17 : Une visite et une surprise.

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Le jeune détenu est toujours autant touché par la bonté de cette femme. C'est incroyable de mettre autant de cœur dans la santé de personnes qu'habituellement la société préfère voir souffrir. La docteur veut leur bien, et cela est rassurant. Cela permet toujours de se rappeler de l'importance, même minime, que l'on peut avoir dans une existence.

—     Je sais, j'essaierai de ne plus recommencer, balbutie Icare.

—     Non, je préférerais entendre que vous ne le referez plus jamais, que vous n'y penserez même plus.

—     C'est difficile...

—     Je veux bien vous croire. C'est la raison de ce rendez-vous médical. De ce que j'ai vu de la dernière réunion, puis d'un entretien avec le psychologue et le personnel médical, ainsi que celui de réinsertion, nous avons convenu qu'il serait peut-être préférable de vous mettre sous anti-dépresseurs. Donc cela explique les boîtes de médicaments face à vous, explique la femme en finissant sa phrase par un mince sourire réconfortant.

Instinctivement, les yeux d'Icare se portent sur les deux petites boîtes face à lui. C'est peut-être bête, mais elles l'effraient un peu.

—     Je comprends Icare, on parle d'anti-dépresseurs. On ne parle pas d'un médicament banal pour un mal de tête. Je sais que c'est parfois compliqué à entendre cela, mais vous en avez besoin. Vous avez un mental solide pour tenir ici, mais des fois, on fatigue. C'est humain. Il n'y a pas de honte à cela Icare. Vous avez besoin d'aide, et même si tout le personnel est là pour vous, ces médicaments ont aussi un rôle à jouer. C'est un petit coup de pouce.

Icare hoche simplement la tête. L'évocation de ces médicaments ne fait résonner qu'un mot dans sa tête. Dépressif. Il serait en dépression. Malade. C'est étrange d'essayer de placer un mot sur son mal-être. Est-il vraiment dépressif ? N'est-ce pas la conséquence normale de son enfermement ici ?

—     Essayez d'en prendre Icare. Si jamais il y a des problèmes par rapport à cela, ou par rapport à autre chose, venez me voir. Je veux le meilleur pour vous Icare. Comprenez que vous n'êtes jamais seul ici.

—     Merci, conclut finalement le détenu, toujours autant touché du soutien que l'on peut éprouver pour lui.

Icare sourit finalement. Cette docteur, c'est comme la figure maternelle dont il a manqué. C'est la personne qui lui donne les médicaments quand il est malade et qui veille à sa santé ici. Elle veut son bien, comme le veut son père. Icare en serait ému.

—     Allez-y Icare, conseille la docteur. J'ai entendu dire que vous aviez une visite aujourd'hui. Cela vous fera du bien. A bientôt.

Icare sort sans attendre hors de l'infirmerie, et fait un léger détour pour poser ses médicaments dans sa cellule. Il ne perd pas plus de temps pour aller vers l'aile de la prison réservée aux visites, sous l'œil amusé de certains détenus. Marco en rigole même avec Simon. Icare a peut-être vingt-sept ans, des fois, ils revoient le gamin qu'ils avaient connu à tout juste vingt et un ans. Surtout quand il reçoit une rare visite de son père.








Icare se retrouve donc à attendre dans le couloir pour son tour au parloir. Il est tellement impatient qu'il se retrouve en avance, alors pour faire passer un peu le temps, il se met à parler avec Abel. Ce dernier lui avoue que son codétenu est une plaie à supporter, tellement qu'il a effectué un changement de cellule dans la semaine. Cela n'étonne pas Icare, le violeur dont il a refait le nez est clairement une des personnes qu'il apprécie le moins ici.

Puis Abel poursuit en parlant pâtisserie, sa grande passion. Et comme il a un cœur sur la main, ce détenu cantine toujours plein d'aliments comme de la farine ou du sucre pour faire des gâteaux qu'il partage avec ses amis. Ça change des repas dégueulasses distribués aux prisonniers, mais surtout, cela apporte un bol d'air au quotidien. Quelques détenus se retrouvent dans une cellule pour discuter et rire autour d'une pâtisserie, et l'atmosphère devient plus belle pour quelques heures. Les choses les plus simples sont les plus précieuses ici.

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