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  La lueur du matin, frêle et timide, qui vient caresser mes paupières. Je remarque immédiatement une sensation presqu'agréable m'envahir. Comme si, depuis cette nuit avec Ethan, cette étreinte, les choses étaient un peu plus claires. Comme si j'avais compris, que je ne pouvais pas lui demander de rester, juste pour le voir souffrir. Que mon besoin vital de l'avoir à mes côtés ne justifiait en aucun cas de lire chaque jour la douleur dans son regard.

Je fixe le plafond, prenant pour une fois la notion de ce que signifie de se sacrifier pour quelqu'un d'autre, de ne pas faire un caprice comme j'en fait bien trop, d'accepter de souffrir parce que c'est la meilleure chose à faire.

Mon ventre gargouille et me rappelle à la réalité.

Toi, petite chose si minuscule, qui pourtant déjà bouleverse tant de choses...

C'est décidé, aujourd'hui, je l'annonce à Aaron. L'ambiance entre nous s'est un peu adoucit ces derniers jours, sans pour autant que nous ayons vraiment eu une réelle conversation ou brisé la glace. Mais je sens que le pardon est proche, et je sais, en découvrant cette matinée fraiche et un nuageuse, que aujourd'hui pourrait être un jour parfait pour des retrouvailles et l'annonce de cette nouvelle folle.

Je fronce les sourcils en m'apercevant que pas un instant, je n'ai douté de sa réaction, mais peut-être sera-t-il loin de sauter de joie?

Alors que je me sens commencer à évaluer toutes les options et imaginer toutes les situations, je secoue la tête pour arrêter net mes pérégrinations et m'oblige à sortir du lit.

J'observe mon téléphone et ne voit pas de message, que ce soit d'Aaron ou d'Ethan. Et alors que je traine le pas jusqu'au salon, le nez dans les news du jour, simplement habillée d'une petite culotte et d'un t-shirt, je lève les yeux en redécouvrant la vue par la fenêtre comme pour la première fois. Je pousse un soupir, cette vue illustrant tellement de mes souvenirs et viens en profiter quelques instants, mon café à la main.

Je me refuse à replonger dans tous ces instants, tantôt violents, tantôt charnels, tous ce que ces vitres ont pu voir pourrait illustrer un livre.

Le ciel chargé a quelque chose d'agréable, de doux. De ces journées où on peut rester chez soi, enroulé dans un plaid immense en buvant un chocolat chaud. De ces dimanches où rien n'est plus tentant que ne rien faire.

Je passe rapidement dans la salle de bain et m'inonde d'une douche salvatrice et brûlante. J'enfile une simple robe blanche et sursaute presqu'en revenant au salon, tant le ciel semble lourd et noir au point de replonger la pièce dans une pénombre digne des nuits les plus sombres d'un roman Shakespearien.

Je frissonne un instant, partant à la recherche d'un gilet, mais c'est alors qu'un bruit, comme de ceux que j'ai appris à distinguer dans le silence à force d'années de mariage a un espion (puis un agent fédéral) , me lance d'un immense frisson tout le long de la colonne vertébrale.

Une courte seconde, un petit sourire se dessine sur mes lèvres, ravie d'avoir démasqué Ethan.

Mais un autre grincement, d'un pas plus léger, plus calculé, me fait alors douter.

Je suis sans doute folle, et un peu paranoïaque. Mais après toutes ces années, je reconnaitrai le pas d'Ethan dans ces approches traitres permis des milliers. Et son corps massif et grand marque chaque pas d'une empreinte sonore généralement plus prononcée que celles-ci.

Allez savoir pourquoi, je reste sans bouger, attendant le prochain signe de ma folie. Peut-être ai-je simplement imaginer ce grincement, trop heureuse à l'idée de le revoir, à l'idée qu'ils rugisse de nulle part, comme il l'a si souvent fait.

GRAIN DE FOLIEWhere stories live. Discover now