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Ce sont des jours, ou peut-être des semaines qui ont passés. J'ai trouvé refuge dans ce seul endroit sur terre me semblant loin de tout, loin de ces histoires. Le seule endroit où, malgré tout, je me sens chez moi.

Parce que rien ici ou presque ne me rappelle San Fransisco, ou New York. Je n'ai que quelques souvenirs de la venue d'Aaron, mais ils sont rapidement effacés, pour ne me laisser qu'une sensation d'un répit dont j'ai besoin.

Joseline n'a bizarrement pas trop posé de questions en me voyant revenir, le premier matin, et m'installant avec mon ordinateur pour travailler.

C'est presque comme si cette parenthèse n'avait jamais eu lieu. Et je cultive cette sensation depuis des jours, ou peut-être des semaines.

Je me suis senti obligée d'expliquer la situation à Clara au cours d'une rapide conversation video. Et après plusieurs minutes dont elle a eu besoin pour accepter l'inacceptable, elle a compris mon besoin de m'isoler pour prendre du recul.

Je sais que je peux compter sur elle pour raconter tout à mes amis, et je sais aussi que je devrais retourner à NewYork, pour le mariage de mon meilleur ami.

Je redoute tant cet instant, je redoute de revoir Aaron, me replonger dans ce monde, cette atmosphère.

Je ne sais pas ce que je vais lui dire, comment je vais expliquer ma fuite, et s'il me pardonnera, ou si j'ai même envie d'être pardonnée.

Sans doute tout cela sera plus clair quand j'y serai, mais pour l'instant, je suis seule.

Et je suis bien...

Je passe mes journées à écrire, prise d'une soudaine pulsion à coucher sur le papier une histoire assez proche de la mienne, sans pour autant m'y reconnaître. Comme espérant qu'à travers mes personnages, les réponses seront évidentes.

Mais elles ne le sont pas.

Et je reprends un vol pour NewYork.


Le froid me glace alors que je passe le pas de l'aéroport. Et j'aperçois Clara, les bras ouverts pour m'accueillir.

Elle me serre contre elle et je suis ravie qu'elle soit mon premier contact en revenant ici.

-Ma chérie, comment vas-tu ?..., dit-elle en me berçant.

-Ca va aller... Ca va toujours, n'est-ce pas ?

-Cette histoire est complètement folle...

Elle m'accompagne jusqu'à sa voiture et en prend le volant. Évidemment, nous sommes aussitôt bloquées dans les bouchons.

-Est-ce que tu sais ce que tu comptes faire ?, tente-t-elle après de longues minutes de silence.

-Je vais assister au mariage de Jack. Et après... On verra...

Elle n'insiste pas, et nous arpentons les rues de la ville avant d'arriver chez elle avec la nuit.

Elle me raconte comme son petit bout a grandit, les péripéties de la vie de parents, les difficultés qu'elle rencontre avec son mari...

Et je l'écoute. Bien sûr.

Je l'adore si fort à cet instant, je suis tellement reconnaissante qu'elle soit dans ma vie, que je voudrai à chaque instant la serrer dans mes bras.

GRAIN DE FOLIEWhere stories live. Discover now