- Cela n'a rien de parfait, nous ne sommes aucunement libérés de cette angoisse malgré l'éloignement.

- Ça ne me surprend pas, ça nous à tous changé. Ce qui me surprend par contre c'est que vous aillez choisi de venir dans ce pays-ci, tout comme moi. Le monde est vraiment trop petit.

- La firme de ma mère a une branche anglaise. C'est elle qui a voulu partir après...après ma sortie.

- Ah !

- On a voulu partir pour prendre un nouveau départ, vous voyez !

- Je comprends, je peux même le comprendre mieux que quiconque, j'ai moi-même dû fuir toutes cette histoire en venant ici.

- Pourquoi êtes-vous parti ? Vous êtes de la police, vous auriez pu trouver un tout autre moyen.

- La loi est souvent pleine d'injustices et ne peut nous défendre de tout. Surtout de cet enfer dans lequel nous étions ! J'étais émotionnellement au bord du gouffre et après leur décision, j'ai littéralement péter un plomb et j'ai ressenti le besoin de m'en aller. C'était si injuste !

- Oh ! vous étiez là ?

- Oui, tous les jours ! J'ai été concerné dans cette histoire autant que ta famille et toi et je suis désolé pour ce qui t'es arrivé. Cela était vraiment immérité.

- -Je pense moi l'avoir mérité.

- -Tu es trop dure envers toi même Elisabeth, tu devrais voir que nous ne pouvions pas faire autrement.

- Je ... je n'aime pas trop en parler.

- Je le conçois.

Le silence retomba et je relevai les yeux pour croiser le regard émeraude d'Harry au loin qui nous fixait. Bizarrement il n'avait pas l'air furieux que je sois en présence d'un autre homme. Même s'il s'agissait d'un homme plus âgé et qui plus est travaillant dans les force de l'ordre, je savais que le brun n'avait point peur des représailles. Ce que je voyais dans ses yeux n'était ni de la rage, ni même de l'irritation, c'était de l'inquiétude.

Il semblait sincèrement inquiet pour moi et cela me fit un drôle d'effet. Nous nous étions disputé, disant que nous n'étions surement pas ami et que tout était un mensonge mais tout cela se dissipa dans la manière dont ses yeux m'analysait et je compris qu'il ne s'en fichait pas de moi. L'agent, leva la tête à son tour et vit son collègue se diriger vers leur voiture de fonction. Il me sourit faiblement.

- Je sais que c'est peut-être totalement ridicule, malgré cela, je vais te donner ma carte. On ne sait jamais. Si tu as besoin de quoique ce soit, tu essayes de me joindre à ce numéro.

Il glissa sa main dans son veston et en sortit une petite carte blanche qu'il déposa dans ma paume. Je ne dis pas un mot et je fixais le petit bout de papier, complètement déboussolée. Le flic m'indiqua qu'il devait y aller. Je lui rendis son sourire et quand il tourna les talons je lâchai dans un soupir « Merci officier Rauch ! Merci pour tout ».

Il se retourna et me gratifia d'un signe de la main amical. Je le vis arriver à sa voiture et il monta dedans. Les phares clignotèrent et le moteur vrombit. Le véhicule recula dans l'allée des Malik et disparu dans la pénombre.

J'avais vécu cette entrevue comme s'il ne s'agissait que d'un rêve. Cela faisait si longtemps que je n'avais eu de conversation avec l'officier Rauch. En Amérique, nous avions été tellement souvent en contact, qu'il était évident que ma famille lierait des liens particuliers avec ce quadragénaire, serviable et brave. Il avait été présent dans nos moments de peines, nos moments de doutes et nos moments d'angoisses. Nous avions vécu avec lui une grande partie de ce passé douteux et ce qui nous liait était que nous étions tous tombés dans cette situation par inadvertance. J'aurais tant voulu oublier tout ce qui s'était passé.

I'm too bad for you (H.Styles)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant