Ethrian II - Shira

Acte II, scène 3.

Shira, Estebar, Gina, une mère, un garçon, Morran, Diril et Kith.

ESTEBAR — J'aurais aimé discuter davantage, mais mes devoirs me réquisitionnent. Nous nous verrons demain au palais, certainement. Je prends congé.

SHIRA — Bien, Estebar.

Ils s'inclinent l'un envers l'autre et Estebar part, pressé.

GINA, chuchote — N'est-il pas adorable ?!

SHIRA, la scrute curieusement — Votre visage reflète un sentiment incongru ; serait-ce de l'amour ?

GINA — Bien sûr que non ! Ce serait plutôt de l'admiration. C'est un homme décent et nous autres, servantes, l'apprécions beaucoup car il est très gentil et serviable.

SHIRA, sourit malicieusement — Certes, mais il y a plus.

GINA — Du tout ! En plus, Lord Estebar courtise déjà quelqu'un. Vous seriez étonnée de savoir qui.

SHIRA — Attendez-vous de moi que je vous demande de qui il s'agit ?

GINA, enjouée — Assurément !

SHIRA, soupire, mi-amusée, mi-déconcertée — De qui est-il question ?

GINA — De la troisième Princesse Jaessamine ! Le Roi a piqué une colère monstrueuse, quand il a appris pour leur relation ambiguë. Lui qui désirait la mariée à un Prince ou un Roi, c'est raté.

SHIRA, distraite — Ce n'est guère étonnant.

GINA — On dirait que ce genre d'histoire ne vous intéresse pas, est-ce que je me trompes ?

SHIRA, vaguement — Si, si, continuez.

Gina suit le point que fixe Shira et remarque un petit garçon au sol en train de pleurer. Soudainement, la jeune femme s'y hâte, au travers de la foule, et Gina la perd vite de vue, entraînée dans le tourbillon de la masse.

SHIRA — Que se passe-t-il ? Es-tu blessé ?

GARÇON, pleurant — J'ai mal !

MÈRE, discrètement — Il s'est accroché le bras contre le crochet de la vieille maison. Merci de votre inquiétude, Lady. Mais vous n'avez point besoin de vous en préoccuper.

SHIRA, constate la blessure du petit — Avez-vous des bandages et quelques herbes ?

MÈRE — Oh ! Ne vous en faites pas, Lady ! Retournez à vos occupations.

Le garçon parait en piteuse état, poussiéreux. Shira doute.

MORRAN — Lady Shira ?

Celle-ci se redresse vivement et tombe nez à nez avec trois Princes, le quatrième, cinquième et sixième.

MORRAN — Un problème ?

SHIRA — Nullement ! Je voulais simplement aider ce petit garçon.

MORRAN — Une âme charitable, c'est un bon point.

MÈRE — Vos Altesses ! (en se pliant littéralement en deux)

DIRIL, méprisant — Êtes-vous certaine d'être une Lady ? Vous côtoyez des servantes et des paysannes. Que c'est dégradant !

Après avoir craché son venin, il s'en va en grandes enjambées. Morran, désespéré, le suit pour ne pas le perdre. Shira se désintéresse d'eux.

SHIRA — Donc, est-ce que vous avez de quoi le soigner ?

MÈRE, timidement — Chez moi, je devrais trouver.

SHIRA — Habitez-vous loin ? Votre enfant saigne beaucoup.

MÈRE — Dans les campagnes, derrière les bois.

SHIRA, sourcils haussés — Ah, je vais chercher de quoi le soigner. En attendant, appuyez sur sa plaie et mettez-le à l'écart de la poussière. Essayez de le calmer aussi.

MÈRE — Ne vous donnez pas cette peine, Lady ! (hésitante) Je n'ai pas d'argent pour m'acquitter. Je ne peux avoir de dettes.

SHIRA — Aucun problème, Madame ! Cela me fait plaisir de vous aider. Je reviens tout de suite !