Rosie

The Sub Club (1)

- A la recherche de nouvelles proies ? je demande, une pointe de mépris dans la voix.

Alex rougit comme si je l'avais surpris en train de se masturber devant un porno dans sa chambre d'adolescent. Je ris intérieurement.

- Non, non, pas du tout. Je cherche... une amie.

- Tu couches avec toutes tes amies ? je demande.

- Je n'ai pas encore couché avec toi ! répond Alex en me faisant un clin d'œil plein de sous-entendus.

Je lève les yeux au ciel pendant que le videur demande sèchement à voir nos cartes d'identité. Il fronce un peu les sourcils en voyant qu'Alex n'est accompagné que d'une seule fille. Lorsqu'il nous laisse passer, je dois avoir une mine soulagée car Alex me souffle dans l'oreille:

- Tu peux respirer maintenant.

Je lui donne un coup de coude dans les côtes pour le faire taire alors que nous passons devant deux autres videurs qui ont l'air tout aussi sympathiques que le premier. Plus nous avançons, plus le bruit sourd de la musique devient audible.

Une fois nos tickets d'entrées achetés auprès d'une femme fortement désagréable, nous franchissons une lourde porte. Il fait chaud, il y a énormément de gens, et la salle est pleine à craquer. Devant mon regard ahurit, Alex me glisse à l'oreille en criant:

- Ya beaucoup de monde ce soir, mais t'inquiète pas, ya deux autres salles encore, et un extérieur.

Je tâte le paquet de cigarette qui dort bien tranquillement au fond de ma poche. Je m'apprête à demander à Alex quelle est la boisson la moins chère, quand je le vois qui s'éloigne sans rien dire pour voir un groupe de filles aux vêtements un peu trop courts à mon goût. Il m'abandonne déjà... Je me demande pourquoi je suis tombée sur le mec cliché qui se tape tout ce qui bouge. Soudainement, je commence à douter de la qualité de cette soirée. Je me dirige vers une porte qui donne sur l'extérieur. La plupart des gens fument, enfin un endroit où je peux me sentir à mon aise. Je sors mon paquet en prenant la périlleuse résolution de ne passer que de deux ou trois cigarettes à des inconnus. On l'a fait bien trop souvent pour moi, et s'il y a bien un endroit où les gens n'ont jamais assez de clopes, moi compris, c'est en boîte. Je sors une cigarette, la coince entre mes lèvres, et en sors une deuxième au hasard pour la retourner. La clope du bonheur, disait une amie à moi, Léonie. Cette fille était absolument géniale. Laissant mes pensées s'emparer de moi, j'allume ma cigarette, et tire. Je sens la fumée brûler avec douceur ma gorge. J'attends quelques secondes, puis je la recrache en savourant la sensation de bien-être qui m'habite.

- T'as du feu ?

Je tourne la tête vers un mec, plutôt beau gosse, qui me sourit.

- Si, bien sûr, dis-je en souriant en retour.

Je sors mon briquet de ma poche et le lui tends. Lorsqu'il allume sa cigarette, concentré, je le regarde. Il a les traits fins, des yeux gris qui tirent discrètement sur le vert ou le bleu, je ne vois pas très bien. Des cheveux châtains presque aussi bouclés que les miens, et des jolies mains. Il porte un jean noir et un simple tee-shirt blanc avec des vans arborant les mêmes couleurs que le reste de ses vêtements. Il est habillé presque comme Alex. Voilà une preuve de son manque d'originalité.

Il me tend mon briquet, toujours un sourire aux lèvres.

- Tiens, merci beaucoup.

- De rien.

Je m'attends à ce qu'il en reste là, il fait deux pas en direction d'un groupe de personnes, puis fait volte-face et me demande:

- C'est quoi ton nom ?