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Je te connais, garçon empressé et dingue, tu n'as aucune limite, tu n'écoute que toi même, tes envies et tes idées. Tu n'as pas peur de mes réactions explosives, tu n'en as jamais eu peur. Tu n'as pas peur de mes regards noirs et de mes colères. Tu me dévores des yeux depuis des mois, des années, je n'arrive pas à soutenir ton regard. Depuis première fois depuis des mois, ton regard est trop brûlant, trop révélateur de ce que je t'inspires, il est trop transparent pour que j'y voie tout ce qu'il veut dire, trop insistant, trop toi.

Je te connais, garçon amoureux et puissant, je ne pourrais pas te voir pleurer encore une fois. Je ne pourrais pas t'entendre dire que tu ne m'as pas oubliée, je ne pourrais pas voir ton sourire en coin, je ne pourrais pas voir ta mâchoire dessinée se serrer de déception encore une fois. C'est pour ça que je ne veux plus te voir. Je refuse de t'effleurer, de te toucher, de croiser ton regard, de te croiser tout court. Je ne veux pas de ton corps devant mes yeux.

Notre histoire a un goût d'inachevé, et tu fais tout pour lui donner une suite. Tu ne baisses jamais les armes, pas vrai ? Tu n'as jamais arrêté, à se demander où tu trouves cette détermination. Qui aurait cru que j'allais laisser un bout de moi en toi ? Qui aurait cru que tu gardes en mémoire chaque détail de moi, chaque mot, mes yeux, mon odeur, mes mimiques ?

J'aimerais que tu m'oublies, ce serait tellement plus simple, pour toi comme pour moi. Je me sens méchante, j'ai l'impression d'être la pire personne du monde, et je déteste ça. J'ai été méchante et lâche avec toi, c'est vrai. J'ai dit des mots blessants, j'ai fait des choses qui m'auraient blessée, si j'avais été toi. Tu es blessé. A cause de moi. Et moi, je fais tout pour t'éviter, tout ce que tu demandes est que je t'écoute. Mais je refuse de t'écouter.

Tu vas me dire quoi, quoi qui me fasse tout quitter ? Tu m'aimes, tu n'as pas cessé de le faire malgré tes conneries et mon absence, tu m'as rendue heureuse, tu m'as rendue malheureuse. J'ai entendu ça mille fois dans tes messages. Jamais en face. Tu ne m'as jamais dit je t'aime les yeux dans les yeux, sans te cacher, sans l'écrire, je ne t'ai jamais entendu déballer tout ton sac pour de vrai. Je n'ai jamais vu autre chose que ton absence. Qui te donne le droit de revenir ?

Je veux t'écouter, j'ai envie d'entendre pour la première et la dernière fois tes mots, ta voix trembler, ta sincérité et ta sensibilité que tu caches tellement bien, je veux t'entendre parler, t'expliquer. Pour la dernière fois avant que je m'en aille.

Je suis partie. Tu me parlais et je sentais la colère monter en moi, cette colère sourde et muette, et je suis partie. Tu m'as couru après comme si ta vie en dépendait, tu m'as pris le menton comme tu aimais le faire, me forçant à te regarder dans les yeux, me forçant à te faire face. Je t'ai regardé. Je te promets, j'ai mis toute ma colère dans mes yeux, mais ton regard était plus fort que le mien. Tu t'es approché de moi, dangereusement approché. Ta bouche était à quelques centimètres de la mienne, puis ma main t'en a collé une avant même que je m'en rende compte. Tu t'es frotté le visage, meurtri, la joue rouge et cuisante. J'ai regardé ma main comme si elle avait agi seule, puis je lui ai souri. Merci, esprit de défense, c'était parfait. Tu m'as dit que j'étais folle. Je t'ai répondu folle, mais pas conne, pas aveugle, pas deux fois, t'as vraiment cru que j'étais idiote pour me laisser embrasser, manipuler ?. Tu as froncé les sourcils et j'ai rigolé, un rire fou, un rire sincère, un vrai rire. Tu m'as regardée et les mots te sont venus tout seuls. "t'es méchante, tu sais quoi t'es méchante et horrible, avec ton regard incendiaire, tu sais très bien que tu me fais de l'effet, tu contrôles tout pas vrai, tu contrôles tout, t'as cru que ça allait marcher avec moi ? t'as cru que j'étais assez con pour te dire dans les yeux que je t'aimais ? Eh ben t'as raison, je t'aime et je t'aimerais encore longtemps alors que toi t'es avec un autre, je peux pas le blairer putain il te rend heureuse putain il,a fait ce que j'étais pas capable de faire, tu sais quoi, tu me fais mal a me regarder, avec tes putains d'yeux qui me rendent dingue."

J'ai souri. Que faire d'autre ? J'étais en train craquer. J'étais en train de te regarder comme si tu venais de m'ensorceler, plus je te regardais plus tu t'effondrais. Sans un mot, une larme a roulé sur ma joue. Puis une autre. L'air les rendait glacées. J'étais glacée, non pas ma peau brûlante, mais à l'intérieur les glaciers rivalisaient avec les icebergs gelés, ils craquaient doucement, un vent glacial et mortel par dessus, c'était mon cœur à ce moment. Glacé. Douloureux.

Alors j'ai hurlé que je te détestais, que tu étais un imbécile, un con, un enculé même, j'ai hurlé de toute ma voix, et tu t'es mis a pleurer aussi. Quel beau spectacle. Deux personnes face a face, hurlant et pleurant, se battant avec des mots, les yeux dans les yeux, le cœur bien accroché, les larmes tombant sur le béton.

T'as été ma plus belle histoire, aussi la plus destructrice.


Mensonges.Where stories live. Discover now