- Qui t'as dit que je te laisserais partir ? Me rétorqua-t-il en embrassant mon cou.

- Qui t'as dit que tu serais capable de m'en empêcher ?

- Tu te rappelles de ce que je t'ai dit hier ? Il passa sa main sur ma joue, tentant je suppose d'éviter mes commentaires.

- Tu es un vrai moulin à paroles alors je ne sais pas de quoi tu me parles précisément, dis-je en riant, tentant de noyer ce que je sentais venir.

- Le cauchemar de Charlie.

Cette phrase fit exhausser en moi un grand nombre de frissons et j'essayai de rester de marbre. Néanmoins, il était évident que tôt ou tard, il m'aurait demandé une explication à propos de ce qu'il avait vu hier soir. Après sa tentative de discussions tard dans la nuit, j'avais tourné le dos pour couper court à celle-ci, pensant qu'il l'aurait oublié avec la grandeur de la nuit. Toutefois, il me prouvait que je m'étais trompé.

J'avais passé une bonne partie de la nuit à réfléchir à ce sujet. A ressasser cette maudite histoire, à ressasser ce maudit jour. Il devait supposer que je dormais, mais cela m'étais tout simplement impossible. J'avais vécu un moment abominable, nous avions vécu ce moment pénible toute les trois. Etrangement liées l'une à l'autre dans tous les malheurs, comme d'habitude.

Je déviai le regard en me tournant afin de me coucher sur le dos, les yeux ancrés au plafond devenu soudain mon seul échappatoire. Je ne voulais explicitement pas en parler, pas actuellement que tout allait bien avec lui. Qu'allait-il penser de moi après cela ? Il posa son bras autour de ma taille et me tira plus proche de lui. Je pouvais ressentir son souffle et son regard brulants tous deux ma peau.

- -Je m'en rappelle lâchais-je dans un soupir.

- -De quel accident parlait-elle ?

- -Rien, je... je n'ai pas envie d'en parler, lançais-je un peu trop sèchement.

Harry retira son bras, indubitablement un peu froissé, je l'aurais été tout autant s'il persistait à garder tout pour lui comme je le faisais inlassablement. Je n'arrivais tout simplement pas à lui dévoiler plus. Il se coucha sur le dos à son tour, la tête à proximité de la mienne et lâcha une phrase qui me fit encore plus mal au cœur qu'un silence.

- -J'aimerais parfois que tu me fasses confiance Elisabeth.

- -Je te fais confiance.

- -Tu ne me dis rien, alors que moi je le fais.

- -Je sais, je suis désolé.

- -Pourquoi ?

- -Je ne sais pas... je ne veux pas qu'on se dispute... on pourrait laisser tomber ?

- -Non, tu as toujours cette idée coincée dans un coin de ta foutue tête que je partirais alors que je te répète que je ne le ferais pas.

Je fermai les yeux, troublée par cette poignante et véridique révélation. J'étais en total confiance avec Harry mais il était vrai que je ne lui faisais pas totalement confiance. Ce n'était pourtant pas de sa faute, j'étais juste une personne cassée, un jouet cassé qui malheureusement ne pouvait aussi bien fonctionner que les autres. Il était juste tombé sur le mauvais jouet.

J'avais la crainte qu'il s'en aille comme mon père, comme mon beau-père, c'était vrai, mais je craignais encore plus les autres raisons de son départ. Et j'avais l'angoisse que ce soit moi qui le fasse s'en aller.

- -C'est vrai, j'avoue, je suis un peu effrayé à l'idée que tu partes, mais j'ai particulièrement peur que tu partes à cause de moi.

- -Comment ça ? Il ne me fixa pas, le visage en direction du plafond et je savais par habitude qu'il devait être en train de froncer les sourcils. Il passa ses mains sous sa nuque.

I'm too bad for you (H.Styles)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant