Les cours de littérature

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Les cours de littérature étaient mes préférés. J'aimais à penser qu'un jour je pourrai moi aussi maîtriser l'art des mots. Mettre un verbe sur chacun de mes sentiments, même les plus profonds, les plus personnels, les plus indescriptibles. Parfois, je me demande comment les mots ont été créé. Ouais, je sais bien qu'ils ont tous une étymologie, mais je me dis qu'il doit bien y avoir quelque chose avant. On créé pas un truc à partir de rien. A moins d'être un inventeur. Dans ce cas là, je me dis que c'est possible. Mais les seuls inventeurs qui restent ne pensent qu'à créer des téléphones et des applications stupides pour nous faire oublier nos vrais problèmes.

Pour moi, les livres et les mots ont un pouvoir bien plus grand que celui d'internet, mais il n'est pas assez exploité, ou pas assez compris. Pas assez tendance aussi, sûrement.

Le prof claque des doigts brusquement presque sous mes yeux.

- Thomas Hardy n'est pas assez bien pour vous, Mademoiselle Clarke ?

Je fais une légère grimace, celle qui sous-entend de fausses excuses. Je sens quelques regards sur moi. Peut-être attendent-ils que je réponde ? Mais aucun son ne sort de ma bouche. Ma mère disait toujours qu'il ne faut jamais utiliser sa salive pour quelqu'un qui n'en vaut pas la peine. Alors même j'ai un certain respect pour mon professeur de littérature anglaise, à cause de tout le savoir qu'il s'embête à nous inculquer, il est hors de question que je réponde. De plus, ma réponse risquerait de ne pas lui plaire. Et je ne veux pas tout gâcher. Cette école coûte suffisamment cher à mes parents, je ne veux pas en plus prendre le risque de me faire exclure à cause de mon sale caractère. Enfin, c'est de cette manière que ma mère le qualifie. Moi, je dirai qu'il est plutôt cool et qu'il m'a aidé à m'en sortir. Si j'avais pas mauvais caractère, je ne serai pas là où je suis, et pire, je ne serai pas moi.

Monsieur Collins s'éloigne, un air mécontent ornant son visage qui respire la soixantaine. Je regarde discrètement l'heure sur ma montre. Il reste seulement 5 minutes. J'ai dû divaguer pendant longtemps. Je m'en veux un peu, étant donné que j'adore ce cours. L'art des mots, de s'exprimer, c'est tellement beau...

Je sursaute lorsque mon voisin de classe referme brutalement son livre de littérature. Je ne l'avais jamais remarqué avant. L'envie de l'observer me prend, mais il se lève lentement et quitte l'amphi. Je regarde autour de moi. Il ne reste plus que moi, et Monsieur Collins qui me regarde cette fois d'un air dépité. Je rassemble mes affaires rapidement et me rue vers la sortie pour ne pas être en retard au prochain cours, mais on me stoppe.

- C'est bien Rose, ton nom ? demande une voix masculine.

- Apparemment, je réponds ironiquement.

- Moi c'est Alex.

Ah, c'est donc ça le nom de mon mystérieux voisin en littérature.

- Ravie de le savoir. Mais je vais être en retard à mon prochain cours.

- Tu vas en Français ?

Je soupire.

- Oui.

- Parfait, moi aussi.

Je soupire une seconde fois pour ne pas lui cacher mon mécontentement. Je marche rapidement pour éviter de répondre aux éventuelles questions qu'il pourrait me poser. Je traverse les couloirs avec une rapidité incroyable, et au fond de moi, j'espère que je vais réussir à semer ce Alex.

- Tu vas toujours aussi vite dans tout ce que tu fais ? il me crie par dessus le chahut que provoquent le reste des élèves.

Au début, j'ai l'intention de ne pas répondre. Mais après tout, peut-être qu'on pourrait devenir amis. Je n'ai personne ici. Mes amies sont à 12000 kilomètres, et je ne les ai pas vues depuis ce qui me semble être des siècles. Je suis seule, sans personne, je n'ai que les livres pour me tenir compagnie. Je ralentis afin qu'il puisse entendre ma réponse.

Rosie Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora