- Il faudrait peut-être penser à rentrer chez Magnus, suggéra-t-elle d'une voix extrêmement douce. Alec est là-bas depuis un bout de temps.
- Je doute que ça lui pose problème, la coupa-t-il.
Et il doutait qu'elle s'en intéresse réellement. Il s'agissait juste d'une manœuvre pour le faire rentrer chez Magnus. L'un comme l'autre savaient parfaitement qu'Alec s'était sans doute beaucoup plus amusé qu'eux. Mais elle s'inquiétait des conséquences si quelqu'un découvrait ce qu'ils avaient fait, et cela le touchait. Elle continuait à veiller sur lui. Et aussi étrange que cela pouvait l'être, il appréciait cela.
Ça n'avait jamais été le cas. Lorsqu'Isabelle ou Alec montrait un signe d'inquiétude, il avait tendance à mal le prendre. Personne n'avait à s'inquiéter pour lui, il était parfaitement capable de se débrouiller seul. Mais pas aujourd'hui. Depuis quelques semaines, il commençait de plus en plus à avoir besoin de l'aide et du soutien de Clary, et cela le terrifiait tout autant que ça le réjouissait.
Il se leva malgré tout, et, saisissant sa stèle, traça sur sa peau blafarde une rune de guérison. La douleur s'estompa petit à petit.
- J'ai quelque chose à te demander, continua-t-il, en se dirigeant vers elle.
- Je t'écoute.
Elle semblait sur la défensive, et il la comprenait tout à fait.
- Comment tu t'y es prise pour me sortir de ma cellule, dans la Cité Silencieuse ? Comment as-tu déverrouillé ma porte ?
- Oh ! commença-t-elle en se détendant. J'ai juste eu recours à une rune de descellement classique et...
Mais elle ne put finir car un bruit strident se fit entendre. Par réflexe, Clary porta sa main à la poche de son jean, mais Jace savait déjà que ça ne pouvait être la sonnerie d'un téléphone. Il avait reconnu la sonnerie de la cloche de l'Institut.
- C'est la cloche de l'Institut, expliqua-t-il en voyant Clary regarder autour d'elle d'un air désorienté. Viens.
Il attrapa sa veste et sortit de la chambre, tandis que la jeune fille le suivait de près.
Ils avaient presque atteint le vestibule quand Isabelle sortit de sa chambre en peignoir, un masque en soie rose repoussé sur le front et une expression hébétée sur le visage.
- Il est trois heures du matin ! s'écria-t-elle d'un ton qui suggérait que c'était forcément la faute de Jace ou de Clary. Qui vient sonner à notre porte à cette heure ?
- Peut-être que c'est l'Inquisitrice, répondit Clary en blanchissant légèrement.
Jace se retint de lui prendre la main pour la rassurer. Pas devant Isabelle.
- Elle peut rentrer sans notre aide, objecta-t-il. Comme n'importe quel Chasseur d'Ombres, d'ailleurs. L'Institut n'est fermé qu'aux Terrestres et aux Créatures Obscures.
Même en y réfléchissant, il ne parvenait pas à imaginer qui cela pouvait être. Luke ? Mais il aurait appelé Clary, il ne serait jamais venu comme ça sans prévenir.
- Simon ! ça doit être lui !
Oui, ça aussi il l'avait imaginé. Mais il avait préféré le chasser de son esprit. Revoir le rat ne faisait pas parti de ses priorités.
- Oh, fit Isabelle en bâillant, ne me dis pas qu'il nous réveille en pleine nuit pour te prouver son amour ! Il n'aurait pas pu appeler ? Décidemment, les hommes sont des imbéciles.
Et les femmes aveugles...
Ils pénétrèrent dans le vestibule qui était désert : Max avait dû regagner son lit. Isabelle traversa le hall pour presser un interrupteur. Quelque part dans la cathédrale, un grincement s'éleva.
- Voilà, l'ascenseur est en route.
- Sans blague, il aurait pu avoir la décence d'aller se prendre une cuite quelque part et de s'endormir dans un caniveau, ironisa Jace. Je dois dire qu'il me déçoit.
Mais Clary ne réagit même pas à sa pique. Elle ne sembla plus les écouter, et son visage continuait à blanchir de façon presque inquiétante. Elle frissonna, et Isabelle jeta un coup d'œil à Jace, avant de lancer :
- Il fait froid ici, hein ?
Avec une gentillesse que Jace n'aurait jamais imaginée possible, elle décrocha d'une patère un manteau en velours bleu.
- Tiens, mets ça ?
De façon automatique, Clary s'en empara et resserra les pans du vêtement autour d'elle. Il était trop grand, mais ça n'avait pas d'importance.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et Clary s'engouffra à l'intérieur, comme Jace l'avait pressenti.
- Mais qu'est-ce que tu fais ? demanda Isabelle avec stupeur.
- C'est Simon qui est en bas, j'en suis sûre !
- Mais...
Jace rejoignit Clary dans la cabine étroite et tint la porte. Clary avait maintenant besoin de lui, et il se devait de l'aider.
- Viens, Isa.
Avec soupir théâtral, elle s'engouffra dans l'ascenseur. Grâce aux vitres présentes dans la cabine, Jace remarqua que Clary tentait d'accrocher son regard, mais il se força à l'ignorer. Il ne voulait pas qu'elle lise le trouble dans ses yeux, ni sa peine devant son inquiétude pour le Terrestre. Il se surprit à siffloter, pour faire passer le temps et ce moment gênant.
Quand la porte de l'ascenseur s'ouvrit sur la nef de la cathédrale illuminée par les flammes tremblotantes des cierges, Jace sentit le corps de Clary passer devant lui, et il ferma un instant les yeux. Lorsqu'il les ouvrit, il la vit s'élancer dans l'allée, trébuchant sur les pans trop grands de son manteau. Elle ne s'en inquiéta pas, et se contenta de le relever d'un geste brusque avant de reprendre sa course jusqu'à la porte à double battant dont les verrous en bronze étaient de la taille de son bras. Jace la rejoignit alors qu'elle tirait de toutes ses forces.
- Tu devrais l'aider, murmura Isabelle doucement. Elle risque de se blesser.
Vu la panique que devait ressentir Clary, Jace était certain qu'elle en était capable. Aussi, il apporta son aide, et posa sa main sur celle de Clary, ignorant le courant électrique qui courrait le long de sa colonne vertébrale. Tous les deux réussirent à ouvrir la porte.
L'air nocturne s'engouffra en soufflant les cierges dans leurs chandeliers. Il apporta avec lui la puanteur de la ville – gaz d'échappement, béton mouillé, détritus – et un relent plus discret. Une odeur de sou neuf.
Jace remarqua immédiatement la silhouette noire qui se tenait sur les marches. Surpris, il reconnut les traits de Raphaël et avança d'un pas. C'est à ce moment qu'il vit qu'il tenait quelque chose dans ses bras. Un corps. Ses membres pendaient, inertes, et sa tête rejetée en arrière révélait la gorge mutilée. Avec horreur, il reconnut le visage du terrestre, et d'un geste purement instinctif, il referma sa main sur le bras de Clary. Ce n'était pas seulement pour elle qu'il le faisait, mais aussi pour lui, il sentait l'horreur qui se précipitait vers eux, et la terreur commençait à se nicher au creux de son ventre. Clary hoqueta en reconnaissant le corps. Et d'une façon inhumaine, un long hurlement déchira la nuit glaciale.
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The Mortal Instruments : Point de vue de Jace - TERMINEE
FanfictionPlongez dans l'esprit de Jace Wayland ! Plusieurs passages présents dans les livres "The Mortal Instruments", réécris du point de vue de Jace ! **** Ces passages ne m'appartiennent pas ! J'ai tout simplement repris les dialogues des personnages en i...
Chapitre 11
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