2h30

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Il est 2h30 du matin et je ressens un besoin vital de parler.

C'est carrément pathétique d'en arriver au point d'écrire ici tant je n'ai personne à qui parler librement sans voir cette pitié déguisée en compassion apparaître dans un regard. Sans sentir cette main sur mon épaule comme si c'était ce dont j'avais besoin sur le moment.

Quand je vois cette réaction dans les yeux de les proches, j'ai juste envie de disparaître, je crois que c'est ça le pire. Je les entends presque penser « comment n'a t-elle pas pu voir plus tôt ce qu'il se passait? Comment c'est possible de se laisser faire à ce point? »

Comme si je l'avais choisi, comme si j'avais décidé, un matin en me réveillant, de devenir la poupée d'un homme que j'ai aimé de tout mon être...

Non. Je ne l'ai pas choisi, ça m'est tombé dessus, sans que je m'en aperçoive. Est-ce que j'ai été faible? Oui, mais n'est-ce pas ce que fait l'amour? Nous rendre vulnérable face à l'autre?

J'avais dix neuf ans, je ne savais pas, j'ai cru connaître l'amour au lycée, mais ce n'etait rien face à ce que je ressentais pour cet homme de douze ans mon aîné. Il était beau, fort, rassurant, cultivé, drôle, je me sentais bien avec lui, belle avec lui, vivante avec lui.
Je n'ai pas vu venir mes choses, ce n'est pas de ma faute, pas complètement, est-ce que l'âge peut m'excuser?

Je n'ai pas vu l'isolement qu'il m'avait imposé, le pouvoir qu'il s'était octroyé, l'autorité qu'il avait ni la toile qu'il s'était tissé. J'étais aveuglée, par l'amour, un amour beaucoup trop fort pour moi, intense, douloureux tellement il était profond.

J'ai tout donné à cet homme, mon coeur, mon corps, mon esprit, mon âme si bien que j'avais perdu la raison et lorsque je l'avais retrouvé c'était trop tard.

Je voulais partir mais je ne pouvais pas, je voulais lui échapper mais je n'y arrivais pas, je voulais revivre...

Alors lorsque la violence est apparue, ça me paraissait logique, il me punissait car je n'étais pas digne de lui, quel femme censée voudrait le quitter? Je n'étais pas à la hauteur, intellectuellement, sexuellement, physiquement, rien allait jamais  et je m'en voulais, je m'en voulais tellement et la peur de me retrouver sans lui était devenue saisissante.

Alors je l'ai laissé faire, il n'y a pas de viol lorsqu'on est en couple, les coups se pardonnent, les besoins sexuels aussi ecoeurant soient-ils s'assouvissent si on aime, et je l'aimais alors je devais le laisser faire. Ces mots avaient faits leur blut de chemin dans mon esprit, ils me les avaient tellement chanté que j'avais fini par y croire.

S'il y avait un problème, c'était moi, pas lui, juste moi. Quatre années d'enfer, de torture, de douleur, quatre année durant lesquelles je me suis perdue, devenue l'ombre de moi même, une épave sans âme, sans vie, ayant tout tenté pour disparaître mais toujours ici.

Je suis désolée, il est presque trois heures et j'écris un bout de ma vie qui n'interessesurement personne, égoïste de ma part je sais. 

Mais j'avais besoin de dire que ce n'était pas ma faute, je n'ai rien cherché, j'ai juste aimé un homme, le mauvais c'est vrai, mais je n'ai pas cherché tout ça.

Je me bats tous les jours, c'est difficile, une torture, les cauchemars hantent mes nuits et terrifie mes journéeS. Je n'abandonne pas, mais c'est difficile surtout en ce moment...

Je ne saurais comment vous remercier vous êtes si nombreux, si fidèles, merci du fond du coeur...

❤️❤️❤️💙💙💙

Action ou Vérité 2  "Tout pour elle"Where stories live. Discover now