Chapitre IV (Partie I)

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Dans la matinée, Gérard était informé par un soldat qu'Edward souhaitait le voir. Il était décidé qu'il devait le libérer de façon pacifique. Le Haut conseiller avait réfléchit toute la nuit à la stratégie adéquate. Il avait élaboré une fausse lettre ou il était indiqué la libération immédiate du prisonnier de guerre. Il ne savait combien de temps le subterfuge fonctionnerait mais cela lui laisserait un répit avant de se faire démasquer. Si il avait appris une chose en tant que conseiller, c'était que l'administration royale était imparfaite et cela lui avait procuré de nombreux avantages. Il se rendit de suite à la prison ou ensuite le garde le laissa passer. Il arriva devant Edward et le soldat leva la tête à la présence du conseiller. Gérard déclara :

— J'ai appris que vous souhaitiez me voir

— En effet. J'ai enfin pris ma décision

— Quel choix avez-vous pris ?

— J'ai décidé d'arrêter de croupir dans cet endroit crasseux. Je veux reprendre ma place

— Ravi de l'entendre. Passons maintenant aux choses sérieuses

Le Haut conseiller revint à l'entrée et montra au garde la lettre cachetée. Le garde déplia la lettre et lu avec stupeur son contenu. Il hésita avant mais fini par décider la libération du prisonnier. Il ouvrit la cellule avec une clé dorée. Edward se déplaça avec difficulté et il avait une mine affreuse. Gérard pensa :

— Un bon repas et une toilette vous fera du bien. Que diriez-vous d'une invitation à ma demeure ?

— J'accepte volontiers. Ça fait longtemps que je n'ai pas goûté à un succulent repas

— Dans ce cas suivez-moi

Lorsque le soldat pu revoir la lumière du jour, il avait l'impression d'être aveuglé. Il marchait lentement et devait même s'appuyer sur le conseiller pour avancer. Les passants croyaient même à un homme qui avait trop bu. Edward était méconnaissable avec ses longs cheveux et avec sa barbe de plusieurs jours, il passait inaperçu parmi la foule. Pourtant le conseiller n'était pas pour autant rassuré le jour où on découvrirait ce qu'il avait fait. Edward resta stupéfait quand il put enfin apercevoir le manoir du conseiller. Il remarqua :

— Et bien, les vieux vivent toujours dans des palais dorés

Gérard répliqua :

— C'est toujours mieux que le confort de la paille

Le soldat comprit la référence mais il ne répondit pas à la réplique. Gérard déposa Edward dans le salon et lui donna un costume neuf. Le conseiller laissa le soldat se nettoyer pendant qu'il se chargeait de préparer le repas. Gérard avait les moyens de s'offrir du personnel pour un aussi grand manoir mais il préférait la solitude dans sa demeure.

Edward se regarda dans le reflet du miroir et il ne se reconnaissait plus. Il prit un rasoir et se coupa les cheveux et la barbe. Il se déshabilla ensuite et apprécia l'eau chaude du bain. Il sorti du bain et enfila un costume noir. Il revint dans le salon et Gérard lui déclara :

— Voilà qui est mieux. Mais il manque quelque chose, si vous le permettez

Edward opina et Gérard lui tendit une paire de lunettes afin de le rendre moins reconnaissable. Le soldat mit les lunettes et Gérard termina :

— A présent c'est parfait. D'ailleurs, le diner est prêt

Une table ou était disposé de la viande, du pain et quelques gâteaux, attendait le convive. Cela rappela même au soldat les jours ou Rebecca lui préparait le repas. Ces moments lui manquait beaucoup. Mais pour l'instant, l'heure n'était pas pour les regrets. Il s'assit à table et enfila une pile de nourriture dans son assiette. Gérard lui demanda :

— J'aimerais en apprendre plus sur votre passé. Et si vous me racontiez tout

— Je faisais partie officiellement du « Bouclier du roi » jusqu'au jour ou m'a jeté dans une cellule pour trahison. (Edward passa les détails sur l'assassinat de son épouse et les fausses accusations).

— On ne m'a pas menti en tout cas sur vos exploits

— C'est plutôt un échec. Il n'y a d'exploit à se faire jeter dans une prison

— J'en suis conscient. On ne peut espérer atteindre la perfection car on finit toujours par commettre des erreurs

— Cela est juste. Quant à vous, j'ose espérer que vous n'êtes pas devenu Haut conseiller par hasard

— En effet. Dès le plus jeune âge, j'aspirais déjà à la politique et par la suite j'ai écrit des ouvrages sur l'évolution législative de la cité. Mes travaux ont été remarqués par le conseil qui m'a proposé ce poste

— Impressionnant. Décidément, vous dissimulez bien de nombreux talents

— Vous me flattez. A ce propos, j'aimerais discuter de l'enquête

— Bien évidemment. Je voulais d'ailleurs vous remercier pour tout

— Ce n'est rien. Je me rappelle que vous disiez pour l'affaire que vous connaissiez le lieu où s'étaient échappés les assassins. Pourriez-vous m'en dire plus

— Ce n'est qu'une rumeur mais lorsque j'ai été à l'académie militaire, j'ai entendu parler d'un lieu nommé « Le vide « car comme vous le savez, il n'existe rien en dessous de cette ville. Et c'est ainsi qu'on nomme l'inconnu, pourtant, il pourrait bien y avoir un monde.

— C'est intéressant même si cela reviendrait à remettre totalement en cause le dogme de la Grande ville. Que proposez-vous ?

— Je n'ai pas eu le temps pour étoffer mes connaissances et il serait judicieux de jeter un œil à la Grande bibliothèque pour voir s'il se cache un livre sur ce sujet

— Je suis d'accord avec vous. Avec mon statut, je pourrais peut être accéder aux archives

— Dans ce cas, mettons nous en route sans plus attendre

— Oui le temps presse

Les deux coéquipiers se précipitèrent à la bibliothèque de la ville. Une amitié avait l'air de naitre entre les deux hommes mais même si Edward faisait confiance au conseiller, il découvrirait bien un jour son jeu et il ne lui pardonnerait peut-être pas. 

Les voleurs d'âme, Tome 1 :  Les ProfondeursWhere stories live. Discover now