Je-ne-sais-qui, je-ne-sais-quoi, je-ne-sais-où ou l'époux de bons conseils

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Sans discuter, Manque de Chance leur donna les cent pièces et emporta le chat en le cajolant. Quand les trois frères furent rentrés chez eux, le père leur demanda :

- Qu'avez-vous acheté ?

- Moi, dit l'aîné, j'ai acheté des fourrures.

- Moi, dit le cadet, j'ai acheté du miel.

- Et moi, dit Manque de Chance, j'ai acheté ce chat que des enfants voulaient noyer.

En entendant cela, les deux aînés se mirent à rire.

- Ah ! Manque de Chance, c'est bien toi ça ! Un chat pour cent pièces d'or !

- Peu importe, dit le père, ce qui est fait est fait. Il partira sur la mer et il vendra son chat comme vous, vos marchandises.

Il bénit ses fils et le lendemain matin, ils partirent chacun sur leur navire. Au bout de trois mois, ils débarquèrent sur une île inconnue. Or dans cette île qui pourtant était de toute beauté, il y avait un gros problème : les souris pullulaient, comme l'herbe dans les champs, rongeant tout, perçant tout, et dévorant tout car il n'y avait pas de chats sur cette île. Ces rongeurs étaient une calamité publique. Le frère aîné débarqua un soir et porta ses fourrures au marché. Malheureusement, il ne put rien vendre au matin suivant car dans la nuit, les souris avaient rongées les fourrures, si bien qu'elles étaient pleines de trous. Le cadet arriva ensuite, et porta lui aussi son miel au marché. Mais comme pour l'aîné, les souris frappèrent. Et le lendemain, le miel fut invendable car le tonneaux étaient percés, le miel s'était répandu par terre, et plein de crottes de souris. Le troisième jour, Manque de Chance débarqua avec son chat en laisse. Mais à peine arrivé au marché, le chat se mit à tuer des souris. Il en tua dix, vingt, puis cent, c'était un vrai massacre ! Les marchands du pays vinrent à l'idiot, émerveillés :

- Combien vends-tu cette bête merveilleuse ?

- Je ne sais pas, dit Manque de Chance, combien m'en donnez-vous ?

- Nous t'en donnons trois tonneaux d'or.

- C'est entendu !

L'idiot donna le chat, reçut trois tonneaux d'or, puis comme il vit ses frères faire une drôle de tête et leur dit alors :

- Allons, ne soyez pas tristes ! Prenez chacun un tonneau d'or, et laissez-moi ici avec le troisième !

- Merci, dirent alors les frères aînés, mais pourquoi te laisser ici ? Tu ne reviens donc pas auprès de notre père ?

- Non, répondit Manque de Chance avec un sourire heureux de sa décision, je me trouve très bien dans ce pays. C'est le seul endroit où personne ne m'a encore traité d'idiot.

- Adieu, alors !

- Adieu, répondit le benjamin des trois.

Ses deux aînés s'en allèrent, chacun dans son bateau avec son tonneau d'or tandis que Manque de Chance restait seul avec le troisième.

- Que vais-je bien pouvoir en faire ? Je n'ai pas besoin de tout cet or-là pour moi...

Alors, il distribua son or aux pauvres, vendit son bateau pour acheter de l'encens. De cet encens, il fit un gros tas sur la plage. Une fois, la nuit venue, il y mit le feu et, pendant que l'encens brûlait, il se mit à danser tout autour en criant joyeusement :

- C'est pour toi, bon Dieu ! C'est pour toi, bon Dieu !

Alors un ange de Dieu descendit du ciel à sa rencontre et lui dit :

- Grand merci à toi, Manque de Chance. Tes bonnes actions méritent une récompense alors la première chose que tu demanderas, je suis chargé de te l'accorder. Alors dis-moi, que désires-tu ?

Contes des Amours d'éphèbesWhere stories live. Discover now