La (fausse) liste

Chap. 34

Je m'assis sur le bord de mon lit.

C'était de nouveau rien que moi et mon cœur brisé. Et le vide.

C'était si dur de vouloir quelque chose à tout prix, et de savoir que l'on ne l'aurait jamais, quoiqu'on fasse, on ne pourrait jamais l'obtenir.

D'un coup je pris mon sac et fourrai dedans un maillot de bain et une serviette. Je descendis rapidement prendre un vélo et je m'en allai sans rien dire à personne.

Je pédalais le plus vite possible, le vent me caressait le visage et apaisait ma douleur.

Je lâchais mon vélo en arrivant au milieu de la forêt, puis je me mis à courir, comme poussée par un besoin pressant.

J'y arrivais enfin, je mis mon maillot de bain et sans hésiter je m'accrochais à la corde et je sautais dans l'eau. L'eau engloba tout mon corps et me fit un bien fou.

Je me laissais flotter sur le dos, en fermant les yeux, j'essayais d'apprécier ce moment.

Je n'avais aucune notion du temps qui passait, à un moment, je sortis et m'assis les jambes dans le vide.

Je n'avais rien trouvé de mieux que de retourner à l'endroit où Douglas m'avait emmené, j'en avais ressenti le besoin, je ne savais pas si c'était pour me sentir proche de lui en m'accrochant à un souvenir ou si c'était pour faire mon deuil.

Je sortis une feuille et un stylo que j'avais préparé et je me décidais enfin à écrire cette lettre que je voulais rédiger depuis longtemps.

"Douglas, 
Si tu savais comme j'aimerai t'avoir près de moi, j'aimerai pouvoir te serrer dans mes bras et ne jamais te laisser partir. J'aimerai retrouver la chaleur de ton corps mais surtout ton esprit. J'aimerai que tu sois avec moi à chaque instant, car chaque seconde qui s'écoulent sans toi me semble perdue. Tu m'as tout donné, toute la vie que j'avais perdu depuis longtemps, mais tu m'as tout repris. Et je t'en veux tellement pour ça. Si tu savais comme je t'en veux, pour m'avoir tout repris. Je ne m'étais jamais sentie aussi vivante et heureuse qu'avec toi et aujourd'hui je me sens vide. Ma colère est grande, mais ma peine l'est encore plus. Ça fait tellement mal, si tu savais. J'ai l'impression d'en devenir malade, je rêve de toi la nuit et je me réveille en pleurant, j'ai constamment ce poids dans la poitrine, il ne me quitte pas depuis que tu es parti. Tout me semble fade, je n'ai plus faim comme avant, et pourtant tu sais à quel point j'aime manger. Même le meilleur burger du monde ne me ferait pas ressentir du plaisir.
Tu m'as enlevé une partie de moi, la meilleure, tu l'as prise avec toi en partant, me laissant avec le mauvais côté. Le côté sombre, qui n'a pas d'espoir, pas d'envie, pas de joie et qui me tire vers le bas. J'ai longtemps été en guerre avec moi-même, avant toi j'ai beaucoup pleuré, beaucoup souffert, et aujourd'hui j'ai l'impression d'être de nouveau cette personne, en pire. Je n'ai jamais eu mal comme ça, c'est indescriptible, cette peine constante. Je ne comprends pas comment tu as fait, pour si bien jouer avec moi, je le savais mais pourtant tu as réussi à effacer mes doutes. Tu m'avais compris comme personne n'a su le faire, c'est peut-être ce qui m'a fait croire en toi. J'ai eu du mal à comprendre que tu es pu me laisser comme ça, je pensais t'avoir compris aussi. J'ai l'impression que la douleur ne s'en ira jamais, que je t'aimerai pour toujours, mais on m'a dit le contraire, on m'a dit que le temps effaçait tout, et j'y crois. Un jour je me réveillerais et tu ne seras plus qu'un lointain souvenir, je serai à nouveau heureuse, je retomberai peut-être amoureuse de quelqu'un d'autre. Mais toi qu'est-ce que tu seras ? Tu continueras de faire semblant, et c'est peut-être ce qui m'apaise un peu, de savoir que tu n'es pas plus heureux que moi, que derrière les masques que tu portes à longueur de journée, tu es complètement perdu. Je n'ai peut-être pas réussi à voir qui tu étais sur le moment, mais maintenant je l'ai compris et j'ai de la peine pour toi Douglas, car je sais que tu souffres et je ne suis pas si sûre que le temps t'aidera, toi."