Elle m'avait quittée.
Je me souviens de ses yeux noisettes plongés dans les miens. Je me souviens de ses larmes qui coulaient le long de ses joues, de ses mots coupés par les sanglots tandis qu'elle m'annonçait qu'elle voulait arrêter. Elle m'avait quittée, brisant mon coeur et emportant mon âme.
Je me rappelle de ses excuses, de ses reproches, de ses remords. Elle m'avait quittée, écrasant le dernier soupçon d'espoir qu'il me restait. Je n'avais plus envie de rien. Ma vie semblait vide, mon existence morose. Lou était la seule fille que je n'avais jamais aimée. Et elle m'avait quittée.
À quoi bon me battre ? Mon père m'avait reniée, il ne s'occupait plus de moi, m'ignorait sans cesse. Mes amis m'avaient tourné le dos pour rester avec Lou, alors qu'elle même ne le voulait pas. J'étais seule. J'étais nulle. J'étais perdue.
Je regardai mes bras, couverts de cicatrices et de plaies. Au fil des jours, je coupais de plus en plus profond. Mon sang remplaçait mes cris, mes coupures évinçaient ma douleur. La lame sur ma peau m'emmenait dans un autre monde, un monde moins tourmenté. Et, ce jour là, je comptais me rendre dans ce monde, pour l'éternité.
"Lou, papa,
Je suis désolée. Désolée de vous avoir blessés et déçus. Je pensais être utile dans ce monde affreux. Je t'aimais Lou. Du plus profond de mon coeur. Mais je n'ai visiblement pas pu te rende heureuse. Je me rends compte aujourd'hui que j'ai tout raté. Je t'ai déçu, papa. Je ne le voulais pas. Je t'ai fait souffrir, Lou. Je ne le voulais pas. Je pense sincèrement que vous serez mieux sans moi, et que maman pourra m'accueillir dans son monde.
Encore une fois, je vous aime, et je suis désolée.
Krysten."
Telle fut la lettre que je laissais avant de couper la peau de mes poignets.
