Partie 41 : où les humains paniquent

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2 l'observe tandis que la RP discute avec 6, tout en tentant de cacher que l'amertume du café l'écœure. Elle est contente de voir un adulte arriver à parler aussi naturellement à son petit frère, à qui elle pose des dizaines de questions sur ce qu'il fait, ce qu'il aime, ce qu'il voudrait... C'est pourtant exactement cette attitude qu'elle reproche à Burther. Il faut un moment à la jeune fille pour réaliser que la différence, c'est que Hindgam ne pose pas des questions pour préparer le terrain à des questions-pièges, mais bel et bien pour entendre les réponses. Elle s'intéresse. Elle est gentille et intelligente. C'est un plaisir de la voir. Elle lui offre un deuxième café.

La femme le prend et tout de suite le change de main pour secouer la première en s'exclamant : « Ouch ! Je me suis brûlée ! Regarde ! » Docilement, 2 regarde. À la place de la brûlure attendue, elle voit des mots écrits au stylo : « coupe les micros — fait comme accident ».

Lorsque la jeune Tech relève les yeux sur elle, Hindgam retire sa main et continue de rire de sa prétendue maladresse. Et lui lance un regard interrogateur. 2 se demande si c'est un test, un test de quoi, pourquoi, pour qui ?

En même temps, il n'y a pas de mal à obéir à la responsable des relations publiques du Président, non ? Ce n'est pas comme si c'était une ennemie. 2 ne coupe pas les micros mais installe une image fantôme dans le système de surveillance, qui donne l'illusion qu'ils partent tous les trois de la pièce, que 2 et 6 retournent dans leur chambre et que Hindgam s'en va. Puis elle murmure :

« C'est fait.

— Ils ne nous entendent pas ?

— Ils nous croient partis.

— Bien. Normalement tu ne dois pas être au courant mais je sais que tu t'en apercevras vite. Tu n'es pas bête, loin de là. J'ai pensé qu'il valait mieux t'avertir directement, sans que la hiérarchie ne le sache.

— Qu'est-ce qui se passe ?

— On a merdé.

Silence. Ève évite le regard de 2 et son expression de fureur rentrée n'a rien à voir avec le sourire aimable qu'elle arborait il y a quelques instants. 2 note que c'est une bonne menteuse, et se promet de ne pas l'oublier.

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Il y a eu pas mal de discussions sur ce que vous deviez devenir. L'armée veut que vous soyez considéré comme des armes, moi j'inclinais plutôt vers "pupille de l'Alliance" histoire que ce soit bien officiel... Du coup, c'était du n'importe quoi.

— Vous m'avez dit que c'était juste en attendant. Qu'ensuite on allait me confier des vraies missions.

— Oui et j'ai travaillé dans ce sens. J'avais prévu une bonne campagne de pub pour vous dévoiler au public et elle était basé là-dessus justement : on vous prenait en charge, on vous offrait une éducation, une carrière, et nous travaillerions main dans la main au service des citoyens, l'alliance naturelle entre la nouvelle espèce humaine et la grande humanité, tu vois le genre ?

— Oui. C'est normal. C'est bien ce qu'on veut faire.

— Tout à fait, mais lorsqu'il s'agit de faire passer un message au public, on ne peut pas se contenter de dire ce qu'on veut faire. Pour qu'une masse comprenne ce qu'on veut lui faire comprendre, il y a des techniques à utiliser et des trucs à éviter.

— Et quelqu'un s'y est pris de travers.

— Oui. Je ne sais pas d'où ça vient mais ce n'est pas dur de trouver à qui le crime profite... En tout cas c'est la folie dehors. Tout ce qu'ils ont retenu c'est : "des armes biologiques capables de contrôler tout le système Tech" et "des monstres créés en laboratoire". Pour toi c'est ta maison, je suppose que tu n'as pas la moindre idée de l'impact négatif qu'a le mot laboratoire dans le public... ça va vraiment mal.

Les Techs - Tome 1 : les secrets du LaboratoireWhere stories live. Discover now