La Saga Du Cristal - Tome 2 (partie 198 à 250)

- Partie 206 -

        Azirmiothèse traça une autre croix à la surface de la carte du monde étendue sur son bureau. Embêté, l'elfe ancestral inclina la tête. Il n'arrivait plus à retrouver la position de Shakarmourtak, le dragon ennemi de son précieux émissaire, Reis. Le conflit qui tenaillait ces deux opposants avait une très longue histoire, comme le sont d'ailleurs toutes les histoires de dragon.

Le fait que Shakarmourtak soit subitement disparu était un détail à ne pas prendre à la légère. On ne passe pas cinq cents années à chercher sa vengeance pour abandonner aussi facilement. Le dragon avait forcément trouvé moyen d'échapper à la stricte vigilance du grand gardien de la bibliothèque. Provenant d'un être aussi intelligent et malicieux, un tel geste devait être considéré avec attention. On pouvait désormais s'attendre à une riposte incessante. Rares étaient ceux capables de déjouer la vigilance de l'intendant suprême de la Grande Bibliothèque, mais contre les dragons, on ne pouvait pas toujours gagner. De plus, Azirmiothèse avait d'autres préoccupations encore plus primordiales.

Depuis les évènements de cette nuit, il n'avait cessé d'analyser cette ondulation inhabituelle du cours du temps. Malheureusement il n'avait que peu de réponses précises concernant cet étrange chamboulement. La seule manière de garder un œil sur le déroulement des évènements était que Reis atteigne le sommet du mont Taris-Atar, car d'après les renseignements obtenus, tout s'orientait vers ce point. De plus, l'inopiné compagnon de Reis semblait aussi jouer un rôle dans cette histoire. La conjoncture des évènements était bonne, il fallait s'y tenir.

La seule ombre au tableau était la disparition du grand dragon. Il faudrait avertir rapidement Reis de cette infortune. Son jeune messager ne pourrait pas grand-chose contre une telle menace, mais mieux valait s'y préparer. Azirmiothèse allait aussi devoir garder un œil de ce côté. Tant de préoccupations et de responsabilités l'accablaient, la vie ne lui laisserait-elle jamais de repos ?