Je ne voulais pas

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Krysten :

La psychologue était morte. Hayden l'avait tuée pendant une crise. Cela faisait plus de 2 ans qu'il n'en avait pas fait. La psychologue avait toujours posé des questions douloureuses par rapport à notre passé, et nous avions toujours essaye de nous contenir. Mais là, c'était sûr : Hayden avait replongé. Les médecins n'avaient pas pu sauver la psy. Elle était à la morgue, et Hayden dans la "boîte noire".

La "boîte noire", c'est la chambre dans laquelle on nous enferme quand on dégénère. Il nous mettent dans cette pièce, dans le noir ou pas, avec une camisole de force et/ou des neuroleptiques (médicaments utilisés pour nous calmer), et ils nous laissent, jusqu'à ce que l'on s'apaise. J'y suis déjà allée plusieurs fois. Ces jours et ces nuits horribles me hanteront à jamais.

Hayden y était, pour plusieurs jours selon les médecins. Quand à Willow, elle avait disparu. Je ne l'avais pas entendue se lever, et elle n'était pas à la fenêtre. Je pensais qu'elle devait se trouver dans la salle commune, mais elle était déserte. Je marchais dans les couloirs quand, soudain, je vis une femme, les cheveux gris coupés en carré, qui rajustait ses lunettes sur son nez couvert de tâches de rousseur. Elle se figea en me voyant et me fixa de ses yeux bruns. Elle me sourit, gênée, et me demanda :

-Oh, tu dois être Krysten. Le directeur ne s'était pas trompé, on pourrait te reconnaître entre mille ! Tes yeux sont magnifiques.

-Qui êtes-vous ? Demandai-je sans relever son compliment sur mes yeux.

-Eh bien, je suis la nouvelle psychologue. J'espère que les moments que tu passeras avec moi seront apaisants et que tu te porteras mieux par la suite.

Pourriture...sa voix sonnait faux. De toute évidence, elle était là uniquement pour le salaire élevé proposé pour ce poste. J'avais bien envie de lui faire peur, juste pour m'amuser.

-Oh, on verra bien. J'espère juste ne pas avoir de crise comme celle qu'Hayden a fait avant de tuer la psychologue précédente. Il ne faudrait pas que votre vie se termine dans cet endroit déprimant. Cependant, gardez en tête le fait qu'un jour, peut être, vous vous retrouverez sur le sol, les yeux écarquillés, la bave aux lèvres, ne pouvant même plus regretter d'avoir accepté ce poste. Faites attention. Qui sait ? On n'est jamais sûr de rien dans un établissement comme celui ci.

À la vue de ses sourcils froncés par l'inquiétude et du regard qu'elle me lançait, je compris que j'avais réussi mon coup. Je me retournai et partis. Je n'étais pas peu fière de moi. Quittes à passer pour une folle, autant jouer mon rôle jusqu'au bout.

Hayden :

Je ne pouvais pas contrôler mes tremblements. Mon corps était raidi par la panique et la peur. Les neuroleptiques se répandaient dans mon corps, m'affaiblissant de plus en plus. Des gouttes de sueur perlaient sur mon front, se mêlant à mes larmes de panique et de haine. La camisole de force me lacérait les bras. J'avais mal. Mal pour la psy, bien qu'elle ne puisse plus rien ressentir, et aussi pour moi.

Des années que je n'avais pas recommencé. Des années que je pensais que c'était terminé. Et je replongeais, d'un coup, avec une simple question. Je me haïssais. Je voulais mourir. Je ne voulais pas être comme ça. Je ne voulais pas tuer. Mais on m'avait bien bien dit que je ne changerai jamais. Je serai dans cet hôpital pour toujours.

  Le noir de la pièce s'intensifia, et mes pensées devinrent confuses. Mes yeux se fermèrent, laissant échapper mes dernières larmes. Puis ce fut le noir total.

Mad GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant