4

104 28 10
                                    

Cette première séance d'atelier d'écriture, j'ai mis deux jours à m'en remettre. Quand mon copain m'a appelée, je lui ai caché à quel point j'étais déprimée, dégoûtée de moi-même. Ha ! La grande Charlotte qui croyait qu'elle allait écrire son oeuvre ! La voilà au fond de son lit à souffler dans des kleenex !

La veille de la séance suivante, je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. une petite voix s'instillait en moi : et si je n'y allais pas ? Je perdrais 300 euros, certes. Mais au moins, je serais libérée ! Et puis finalement, j'y suis retournée, sans aucun entrain. Mes pieds pesaient des tonnes, j'avais mal à la tête, bref, toutes les excuses étaient bonnes pour ne pas y aller.

L'enseignante annonce le sujet suivant : elle nous donne des articles de presse sur une histoire vraie. Un fait divers des années 2000 je crois. Des migrants chinois embarquent à Douvres dans un camion frigorifique. A leur arrivée en Angleterre, quand les douaniers anglais ouvrent les portes du semi-remorque, ils découvrent leurs cadavres : ils sont morts asphyxiés. Le chauffeur avait fermé la trappe d'aération pendant le trajet... Tout sourire, la prof nous demande d'imaginer un personnage de migrant chinois et d'écrire la dernière lettre qu'il adresserait à sa famille une fois dans le camion, au moment où il comprend qu'il va mourir. MAIS COMMENT VEUX-TU QUE J'AIE ENVIE D'ECRIRE SUR UN TRUC PAREIL ?? C'est horrible comme sujet ! Le désespoir succède à ma honte de la semaine passée : si c'est ça un atelier, s'il s'agit de se forcer à écrire sur des sujets horribles qui ne me font pas envie, non merci ! Le morbide, c'est pas pour moi ! De mauvaise grâce, je bougonne et grifonne quelques mots sur mon carnet, mais vraiment à reculons. Je n'ai pas envie. La séance s'achève, la prof nous dit de terminer notre lettre chez nous. C'est ça, compte là-dessus ! Je rentre chez moi sans un mot.

L'atelier d'écritureWhere stories live. Discover now