- Parce que je n'y arrive pas ! Je ne peux pas te parler, je ne peux pas te parler, je n'arrive même à soutenir ton regard.

- Quoi ? hoqueta Clary.

En s'apercevant de ce qu'il venait de dire, Jace se renferma et se mura dans un silence consterné. Il ne devait absolument pas se laisser berner, pas laisser les barrières tomber. Clary ne bougeait pas, et il fixa le coin de sa bouche entrouverte. Pendant un moment, ils se défièrent du regard, puis Clary tourna les talons et regagna la foule en jouant des coudes pour se frayer un chemin parmi les groupes de spectateurs qui bavardaient, indifférente à ce qui se passait autour d'elle. Jace la suivit du regard sans bouger, puis une seconde après, secoua la tête en jurant. Il ne pouvait pas la laisser seule maintenant !

- Clary !

Elle ne répondit pas. Sans attendre, il se lança à ses trousses.

Il la suivit tant bien que mal jusqu'à la sortie. Dehors, la pluie obscurcissait tout, et les rues étaient noyées par les gouttelettes qui ruisselaient, telles un torrent. Jace rattrapa Clary alors que celle-ci s'apprêtait à traverser la rue, sans prêter attention aux feux de circulation.

- Clary, tu ne m'as pas entendu t'appeler ?

- Lâche-moi ! s'exclama-t-elle d'une voix tremblante.

- Non. Pas avant que tu ne m'aies parlé.

Clary était trempée et ses cheveux, alourdis par la pluie, collaient à sa peau. Jace regarda autour de lui puis reporta son attention sur la jeune fille.

- Viens.

La tenant fermement par le bras, il lui fit contourner le van et l'entraîna dans une ruelle étroîte qui jouxtait l'Alto Bar. Au-dessus d'eux, de hautes fenêtres laissaient filtrer le bruit étouffé de la musique qu'on jouait toujours à l'intérieur. L'allée bordée de murs en brique servait manifestement de dépotoir pour du matériel de musique hors d'usage. Des amplis cassés et de vieux micros jonchaient le sol, ainsi que des débris de bouteille de bière et des mégots de cigarettes.

Clary se dégagea d'un geste brusque.

- Si tu avais prévu de me présenter tes excuses, ne te donne pas cette peine, dit-elle en repoussant ses cheveux de son visage. Je ne veux pas les entendre.

- Je voulais t'expliquer que j'essayais d'aider Simon, lâcha-t-il, hypnotisé par la pluie qui coulait le long de la nuque de Clary. J'étais chez lui ces derniers...

- Et tu ne pouvais pas me le dire ? explosa Clary, dont la voix partit dans les aigus. Tu ne pouvais pas m'envoyer un texto d'une ligne pour me faire savoir où tu étais ? Oh, attends. C'était impossible, puisque tu as toujours mon portable. Rends le moi !

Il était rare d'entendre Clary perdre son sang-froid pareillement. Un peu sonné, sans un mot, Jace fouilla dans sa poche et remit son téléphone à Clary. Elle observa l'objet une seconde, comme pour vérifier qu'il n'avait rien, puis le glissa dans son sac. En relevant les yeux, leur regard se croisèrent, et si Jace eut un instant l'espoir qu'elle lui pardonne, avant de voir une flamme de colère s'allumer dans ses pupilles. Ses poils se dressèrent sur ses avant bras, et il eut soudain très froid.

- Je croyais que garder un œil sur Simon, c'était la seule façon d'être prêt de toi, expliqua-t-il avec lenteur.

Même lui, en entendant ses propres paroles, se rendait compte à quel point elles étaient vides de sens. Mais il ne pouvait se justifier autrement qu'en lui disant la pure vérité.

- Bêtement, j'ai pensé que tu comprendrais que je le faisais pour toi et que tu me pardonnerais.

Les mots n'eurent pas l'effet escompté car la rage de Clary explosa :

The Mortal Instruments : Point de vue de Jace - TERMINEEWhere stories live. Discover now