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J'ai devant moi le descendant , certes lointain, du héros de ma nouvelle. J'ai calé contre mon ventre boudiné une enveloppe qui lui est destinée, et qui contient mon texte. Mon regard s'arrête dans les yeux de l'écrivain, mais il se penche sur le livre et commence à écrire la dédicace. Je tente de décrypter son écriture à l'envers. J'hésite à détourner le regard, comme si je devais lui laisser un moment d'intimité. C'est dans un souffle que je recueille mon précieux ouvrage, tel un relais qu'il m'aurait transmis. Je pense à cet instant fugace où le livre s'est trouvé entre nos deux mains tendues. Cette tranche de temps où le messager de papier a été notre intermédiaire, l'ambassadeur entre l'écrivain et l'apprenti écrivain. Puisse-t-il créer un courant d'inspiration comme l'éclair à la foudre.

- Monsieur, je dois vous avouer quelque chose.

Interdit, il reste figé dans une posture interrogatrice, attendant la suite.

- Je suis venue avec une intention : j'ai écrit une nouvelle sur Guillaume de Malesherbes, et nul autre que vous serait mieux placé pour me faire l'honneur de la lire. J'ai construit ce texte autour d'un fait divers, que votre aïeul a consigné lui-même dans ses carnets.

Je lui tends l'enveloppe, laissée ouverte sur mon texte. J'y ai joint mes coordonnées. Il prend l'enveloppe et cette fois-ci c'est mon travail qui se trouve entre nos deux mains. Il sort le texte et feuillette les quelques pages avant de me dire :

- Je la lirai, et je vous dirai ce que j'en pense.

- C'est la première nouvelle que je rédige. Elle est sans doute perfectible, mais au moins a-t-elle le mérite d'exister. C'est si dur d'écrire...




L'atelier d'écritureWhere stories live. Discover now