Chapitre - 12

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" Te rencontrer m'était destiné. 
Devenir ton amie était mon choix. 
Tomber amoureuse était hors de mon contrôle." 
Inconnu 

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Un silence accueillit les paroles de Grey. Les minutes passèrent, il crut qu'elle n'allait jamais répondre. 

"-... Je... Je croyais qu'on s'était promis de ne plus en parler." sa voix sonnait étrange, même en murmurant. 

"- Et pourquoi au juste ?" de nouveau le mutisme comme seul retour. C'était à se demander si parler au mur ne serait pas plus productif. 

"-... On était bourrés Grey. On était bourrés. 

- Et alors ? 

- Et alors on ne savait pas ce qu'on faisait !" Lucy avait parlé plus fort qu'elle ne l'aurait voulu. Sa voix avait résonné comme exacerbée dans toute la pièce, d'autant plus qu'ils s'étaient jusqu'à lors contenter de chuchoter, comme si c'était le seul ton, la seule hauteur de voix adaptée à leur discussion, et l'horaire trop nocturne. 

Non. Lucy se trompait. 
Ce soir-là, Grey savait parfaitement ce qu'il faisait. 
Il savait ce qu'il faisait quand il avait raccompagné Lucy chez elle, après une soirée un peu trop arrosée à la guilde. 
Il savait ce qu'il faisait quand il avait embrassé Lucy, conscient qu'elle en avait autant envie que lui. 
Il savait qu'il l'avait blessé, en lui laissant croire que ce n'était qu'un jeu, en la laissant s'enfuir sans même savoir la réciprocité de ses sentiments. 

Par la suite, lorsqu'ils avaient discuté de cet "accident" -comme l'avait appelé la blonde- Grey s'était rangé à la théorie de Lucy sans rien dire, parce que c'était la meilleure chose à faire. Il lui avait promis de faire comme si ce moment n'avait jamais existé.
Quand bien même il avait un peu douté en voyant la tristesse dans le regard de la Constellationniste. 
Mais il la comprenait et sans aucun doute même. 
Quoi de plus normal, quand on pensait s'être fait volé son premier baiser par son meilleur ami, ivre, qui ne vous aimait même pas comme vous l'aimez ? 


Mais ce soir... Ce soir c'était différent. Ce soir ils étaient sobres. 
Il ne restait qu'à trouver une excuse, mais ça, ce n'était pas tellement compliqué. 

Il laissa passer quelques minutes, volontairement, avant de murmurer à nouveau, tout près de la blonde, assez pour la faire sursauter. 

"- Et si on recommençait ?" 
Lucy pensait avoir mal compris. 

"- Quoi ? Comment ça ? 

- Bah... Ce matin, je crois que ça se voyait qu'on ne s'était jamais embrassés auparavant. Alors on ferait mieux de... s'entraîner... Tu ne crois pas ?" son amie soupira. Elle avait l'air déçue. 

"- Alors... Ce n'est que pour notre petit "mensonge" ? Juste pour ça ? 

- Non... C'est aussi parce que j'en ai envie." 

Silence. 

"- Et parce que... Même si je ne te force pas le moins du monde, je pense que tu en as envie toi aussi. " 


C'était évident -sûr et certain même- que Lucy n'aurait pas accepté en temps normal. Elle le savait. Trop de choses lui aurait crié que c'était une mauvaise idée, en tête de liste probablement qu'elle allait regretter, passer pour une fille facile, que Grey ne l'aimait pas, et que ce n'était là qu'une manière plutôt masochiste de foncer dans le mur en espérant s'en sortir sans blessures. 
Mais aujourd'hui ce n'était pas un jour "normal". Et puis, ce soir, Lucy était fatiguée. Trop fatiguée pour réfléchir convenablement. 

Alors, Lucy accepta. Accepta ce qui ressemblait à un pacte avec le démon, ou bien une mise à mort. 

Grey se redressa, d'un mouvement souple et élancé semblable à un félin. Etait-elle sa proie ? 
Lucy frissonna de tout son corps quand Grey s'approcha d'elle, faisant bruisser les draps sous ses déplacements. 
Consciente qu'elle ferait mieux de ne pas rester allongée, la blonde se remit en position assise, adossée à la tête de lit, incapable de tenir seule, le monde tournant pratiquement tout autour d'elle comme une toupie. 

Il se passa quelques temps, ou ils restèrent ainsi, incapable du moindre mouvement supplémentaire, du moindre bruit, du moindre mot. 

Lucy restait définitivement immobile, atone et soumise à la tempête sentimentale qui soufflait dans tout son être.  Elle l'enivrait, comme une boisson alcoolisée, un remède au poison si ce n'était pas le poison en lui même. 
Sans cerveau était maintenant dans l'incapacité de former une seule pensée cohérente.  

Alors Grey prit les devants. Il prit place sur les jambes que son amie avait étendues, faisant tout son possible pour ne pas lui imposer tout son poids. Lucy ne le sentait même pas ou presque. Ses sens étaient à la fois paralysés et exacerbés comme un cocktail, un cocktail Molotov, un volcan sur le point d'exploser. 

Fête de famille - GreyluOù les histoires vivent. Découvrez maintenant