Ethrian II - Shira

Acte I, scène 2.

Shira, l'officier et des sujets.

En même temps qu'Estebar prononce son discours, un officier se tue à une seule et unique tâche : rassurer Lady Shira. Sur le dos de leurs montures, ils quittent les Landes pour enfin entrer dans les bois qui bordent la Capitale.

OFFICIER — Allons, Lady Shira, n'ayez crainte ! Je me suis rendu de nombreuses fois au palais et le peuple est fort sympathique ici. Au premier abord, ils peuvent paraître rudes, mais il faudra les comprendre. Non seulement vous êtes une étrangère ; mais en plus, vous allez épouser un de leurs Princes. Ils vont certainement se sentir froissés par ce choix, mais ils vous verront et alors, ils oublieront toute forme de haine qu'ils eussent pu nourrir.

SHIRA, se mordille la lèvre inférieure — Croyez-vous ? Seulement, ce n'est pas le peuple qui m'inquiète. Je sais, qu'au fond, les monarques de Zishao veulent que cette alliance soit une réussite. D'innombrables attentes pèsent sur mes épaules, encore frêles. J'ai peur de ne pas être à la hauteur. Qu'adviendra-t-il si le mariage échoue ? Une guerre éclaterait-elle pour de bon ? A cause de moi ?

OFFICIER, choisissant ses mots avec attention — Alors, ce ne sera pas de votre fait. Si l'alliance s'écroule, les Anges l'auront voulu. Vous ne serez fautive de rien du tout. Ne vous inquiétez pas ! Et puis, comment ne pas vous apprécier ?

SHIRA, soupire brusquement — Vous savez très bien comment et ce n'est pas difficile ! Après tout, je suis la mystérieuse et étrange fille sous la cape. Dès que le mystère est levé, on me tourne le dos. Ceci est l'histoire de ma vie.

OFFICIER — Ne brassez pas de telles pensées ! Vous serez la Lady la plus aimée de la Couronne d'Ethrian, j'en suis persuadé. Et tout le peuple de Zishao vous enviera !

SHIRA, déchirée entre son désir de le croire et son anxiété — Je suppose que me tourmenter ne servira à rien.

OFFICIER — Exactement, Lady Shira !

Ils arrivent à la fin des bois. Les portes de la Capitale sont juste devant eux.

OFFICIER — Êtes-vous prête ?

SHIRA — J'en suis bien forcée.

Cela suffit aux gardes qui l'entourent pour quémander l'ouverture des portes. Un coup de pied dans le flanc du cheval et la voilà en train de pénétrer au cœur même de la puissante Couronne d'Ethrian.

SUJET 1, à son passage — C'est elle ? Pensez-vous que ce soit elle ?

SUJET 2, en susurrant — Vu le cortège qui l'accompagne, elle doit l'être.

SUJETTE — Voyez-vous à quoi elle ressemble ? Est-elle jolie ?

OFFICIER — A peine avez-vous mis un pied dans ce royaume, on s'intéresse déjà à vous !

SHIRA, tout bas — Je n'ai jamais eu autant de regards sur moi. Est-ce bon signe ?

OFFICIER, attendri par la moue enfantine de Shira — Bien sûr ! Vous êtes sur la meilleure voie qui soit. Que diriez-vous maintenant d'enlever votre cape ?

En guise de réponse, Shira se tasse sur sa selle et rabat davantage sa capuche.