neuvième

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eden

Je suis toujours en train de discuter avec Benjamin, Deen nous a lâché. On parle de voiture et il s'étonne que j'en connaisse autant sur ces dernières. Je ris en me moquant de lui qui fait la moue, parce qu'il est à la ramasse, d'après lui. Cora vient nous rejoindre et me fait un signe de tête vers le balcon. Je tourne la tête et aperçois Ken, seul, qui s'est enfermé sur le balcon. J'hésite un moment mais je finis par me lever pour le rejoindre. J'ouvre doucement la fenêtre du balcon et la referme derrière moi. Il fait bon ce soir, mais heureusement que j'ai un pull. Je m'assois sur la rambarde du balcon et c'est la qu'il relève la tête vers moi, alors qu'il a ses coudes appuyés contre la rambarde.

— C'est en quel honneur ? Il me demande.

— Pourquoi t'es comme ça avec moi ? Je lui demande sans le regarder. Je n'ai pas envie de voir son petit sourire en coin.

— Comme quoi ?

— Comme un abrutit, je chuchote presque.

Il soupire mais ne dis rien, se contentant de tirer une taf sur sa clope. Il joue avec ses doigts mais ne prend toujours pas la parole, alors je reprends.

— J'ai fais quelque chose ? Je lui demande à nouveau.

— Non.

— Alors pourquoi t'es comme ça ?

— J'aime pas les princesses, il répond simplement.

— J'en suis pas une, je souffle, agacée.

— Ah bon ? Il se tourne vers moi. Et quand tu m'as fait une crise à la soirée l'autre soir pour ton t-shirt alors que c'est toi qui m'es rentré dedans ? Tu sais que c'est toi qui m'a foncé dedans. Et quand plus tard tu m'as pris de haut aux shooting ? Et quand t'as continué à me prendre de haut, hier soir, devant mes potes ?

— Je... je commence. Je suis pas une princesse, ok ? Loin de là.

— Vraiment ? Parce que vu le milieu du quel tu viens, vu comment tu agis, j'aurais dis le contraire, il me contredit.

— Tu te trompe j'en suis pas une, c'est juste que... Il me coupe presque instantanément.

— Prouve-le moi, alors, il dit.

Je tourne la tête vers lui, étonnée, et le regarde dans les yeux. Il avait déjà les yeux posés sur moi et attendait ma réponse. Pour une fois il a sa casquette à l'envers. Ça me rappelle que j'ai celle de Deen sur la tête, moi aussi. Je le regarde en essayant de comprendre ce qu'il veut me dire par ; « Prouve-le moi ». Puis, je me lève et lui attrape le poignet, nous ramenant à l'intérieur de l'appartement, jusqu'à la porte d'entrée. Il attrape une veste au passage et on prend l'ascenseur. Une fois arrivés dans le hall je sors, ma main toujours agrippée à son poignet et le lâche quand je commence à marcher.

— Annnh, il commence. J'ai compris, tu ne prends pas la voiture, tu marche. Ça c'est pas un comportement de princesse, il dit ironiquement, et je souris malgré tout à sa remarque.

— On peut mettre de côté nos différents un moment le temps que je te prouve que je ne suis pas une princesse ? Je dis, en insistant sur la négation. Tu pourras recommencer à me détester après.

— Je te déteste pas, il avoue.

— Bah on dirait.

Il ouvre légèrement sa bouche puis la referme aussitôt. Je regarde ma montre et remarque qu'il est seulement vingt-trois heures, alors je continue de marcher jusqu'à apercevoir le premier endroit qui m'intéressais. Ken tourne sa tête vers moi quand il aperçoit l'enseigne Mcdonald's. On entre et il met directement sa capuche sur sa tête, je lui demande ce qu'il veut et il finit par me le dire après quelques minutes de combat. Je commande deux menus et une boite de vingt nuggets. Une fois notre commande prête j'attrape le sac et on sort du fast food. Je continue de marcher en essayant de me souvenir quelles rues prendre pour arriver là où je veux.

— Tu sais, t'étais pas obligée de me payer mon macdo, je pouvais me le payer, il brise le silence.

— Avoue t'as pas ta carte sur toi, je lui dis en souriant malicieusement.

Et pour la première fois depuis le début de la soirée, je lui arrache un vrai sourire. Il est beau quand il sourit. Ça me fait sourire encore plus.

— Tu m'as arraché de l'appart en deux-deux aussi, il se défend.

— C'est qu'un macdo, je lui réponds en le regardant.

— Merci, il finit par dire.

Je souris timidement, ne voulant pas lui faire peur à trop sourire, pour tout et pour rien. Mais rien que la situation me donne envie de sourire. Je ne sais pas par quel miracle on est là, tout les deux, marchant en silence. Je prends à gauche à la prochaine intersection et Ken ouvre grand les yeux quand il aperçoit l'enseigne dorée devant nous.

— Qu'est-ce qu'on fout là ? Il me demande, toujours avec des grands yeux.

— Chut, je lui fait signe de se taire. Tu dois le dire à personne, hein ?

Il hoche la tête et me suis silencieusement. On se dirige vers le grand bâtiment d'Yves Saint Laurent et j'ouvre la petite porte sur le côté avec ma clé, je fais mon code pour éviter que les alarmes ne se déclenchent et on entre en faisant le moins de bruit possible. Quand on monte au premier, on croise Adel, qui est notre vigile de nuit, et je lui souris timidement lorsqu'il porte son doigt à sa bouche pour me faire comprendre qu'il ne dira rien. Je viens souvent ici quand ça ne vas pas, il a l'habitude, je pense que même Francesca le sait, mais elle me fait confiance. Je pousse une petite porte et on prend l'escalier de service, je sens la main de Ken attraper mon poignet pour suivre, et je ne retire pas sa main. On arrive au bout de l'escalier et je pousse enfin la porte pour entrer sur le toit.
Ken se tourne vers moi, puis vers la vue. Un sourire se dessine sur son visage et je m'applaudis intérieurement pour l'avoir fait sourire une deuxième fois, ce soir.

— C'est magnifique, il murmure.

Je m'assois près du rebord du toit et admire la vue à mon tour. Nos bureaux ont vues sur la plus belle partie de Paris, selon moi. On est quasiment face à la tour eiffel. Seule la seine nous en sépare. Elle brille ce soir, et ça se reflète sur la scène.

— Je viens ici chaque fois que ça ne vas pas. La plupart du temps, c'est quand mon père repart, ou qu'il me manque trop, je commence. C'est un peu mon échappatoire. Ça me permet d'oublier tout mes problèmes.

— Tu ne vois pas souvent ton père ? Il me demande.

— Non... Il est toujours en voyage d'affaire.

— Et ta mère ?

— Pas là. Elle est décédée quand j'avais un mois.

— Merde, désolée, il se dépêche de dire.

— T'excuse pas, c'est rien, je ne l'ai jamais connue, je lui réponds en le regardant.

Il me fixe à son tour et on reste silencieux. Je décide d'attraper le sac Mcdo en espérant que rien n'est froid et le pose entre nous deux. Ken s'empresse de sortir la boite de nuggets et on la commence tout en discutant un peu de tout et de rien. Il me raconte leur rencontre avec les gars, certaines de leurs péripéties. Moi je lui parle de Cora, de mon travail chez Saint Laurent. Tout paraît presque normal, à ce moment là.

— Tu sais, si t'avais pas agis comme ça à la soirée, j'aurais été plus gentil avec toi, il m'avoue.

— Tu veux la vérité ? Je commence en riant et il acquiesce. Je venais juste de l'acheter, il était neuf. Et en plus j'étais hyper stressée d'avoir perdue Cora.

— Je comprends mieux, il sourit.

— T'étais assez insolent, toi aussi, je continue.

— C'est vrai, il avoue. Eden ? Je relève les yeux vers lui et il reprend. T'es pas une princesse.

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plein d'amour

insieme / nekfeuWhere stories live. Discover now