17 : Une visite et une surprise.

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—     D'ailleurs, viens me voir un de ses jours Icare, sourit Abel. Je ferais un gâteau dans ma nouvelle cellule. Préviens Simon, ce sera cool. En plus, mon nouveau codétenu sera ravi à l'idée que tu viennes ! s'esclaffe-t-il ensuite.

—     Qu'est ce que tu racontes mec ? demande Icare en fronçant les sourcils.

—     Miguel est mon nouveau codétenu.

—     Ah.

En effet, ah. Icare pourrait hésiter entre aller manger un gâteau d'Abel ou éviter le gars avec qui il couchait régulièrement il y a quelques années. Mais bon, il sent que son estomac va parler pour lui. Surtout que les gâteaux d'Abel sont un don de dieu.

—     Relax, Icare. Miguel ne serait pas contre te revoir, d'après ce que j'ai compris. Voir plus. Mais il te comprend et te laisse le choix, rigole Abel.

—     Il doit savoir que je ne résisterai pas à l'appel de tes gâteaux.

Icare voit les pommettes de l'homme rougir par le compliment. Abel adore les compliments sur sa cuisine, mais de toute façon, il les mérite toujours.

—     J'ai fait des cookies pour la visite de mes deux filles, mais prends-en un, propose le détenu.

—     Merci, tu es le meilleur. Mais qu'un seul, je vais quand même leur en laisser.

Pourtant ce n'est pas ce qui manque. Abel a dû faire plus d'une vingtaine de cookies pour la visite de sa femme et ses deux enfants. Icare voit à quoi elles ressemblent, Abel garde toujours plein de photos d'elles dans sa cellule. Deux petites filles à la peau d'ébène qui gardent le même sourire éternel que leur père, et qui ont visiblement la beauté de leur mère. Icare les envie même, d'avoir une famille.

—     Icare, ta visite est là ! appelle soudainement une voix, alors que le prisonnier se relève soudainement de sa chaise.


Son cœur bat la chamade quant il s'avance dans un autre couloir pour le parloir. L'excitation est sans doute à son comble à l'idée de revoir son père. Il part s'installer dans la petite pièce d'à peine quatre mètres carrés, occupée par deux chaises et une table minuscule, toujours autant impatient qu'une silhouette traverse la porte.

Et quand au bout de longues secondes la silhouette de son père apparaît dans l'encadrement de celle-ci, Icare se jette dans ses bras sans réfléchir. JP, qui surveille les visites au parloir depuis son couloir, ne dit rien. Même si le règlement empêche les contacts avant d'entrer dans la cellule du parloir, il laisse faire. Sans doute son âme de père aussi, qui est fortement touchée. Il imagine à quel point c'est difficile pour Icare de vivre sans un de ses parents. Lui-même ne supporterait pas d'être éloigné de ses enfants.

Icare accroche le manteau de son père, le serrant du plus fort contre lui. Il enfouit son visage contre l'épaule du vieil homme, n'arrivant même pas à retenir quelques sanglots. Il avait tellement attendu la visite de son père que la scène lui parait irréelle. Et pourtant, il est bien là, face à lui.

Les deux mains de l'homme se posent dans le dos de son fils, il lui a terriblement manqué. Il s'en veut de ne pas pouvoir lui rendre visite plus souvent, de ne pas pouvoir prendre une partie de sa peine d'être enfermé ici. Il s'en veut de ne pas être là à chaque instant pour Icare, parce qu'il aime son fils à un point inimaginable. Quand les gens lui posent la question, il répond qu'il l'a toujours aimé. C'est son enfant, on aime toujours l'enfant qu'on a élevé. Même s'il a pu commettre des erreurs, son père est là, il l'aime et il sait que cela sera toujours le cas.

—     Je t'aime papa, avoue Icare toujours contre son épaule.

—     Je t'aime aussi fiston, tu m'avais manqué.

IcareWhere stories live. Discover now