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Jetourne en rond. Depuis des jours sans doute, mais encore plusaujourd'hui.

Jefais bonne figure au bureau, mais me contente de regarder montéléphone qui ne sonne pas, ou ma boite mail qui n'annonce rien denouveau.

PourtantAaron m'a dit qu'il me tiendrait au courant dès qu'il aurait dunouveau. Et depuis, je ne fais que le croiser.

Ilpasse son temps à retourner le dossier dans tous les sens et àchaque fois que je rentre, il est soit encore au travail, soit àmoitié endormi la tête dans la paperasse.

Jesais qu'il veut que tout ça se finisse le plus vite possible, et moiaussi... Mais je m'amuse à lui dire qu'il n'y aura aucun mariages'il finit par faire un arrêt cardiaque à cause du manque desommeil.

Ilsourit alors et me prend dans ses bras, me demandant si je veux qu'ilme prouve à quel point il a encore de l'énergie à revendre.

Etc'est comme ça tous les soirs depuis... Un moment.

Jepousse un soupir, regardant mon écran, puis hésite un instant avantd'aller cliquer sur un dossier intitulé « Personnel ».

Unsourire inonde mon visage lorsque je redécouvre pour la centièmefois son visage lumineux à côté du mien, pris par le téléphone àbout de bras, la mer de South Beach en arrière plan.

Etune autre, de cette bouteille de vin que nous avions pu d'une traiteet qui nous avais valut de rentrer en titubant et riant jusqu'à nousécrouler de fatigue et d'ivresse.

Uneautre encore, qu'il avait prise de moi, cette soirée au bar deJoseline où nous avons dansé toute la nuit.

Jem'observe un instant, le regardant au travers de l'objectif. Je voisdans mes yeux une étincelle de bonheur, dans mon sourire, ce quelquechose de serénité et de joie, toute simple.

J'étaisheureuse. Avec lui, là bas...

Jesouris en me disant que c'est sans doute les deux seuls critères àmon bonheur. Et que si j'en ai un des deux ici, bientôt, nousretournons là-bas... Et j'aurai à nouveau ce visage comblé...

Jesursaute alors que mon téléphone sonne et manque de le faire tombertant je suis stressée en voyant son nom s'afficher sur l'écran.

-Allo ?

-C'est moi...

-Oui,je sais, je... Ton nom est sur l'écran.

-Jesuis flatté d'être dans tes contacts,s'amuse-t-il.

-Nedis pas n'importe quoi... Comment vas-tu ?

-Cava, je... Est-ce que tu as un peu de temps ?Il faut qu'on parle.

Quele mec qui a inventé cette foutue phrase soit banni sur le champ. Ya-t-il une suite de mot plus flippante que « il faut qu'onparle » ?!

-Je...Heu... Oui..., ne trouvais-je qu'à dire.

-Ok.J'arrive.

Ilraccroche et je reste sans voix.

Moncœur dans ma poitrine manque d'exploser, m'inondant d'une peurdéraisonnable et disproportionnée.

Ets'il avait réfléchi et que finalement tout ça était une mauvaiseidée ?

Ets'il regrettait ?

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