La (fausse) liste

Chap. 19

C'était l'heure des Sciences.

Une partie de moi ne voulait pas y aller,  et l'appréhension me tordait le ventre.
Une autre partie de moi était idiotement heureuse de voir Douglas et espérait qu'il se comporte bien.
Et la dernière partie de moi, elle ne voulait rien ressentir, elle voulait que cela ne me fasse ni chaud ni froid.

Pourquoi est-ce que l'on ne pouvait pas ressentir ce que l'on voulait ?

Ça aurait été trop facile n'est-ce pas ?

Je marchais dans les couloirs, la tête baissée vers mon téléphone sur lequel je n'arrêtais pas de faire des allers retours entre mes messages et la page d'accueil.

Je savais pertinemment que je n'avais pas de messages, mais je ne voulais pas relever la tête et croiser un regard méprisant ou moqueur.

Je faisais tout mon possible pour être bien, mais ces derniers temps, je me sentais de plus en plus mal.

Ce n'était ni à cause de mon frère, ni à cause de mon père, ni à cause de la liste ou de Brett et Douglas. C'était moi le problème, j'avais pendant longtemps eu une vie sociale très limitée, et maintenant qu'elle commençait à s'intensifier, je ressentais l'effet de ne pas en avoir eu pendant un moment.

Et, je ne sais pas pourquoi, mais il m'arrivait de me sentir si seule, et vraiment pas bien dans ma peau.

J'avais l'impression d'être entourée de filles magnifiques et de n'être rien du tout à côté d'elles, et c'était vrai car sans la liste je serais encore inexistante aux yeux de tout le monde.
Quand je voyais à quel point Annabeth était belle, à quel point Elena était à l'aise avec les gens, à quel point Juliana avait de grâce et à quel point Maya avait du charme et était cool à chacun de ses gestes, je ne pouvais m'empêcher de me demander : "et moi, qu'est-ce j'ai ?"

Toutes ses filles étaient arrivées dans la liste parce qu'elles avaient une place dedans, mais plus les jours passaient et plus je me rendais compte que moi je n'en avais pas, de place dans cette liste.
Je n'étais pas incroyablement belle, je n'étais pas drôle, je n'étais pas à l'aise, je n'avais aucune grâce et j'étais même bizarre.
C'était une chose que j'avais remarquée aussi, à quel point chaque chose que je faisais été bizarre, c'était en fait mes manières et ma gestuelle qu'ils l'étaient et je n'en pouvais plus de me voir dans toutes sortes de vidéos. En effet depuis que je m'étais fait de nouveaux amis, ils nous arrivaient souvent d'immortaliser certains moments avec des vidéos. Bien que j'avais déjà vaguement remarqué cela chez moi, ces derniers temps cela m'obsédait et j'en arrivais à ne plus vouloir faire de mouvement parfois, c'était comme si j'étais paralysée. Je voulais changer ma façon d'être mais je ne pouvais pas, je ne pouvais même pas expliquer pourquoi cela était bizarre, je m'en rendais juste compte.

De plus j'étais complexée par tellement de choses sur mon corps. Rien que de penser à tout cela me donnait envie de pleurer, parce que j'étais hypersensible en plus.

Pourquoi je ne pouvais pas être comme tout le monde ? Pourquoi je n'arrivais pas à m'accepter ?

Est-ce que les autres filles étaient autant complexées que moi ?
Je l'étais tellement que je me demandais comment je pouvais encore sortir dans la rue.
En effet, comme je l'avais dit, je n'étais pas seulement complexée par mon corps mais aussi par mes manières et ma gestuelle. Ma manière de bouger mes jambes, mes bras, mes mains, mes pieds, tout était bizarre chez moi et je commençais à en avoir tellement marre.

Un message fit vibrer mon téléphone et me sortit de ma rêverie.

"Et sinon quand est-ce que j'ai l'honneur de te revoir ?"