Elle est partie

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Léonore :

Où est-il ? Où se cache-t-il ? Aurait-il peur de moi ? Je lui ai pourtant promis de ne pas lui faire de mal. Il est tellement mignon. Quand il sautille et qu'il me regarde, toute la cruauté du monde s'évanouit. Mais quand il n'est pas là, la cruauté revient, avec les méchants messieurs tout blancs et leurs piqûres. J'ai besoin de mon ami pour me réconforter. Sinon, le monsieur en blanc va m'emmener dans la pièce toute noire et il va m'attacher les bras. Je veux voir mon ami.

Oh ! Serait-ce lui ? Avec ses longs poils tout doux ? Serait-ce lui qui marche doucement dans le couloir ? Je peux voir le bout de sa tête, avec son duvet blancs. Serait-ce mon ami ? Serait-ce mon lapin blanc ? Je veux le voir, je veux le prendre dans mes bras et coller son petit corps tout chaud contre mon visage. Pourquoi ne vient-il pas vers moi ? Pourquoi s'en va-t-il ? Reviens mon lapin blanc !
Mais...ce n'est pas mon lapin blanc ! C'est une fille, avec des cheveux presque aussi blanc que mon lapin blanc. Le cherche-t-elle aussi ? Si elle le trouve, elle me le ramènera. Reviens vite mon lapin, j'ai besoin de toi !

Krysten :

Je n'ai pas revu Willow depuis hier soir. Hier, elle n'a pas dormi dans notre chambre. Je ne sais pas où elle est. Elle m'inquiète beaucoup. Je suis seule. Hayden est toujours enfermé, et Willow ne vient plus. Aurait-elle fait une crise elle aussi ? Non. Elle n'en a jamais fait auparavant. Mais alors, où peut-elle être ?

-Krysten ? M'appela une voix faussement douce, tu as rendez-vous avec la nouvelle psychologue. Viens, il faut y aller.

Je suivis machinalement cette voix et me dirigeai vers le cabinet de la psy. J'espérais l'avoir bien fait flipper la dernière fois !
J'entrai dans le cabinet et la vis, assise à son bureau.

-Bonjour Krysten, me dit-elle en levant la tête, es-tu prête pour notre premier entretien ?

-Je n'ai pas le choix, répondis-je en haussant les épaules.

-Tu verras, tout se passera bien.

-C'est ce qu'elle disait, marmonnai-je en faisant allusion à l'ancienne psy, et il faut voir comment elle a fini : sur le sol, étranglée par un enfant qu'elle croyait devenu inoffensif. Mais elle a posé la mauvaise question. Faites attention, madame. Qui vous garantit que vous ne serez pas vous aussi morte dans quelques minutes, suite à une de mes crises provoquée par une de vos questions.

-Je ne m'inquiète pas trop à ton sujet, me lança-t-elle sur un ton de défi, je sais que tu n'as jamais voulu tuer personne d'autre que toi. Trois fois, c'est bien ça ?

-Non, cinq fois. Je vois que vous nous connaissez déjà bien. Mais, vous n'en saurez pas plus sur moi, j'en suis navrée. Je ne vous dirai rien.

-Le dialogue est la seule solution pour te faire sortir de tes problèmes, Krysten.

-Vous vous trompez. La seule solution pour que je sorte de mes problèmes comme vous dites, se résume en deux mot : la lame. Ça, ça m'aiderait.

-La scarification. C'est donc ça. Mais, pourquoi Krysten ?

-Ce n'est pas votre problème.

-Pourquoi t'infliger cela ?

-Je n'ai pas de compte à vous rendre !

-Explique-moi pourquoi tu as eu l'idée de prendre une lame et de te couper.

-Taisez-vous !!!

Les larmes me montaient aux yeux. Ma gorge me brûlait et je voyais à peine ses yeux bruns me fixer à travers la buée se formant devant les miens.

-Pourquoi te faire tant de mal Kryst...

-Je n'ai rien à vous dire !

J'attrapai une chaise et la balançai par terre. La psy ne bougeait pas. Je crus voir un sourire malsain se dessiner sur son visage calme. Je frappai le bureau de mes deux poings, faisant rougir mes phalanges.

-Quel est l'origine de ton mal être ? Continua-elle. Pourquoi t'être enfermée dans ce cercle vicieux qu'est la scarifi...

-FERMEZ LA !!!

-Tu étais amoureuse ? C'est ça ?

-JE VOUS AI DIT DE VOUS TAIRE !

-C'est bien ça non ?

-MAIS BORDEL FERMEZ LA ! VOUS N'AVEZ RIEN À SAVOIR DE MOI, RIEN ! ALLEZ VOUS FAIRE F...

-MONSIEUR LE DIRECTEUR ! Hurla une voix provenant de l'extérieur du cabinet. MONSIEUR LE DIRECTEUR ! IL Y A URGENCE !

Je me restai prostrée devant le bureau, appuyant de toute mes forces tandis que la psy, surprise, se leva et partit ouvrir la porte. Je tournai la tête et vis un des infirmiers de l'établissement tambouriner à la porte du bureau du directeur en hurlant. Celui-ci sortit, affolé.

-Qu'est ce que c'est que ce bord...qui y'a-t-il ?!

-Monsieur ! C'est Willow ! Elle a disparu !

Mad GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant