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SAISON 3, épisode 2


Il va bientôt être 13 heures. D'habitude je déjeune à midi pétantes. Autant dire que je suis au bord de l'inanition ! Mon ventre gargouille, c'est une infamie de nous faire attendre si longtemps pour déjeuner !

J'ai déjà vu des ateliers où tout le groupe mange ensemble, mais cette fois nous sommes trop nombreux, et cela prendrait trop de temps de trouver un restaurant qui nous prenne tous les 15, sans compter le temps d'attente. Je vois que les participants s'arrangent entre eux, par petits groupes, pour se trouver une gargotte. La femme à côté de moi me propose d'aller au chinois du coin. Pourquoi pas, tout ce que je veux, c'est ne pas me trouver à table avec celui qui a des tampax dans les narines ! Je sais que c'est méchant, si il est en phase terminale de cancer, il a un courage au-delà de ce qu'on peut imaginer. Simplement, je risque de tomber dans les pommes si je suis trop près de lui. Quand on est phobique, certains choses nous échappent, on ne peut pas les contrôler.

Nous voilà donc parties avec ma comparse. Elle commande une tonne de nourriture à la petite chinoise derrière son comptoir, ça m'étonnerait qu'elle mange tout ça, mais bon. Je prends une soupe pékinoise et des crevettes. La conversation n'est pas d'un intérêt débordant mais au moins on fait une pause.

De retour à l'atelier, la prof nous présente le deuxième exercice : encollant à notre personnage, il s'agit de lui choisir une tenue qui marque sa métamorphose.Cela peut être un vêtement qui construit ou déconstruit le genre. La contrainte d'écriture est de commencer le texte par " Le matindevant le miroir". Nous avons 30 minutes et voilà mon travail !

Le matin devant le miroir j'ôtai mon ancienne peau. Le jean négligé, la chemisette, la veste bleu marine. Les baskets qui permettaient à mes pieds de se répandre en toute liberté, jusqu'à devenir démesurés. Le maillot de corps qui me faisait ressembler à un coureur cycliste du début du siècle. Le caleçon écossais, version miniature du kilt, qui me rappelait aux origines de mon père. Ainsi commença cette étape de la vie du serpent, cette mue à la fois récurrente et définitive, qui me fit glisser sur le bord du chemin le costume de mes débuts. Puis, Paulette me tendit une paire de collants par dessus le paravent, et je fis l'apprentissage d'une douceur qui grimpa le long de mes jambes épilées. Nous avions choisi la jupe noire ensemble, dans une boutique de la 5e avenue. Longue et près du corps, évasée en bas et taille haute, afin que les hanches respirent. Je n'eus aucune peine à agrafer un buste rembourré pour remplir le corsage d'une poitrine factice, dont la tromperie serait connue de moi seul. J'évitai de choisir une veste afin de ne pas renforcer mes épaules. Un gilet bordeaux vint donc parachever le tout.

Vous voyez que j'en ai profité pour donner de nouvelles infos au lecteur : d'où vient Ivy, quelle est son histoire, qui il / elle était avant, et aussi pour présenter sa soeur Paulette. Tant qu'à faire, même sur un exercice d'écriture, j'essaie de raconter une petite histoire.


L'atelier d'écritureWhere stories live. Discover now