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    -Et donc, ça c'est la courbe pour les charges de ce trimestre, tu vois, il faudrait peut-être étudier les retours sur investissements publicitaires et optimiser le marketing..., me raconte Marc depuis deux bonnes heures, alors que je ne l'écoute que d'une oreille.

    -Oui, c'est parfait.

    -Tessa, est-ce que tu m'écoutes seulement ?, dit-il depuis son bureau, qui était le mien quelques années auparavant.

    -Bien sûr que je t'écoute. Cela fait des années que je m'évertue à te dire que tu gères l'agence parfaitement, Marc.

    -Parce que j'ai tes directives depuis San Francisco... Ou depuis où que tu sois, d'ailleurs. Tessa... Cette entreprise est, et restera la tienne. Et j'aimerai beaucoup que tu reviennes...

    -Marc..., soupirais-je.

    -Non, écoute. Je veux bien admettre que je maitrise plutôt bien les chiffres.

    -Tu as quasiment doublé nos ventes...

    -Soit... Mais pour une fois, Tessa, je ne te parle pas de chiffres, de bénéfice, ou de courbe.

    -Ca doit être grave alors..., tentais-je de le dérider un peu.

    -Je te parle d'ici ! Ici, dans ces bureaux ! Quand tu étais là, chaque employé t'aurait suivi dans les ténèbres les yeux bandés. Ils t'étaient tous loyaux, ils t'aimaient sincèrement...

    -Et ils t'adorent aussi, voyons !

    -Mais c'est toi, Tessa. Toi, tu resteras... Tu as cet aura, cette passion, ce truc qui nous transportait, qui nous donnait envie de nous battre. Est-ce que... Est-ce que tu lis un peu les journaux ces derniers temps ?

    -Non, j'ai arrêté de lire ces torchons après toute cette histoire avec Louane, soupirais-je douloureusement en refusant de trop y penser.

    -Et tu n'as rien loupé. Tu sais pourquoi ?

    -Parce que Louane n'est plus là pour casser du sucre sur notre dos ?

    -Parce qu'il n'y a rien à dire. Non pas que j'étais friant de tes déboires, ne te méprend pas, mais... Mais tu étais l'image de cette entreprise, ton visage, tes soirées, tu... Tu représentais Ewans Edition... Et sans toi... Nous ne sommes qu'une boite d'édition, un peu terne, qui fait bien son job...

    -Est-ce que c'est une mauvaise chose ?...

    -Je dis juste que... Que je suis nostalgique de cette époque où nous étions dans la lumière, où chacun était fier de travailler ici, parce qu'il travaillait aux côté de la grande Tessa Ewans...

    -Tu exagères...

    -Réfléchis-y, s'il te plait...

    -Marc... Ma vie n'est plus à New-York, tu le sais...

    -Je ne te demande pas de revenir vivre ici, je connais déjà la réponse mais... Mais nous pourrions faire de ta venue un évènement, nous... Nous pourrions faire une soirée à chaque fois que tu viens ! Cela permettrait de remettre la boîte sous les projecteurs, de regonfler la confiance des équipes et de les motiver pour travailler dur en attendant ta prochaine venue...

    -Je vois que tu as déjà tout prévu..., soupirais-je.

  Il prend dans son tiroir une petite enveloppe carrée qu'il glisse jusqu'à moi.

  Je le regarde, lui en voulant déjà, et ouvre l'enveloppe.

    -Ton lieu de réception préféré..., commente-t-il alors que je découvre l'écriture dorée. Les invitations peuvent partir dès aujourd'hui si tu me donnes ton accord.

GRAIN DE FOLIEWhere stories live. Discover now