Chapitre 16

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Il se demanda si elle croyait ses propres paroles. Car Jace en était sûr, elles ne s'appliquaient pas à lui. Ses sentiments s'étaient enfoncés trop profondément au fond de son cœur, comme gravé au fer rouge.

- Je t'en prie. Il suffirait de ne rien dire, de faire semblant...

- Il n'y a pas de semblant qui tienne, répliqua Jace d'un ton définitif. Je t'aime et je t'aimerai toujours.

Clary retint son souffle, mais ne dit rien. Il avait fini par les dire, ces mots qu'il n'allait jamais pouvoir effacer, ces mots qui resteraient toujours entre eux, comme une épée de Damoclès. Mais Jace ne regrettait rien. Il fallait qu'il les dise, comme un exorcisme.

- Je sais ce que tu penses, reprit-il. Tu t'imagines que je veux être avec toi pour... pour me prouver que je suis un monstre. C'est peut-être le cas, je n'en sais rien. Mais une chose est certaine : même si du sang démoniaque coule dans mes veines, je ne pourrais pas t'aimer de la sorte s'il ne me restait pas une parcelle d'humanité. Les démons, eux, n'aiment pas. Alors que moi...

En se rendant compte de ce qu'il venait de dire, il se leva brusquement. Depuis si longtemps, il s'était convaincu d'être forcément quelqu'un de mauvais, plus proche du démon que de l'ange, et voilà que, sans en avoir réfléchi avant, il venait de briser toutes ses croyances.

Jace ne savait plus où il en était, qui il était vraiment. La seule chose sûre était son amour pour Clary, un amour qu'il n'avait pas le droit d'extérioriser. Allant jusqu'à la fenêtre, il observa le panorama qui s'offrait à lui, le cœur battant.

- Jace ? entendit-il.

Il ne répondit rien, ne sachant que dire. Un bruit lui indiqua que la jeune fille venait de se lever et le rejoignait. Un geste, doux, le fit frissonner et il sentit la main de Clary se poser sur son bras.

- Qu'est-ce qui ne va pas ?

Il continuait à regarder au dehors. Sa bulle venait d'éclater et il se rendait compte des aveux qui avaient franchi ses lèvres. Les regrettait-il ? Oui, certainement un peu. Mais il ne pouvait s'en vouloir, l'occasion ne se représenterait peut-être plus.

- Je n'aurais pas dû te dire ça. Je suis désolé. Je suis peut-être allé trop loin. Tu semblais si... bouleversée.

Lui-même sentait à quel point sa voix était tendue.

- Oui c'est vrai. J'ai passé ces quelques derniers jours à me demander si tu me haïssais. Et ce soir, en te voyant, j'en étais arrivé à la conclusion que c'était bien le cas.

- Moi, te haïr ? répéta-t-il, médusé ?

Comment aurait-il pu ressentir quelque chose d'aussi impure que la haine pour elle ? Comment ?

Il se pencha pour effleurer son visage du bout des doigts. L'angoisse de la séparation était de plus en plus forte et il réalisait enfin à quel point elle allait lui manquait lorsqu'il partirait.

- Je te l'ai dit, je n'arrivais pas à dormir. Demian soir, à minuit, nous serons soit en guerre soit sous la domination de Valentin. C'est peut-être la dernière nuit de notre existence. Du moins, la dernière nuit normale où nous pourrions dormir et nous lever le matin comme d'habitude. Et moi, je ne pensais qu'à la passer avec toi.

Clary se figea et son visage se vida de son sang.

Il était enfin arrivé à la conclusion qu'il n'avait même pas comprise lui-même alors qu'il marchait dans les rues, la nuit le faisant frissonner comme jamais auparavant.

Il voulait, une seule fois, pouvoir faire comme si. Comme s'ils ne vivaient pas dans un monde de chaos où les ténèbres menaçaient de prendre le contrôle, où leurs sentiments étaient tout autant impurs que ceux qu'ils chassaient. Comme s'ils ne partageaient pas le sang de l'ennemi numéro un de leur monde. Comme s'ils étaient des adolescents normaux, qui voulaient juste sentir le souffle de l'être aimé ralentir doucement pour devenir calme alors qu'il sombrait dans le sommeil. Juste une fois pouvoir jouer la comédie. Une nuit, était-ce trop demandé ?

- Jace...

- Ce n'est pas ce que tu crois. Je ne vais pas te toucher, à moins que tu le veuilles. Je sais que c'est mal, mais je veux juste m'endormir et me réveiller à tes côtés, une seule fois dans ma vie. Juste cette nuit. Dans le grand ordre de l'univers, ce n'est qu'une broutille, non ?

Clary reprenait doucement des couleurs et il lut dans ses yeux toute l'hésitation. Il savait déjà ce qu'elle allait dire, à quel point ils regretteraient cette nuit le lendemain matin, à quel point il allait être dur de jouer la comédie devant tout le monde. Il savait qu'elle avait raison, et il ne pouvait même pas lui en vouloir. Il respecterait sa décision, mais il se devait de lui dire tout ça, avant que Valentin ne les sépare.

- Ferme les rideaux avant de te coucher. Je ne peux pas dormir avec la lumière dans pièce.

L'incrédulité s'empara de lui à mesure qu'elle prononçait ces mots. Impulsivement, il la saisit et la serra dans ses bras en enfouissant son visage dans ses cheveux.

- Clary...

- Viens te coucher, dit-elle doucement. Il est tard.

Il la regarda s'écarter de lui et se remettre au lit en rabattant les couvertures sur elle. En la regardant, il pouvait presque les imaginer tous les deux des années plus tard, si la situation avait été différente, ensemble depuis si longtemps qu'ils répéteraient la même scène tous les soirs. Que chaque nuit leur appartiendrait.

Il ferma les rideaux, son cœur battant contre sa poitrine. Il avait l'impression de ne plus savoir quoi faire, de commettre à chaque geste une erreur. Ôtant sa veste, il la posa sur le dossier de la chaise. Détachant sa ceinture et délaçant ses bottes, il vint s'allonger auprès de Clary avec des gestes précautionneux. Il la sentait près de lui, sa respiration, son odeur, le chatouillement de ses cheveux, son cœur qu'il entendait battre.

- Bonne nuit, Clary, murmura-t-il.

Il n'osait bouger de peur de la toucher. Les mains plaquées le long de son corps, il respirait à peine. Glissant la main sous le drap, la main de Clary effleura la sienne et il se raidit, ne sachant comment réagir. Puis il se détendit, laissant un soulagement envahir son corps et un sourire se dessiner sur ses lèvres.

- Bonne nuit, chuchota-t-elle.

Et, la main dans la main tels les enfants d'un conte de fées, ils s'endormirent côte à côte dans le noir.

The Mortal Instruments : Point de vue de Jace - TERMINEETempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang