeux suppliants. Il est à nouveau au bord des larmes. Il a eu peur. Mais Josh lui adresse son plus grand sourire et le prend dans ses bras en disant :

« Tu es revenu ! Je n'arrive pas à le croire !

Par réflexe autant que par besoin, 4 s'accroche à l'adulte de toutes ses forces. C'est encore mieux que l'accueil dont il rêvait. Un câlin. Jamais il n'a manqué aussi longtemps de câlins, alors que jamais il n'en avait eu autant besoin.

Au bout de quelques instants, Josh se détache de l'enfant et le regarde, complètement émerveillé.

— J'ai vu les informations, dit-il. C'est Victoria qui a lancé ce message, non ? Vicky. Un truc complètement fou, ça a saturé tout le Réseau, la SRAM a mis des heures à le ramener à la normale !

— Ou... oui, c'est elle. On lui a donné de l'énergie. C'est à cause des gens...

— Et où sont Vicky et Nora ? Quel que soit leur vrai nom, d'ailleurs.

— Elles sont dans le Ghetto ! C'est pour ça qu'il faut que je les sauve ! Mais je sais pas comment ! Il y a pas de Réseau là-bas ! Je peux rien faire ! J'ai peur ! Il y a Thune ! Et moi je suis parti tout seul ! Et...

— Wow wow doucement mon grand, doucement... explique-moi tout ça depuis le début. Je vais t'aider. Bon sang, je serais ravi de t'aider ! Je suis tellement fier que tu sois revenu me voir moi !

— Tu as été gentil. Et tu avais raison... les gens, les gens dehors, ils sont... ils sont...

Le petit garçon n'arrive pas à terminer sa phrase. Il voudrait dire que les gens sont dangereux, égoïstes, qu'ils n'offrent leur amitié que pour mieux trahir ensuite, qu'ils se haïssent les uns les autres et se torturent sans raison apparente.

C'est une réalité trop dure à admettre. Il conclut maladroitement :

—... ils sont pas gentils.

— Mon pauvre petit gars... ne t'inquiète pas, je vais t'aider. Mais il va falloir que tu m'expliques pas mal de choses, parce que la télé ne dit que des bêtises et que j'ai l'impression que la dernière fois vous m'avez raconté pas mal de craques.

— Je suis désolé. C'était pour pas que tu sois triste. On voulait explorer encore, on avait plein de choses à voir, et on avait un peu du mal parce qu'on devait te mentir.

— Je... j'imagine que je peux comprendre. Je n'y avais pas vraiment pensé. Mais tu es là, maintenant, alors installe-toi comme tu veux, fais tout ce que tu veux, et si tu n'as pas envie de me raconter, et bien tant pis, ne me raconte pas. Je ne veux pas te mettre mal à l'aise !

— Je peux avoir à manger aussi ?

— Bien sûr, tout ce que tu veux.

L'homme et l'enfant s'apprêtent à sortir de la chambre de l'acteur quand le secrétaire de Josh frappe poliment à la porte restée ouverte :

— Monsieur, dit-il, la police est là et demande le motif de l'alarme.

— Bon sang, c'est vrai qu'elle est directement branchée sur le commissariat...

— Désolé, dit 4. Je n'ai pas voulu l'éteindre. J'ai pensé que c'était pas poli.

— Ne t'inquiète pas, bonhomme, tout va bien... Bon, je vais leur expliquer que c'est rien. Marvel, amenez ce gosse dans ma salle de méditation et donnez tout ce qu'il veut à manger.

— Il faut pas leur dire ! crie 4. Il faut dire à personne que je suis là !

— Fais-moi confiance, répond Josh. Marvel, vous donnerez ensuite congé à tout le personnel, vous y compris, pour une durée indéterminée. Je vous rappellerai quand j'aurais besoin de vous. Bien sûr vous continuerez tous à toucher votre salaire.

— Bien Monsieur. Je vous en prie, jeune homme, suivez-moi. »

Lorsque Josh Malone le rejoint, 4 a eu le temps de remettre ses idées en place et il est prêt à expliquer vraiment ce qui se passe à son ami. Mais avant il précise bien :

« Il faut que tu me jures que tu vas garder le secret. Il y a des tas de gens qui... il faut pas... il faut surtout pas qu'ils nous retrouvent. Ce sont des menteurs. Il y en a qui travaillent avec la police et même avec les chefs de l'Alliance ! Il y en a qui veulent nous tuer ! Et les autres ils veulent nous enfermer ! Et...

L'enfant s'arrête, conscient que s'il dit un mot de plus il va se mettre à pleurer.

— Je te jure de garder le secret. Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer.

4 regarde l'adulte avec des yeux ronds. Son éducation a été plutôt pauvre en formules rituelles et la plupart de celles qu'il utilisait avec 5 et les autres Techs étaient inventées sur le moment. Il finit par conclure que Josh doit être sincère. Surtout quand l'adulte ajoute :

— Je te promets de te défendre quoi qu'il arrive.

4 commence alors à lui raconter qui sont les Techs et ce qui leur est arrivé. Josh, qui gardait l'espoir que ces étranges enfants soient malgré tout des extraterrestres, est plutôt déçu mais comme l'excellent acteur qu'il est il ne le montre pas.

L'histoire commence à ressembler à un mauvais film de science-fiction. À la fin, Malone résume :

— Donc, vous n'êtes pas des extraterrestres.

— Non. Mais on est pas des humains normaux. C'est presque pareil, non ?

— Pas vraiment...

— Chuis désolé, dit 4 en regardant ses mains.

L'enfant est sincère. Il sait ce que c'est d'avoir un rêve et il aurait vraiment aimé être celui que Josh attendait. L'acteur est touché par son désarroi et lui caresse la tête en disant gentiment :

— Mais non, ne t'en fais pas, ce n'est pas de ta faute... J'ai promis de t'aider et je t'aiderai. Fais-moi confiance. Je ne peux pas faire grand-chose, mais déjà considère cette maison comme la tienne. Et même si je n'ai pas le droit d'aller dans le Ghetto, j'ai de l'argent, ça peut ouvrir un sacré paquet de portes. On va attendre que ton grand frère et ta grande sœur aient un plan, d'accord ?

— D'accord.

— Allons-y. D'ailleurs, tu préfères que je t'appelle Neil ou 5 ?

— Moi c'est 4, le quatrième Tech, 5 c'est ma petite sœur qui est dans le Ghetto.

— Désolé, je débarque dans votre histoire et je me mélange un peu les pinceaux.

— C'est pas grave.

— Je vais dire Neil alors.

— Oui, c'est bien. »

4 regarde Josh avec adoration. Au moment où il désespérait, voilà qu'enfin la chance tourne en sa faveur. Josh Malone incarne un sauveur à la perfection.

L'enfant ne se demande pas si l'apparence correspond à la réalité. Il est heureux.

Les Techs - Tome 1 : les secrets du LaboratoireWhere stories live. Discover now