Partie 47 : M. Edmund

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— Non.

1 n'a pas la force de repartir et il refuse de se jeter dans ce nouveau piège. L'homme lui sourit toujours et s'assoit sur la marche constituant le seuil du bâtiment. Après un instant d'hésitation, 1 en fait autant. La situation lui paraît surnaturelle, eux deux tranquillement installés et apparemment invisibles pour tous ces gens affairés... tous ces gens tentant de réparer la catastrophe qu'il a causée.

Enfin, 1 admet qu'il est venu pour une bonne raison et que visiblement cet homme en sait long sur eux. Autant le faire répondre à ses questions tant qu'il l'a sous la main. Même si c'est plutôt l'inverse qui est vrai. Son hôte a respecté son silence le temps qu'il se remette à peu près d'aplomb et se décide à poser des questions.

— Vous êtes M. Edmund, pas vrai ? Le type qui m'a tendu un piège.

— On me désigne sous ce nom parfois, c'est vrai.

— Est-ce que vous savez qui a provoqué l'attaque du laboratoire ? Et où sont les professeurs ?

— Je t'ai connu moins direct, mon garçon.

— Quand ?

— Mes hommes ont suivi l'avancée de ton enquête. Je dois admettre que je suis impressionné, tu t'es bien débrouillé pour quelqu'un qui découvre un monde presque inconnu.

— Pourquoi vous m'avez suivi ? Et pas attrapé ? Vous êtes avec le gouvernement ? Avec la SRAM ? Vous n'avez pas l'air d'un militaire.

— J'ai des intérêts un peu partout. Et pour répondre à la question que tu ne m'as pas posée, ce n'est pas moi qui ai fait attaquer le laboratoire. Je l'ai fait construire. Je suis un peu ton père moi aussi, tu sais. Un peu votre père à tous.

1 se demande brusquement depuis combien de temps il regarde Edmund et pas la scène qui se déroulait sous ses yeux. L'homme a l'air gentil et sincèrement préoccupé, il a un mince sourire un peu malicieux et le Tech meurt d'envie de le croire. Ce serait le protecteur idéal, lui les aimerait et prendrait soin d'eux, mieux que les professeurs...

1 détourne la tête et dit avec colère :

— Arrêtez de m'hypnotiser. Nous avons déjà des parents et nous voulons savoir où ils sont.

M. Edmund rit et ne paraît pas vexé de cette rebuffade. Il répond :

— Mes hommes sont en train d'enquêter à ce sujet. Je voulais justement en discuter avec toi quand tu as cavalièrement refusé mon invitation.

— Je déteste les armes à feu. Surtout quand on me les braque dessus.

— Touché ! Je te fais toutes mes excuses, c'était effectivement très maladroit de ma part. Ils avaient ordre de ne pas tirer, mais tu ne pouvais pas le savoir.

— Vous êtes un menteur. Et un fameux.

— Merci.

— C'était pas un compliment.

— Pourtant je le prends comme tel. Il faut savoir mentir pour être fort dans notre monde, mon petit 1.

— Il faut savoir un paquet de choses. Vous êtes puissant, n'est-ce pas ?

— Qu'est-ce qui te fait croire ça ?

— Vous faites ce que vous voulez comme vous voulez et personne n'ose vous regarder. Soit vous êtes très puissant, soit vous êtes carrément une hallucination.

— Tu ne te sens pas très bien on dirait.

— Déjà été plus en forme...

Tout en disant ces mots 1 prend sa tête entre ses mains pour lutter contre le vertige. Il tente de garder les idées claires, malgré le coton qui semble envahir son cerveau après s'être emparé de chacun de ses membres. Il n'aurait pas pu choisir un pire moment pour se battre contre M. Edmund. Non, il ne se bat pas, si c'était un combat il saurait quoi faire, c'est une discussion et il n'a aucune chance d'arriver ailleurs que là où l'homme a décidé de l'emmener. 1 se lève aussi vite qu'il l'ose et crie à Edmund :

Les Techs - Tome 1 : les secrets du LaboratoireWhere stories live. Discover now