The Mortal Instruments : Point de vue de Jace - TERMINEE

Chapitre 13

- Ou quoi ? s'exclama-t-il en se levant d'un bond, ne supportant pas d'imaginer cette scène. Je serai placé dans un orphelinat à Idris avant d'être parachuté dans une famille que je ne connais pas ? Pas question !

Comment pourrait-on l'accepter ? Lui, le fils de Valentin, celui qui était maintenant considéré comme un traître, même par sa propre famille ?

- Je pourrais décrocher un petit boulot dans le monde des Terrestres pendant un an, vivre comme eux...

- Tu en es incapable, objecta Clary en le regardant avec un air triste, presque empli de pitié qui lui donnait envie de vomir. Je suis bien placée pour le savoir, Jace : j'ai été l'une des leurs. Tu es trop jeune pour trouver un travail qui te plaise. Sans parler de tes compétences... En général, les tueurs professionnels sont plus vieux que toi. Et ce sont des criminels.

- Je ne suis pas un assassin.

Jace la fusilla du regard puis se renfrogna.

- Si tu devais vivre dans le monde terrestre, tu ne pourrais pas espérer autre chose, dit Luke.

Jace s'empêcha de le regarder, sachant pertinemment qu'il avait raison. Que pourrait-il faire s'il n'était plus un Chasseur d'Ombres ? Tuer était ce qu'il savait le mieux faire, il en était devenu un expert. Une vie dans le monde des Terrestres était exclue, il le savait bien. Mais la perspective de l'autre option lui faisait bien plus peur !

- Je ne peux pas rentrer ! s'exclama-t-il, lui-même surpris par ce cri de désespoir.

Il ne voulait pas paraître pour un faible, or il savait que c'était exactement ce à quoi il ressemblait à cet instant : un faible. Et il se détestait pour ça, violemment.

- Maryse voudrait que je crie sous tous les toits ma haine pour Valentin, et j'en suis incapable.

Ça non plus, il n'avait pas prévu de le dire, mais c'était trop tard, c'était dit. Il releva la tête et fixa Luke. Il l'avait connu, Valentin, ils avaient été proches et il comprenait ce que lui, Jace ressentait. En fait, il s'agissait de la seule véritable personne capable de le comprendre, de comprendre à quel point il était tiraillé entre l'envie de retrouver ce père qu'il avait connu et qu'il avait aimé, et cette haine qui le faisait bouillir de l'intérieur. Cette dualité le dévorait et il ne savait pas comment faire pour s'en sortir.

- Je sais, répondit Luke avec douceur. Moi aussi je l'ai aimé.

Jace sentit ses épaules se relâcher d'un coup. Au fond de lui, il avait eu peur que Luke réagisse comme Maryse et lui impose de haïr Valentin. Il aurait dû s'en douter : Luke n'était pas comme ça.

- Tu n'es pas obligé de proclamer que tu hais Valentin, poursuivit le chef de meute, même pour rassurer Maryse. Ta position n'a rien d'anormal.

Comme un petit garçon, Jace se sentit mieux, comme s'il entendait qu'il n'avait commis aucune faute, qu'il n'était pas le seul coupable...

- Elle t'a demandé de ne plus jamais revenir, s'enquit Clary, ou c'est toi qui en es arrivé à cette conclusion ?

Jace reporta son attention sur la jeune fille, qu'il avait presque oubliée. Cette histoire avec Valentin n'était pas seulement difficile pour lui, mais aussi pour elle, il avait tendance à l'oublier.

- Elle m'a dit qu'il vaudrait peut-être mieux que je m'installe ailleurs pendant quelques temps. Elle n'a pas précisé où.

- Tu lui as donné une chance de finir, au moins ? intervint Luke. Écoute, Jace. Tu es le bienvenu chez moi aussi longtemps qu'il te plaira. Je tiens à ce que tu le saches.

Cette proposition le touchait autant qu'elle le terrifiait. Dormir chez Luke ? Clary vivait là-bas, elle aussi. Serait-il capable de la voir tous les jours et de jouer la comédie, de mettre ce costume de frère qu'il devait enfiler aux yeux de tous ? Il se savait déjà incapable de le faire. Et à voir la tête de Clary, elle non plus.

- Merci... murmura-t-il.

Son regard croisa celui de Clary, et sans avoir besoin de parler, il sut que c'était inenvisageable, autant pour l'un que pour l'autre.

- Cependant, reprit Luke, je crois que tu devrais retourner à l'Institut, juste le temps d'avoir une explication avec Maryse afin de découvrir ce qu'il en est vraiment. J'ai l'impression qu'elle ne t'a pas tout dit et que tu n'as pas pris la peine de l'écouter.

En détachant son regard de celui de Clary, Jace fixa Luke, et il sut qu'il ne pourrait jamais faire cela seul.

- D'accord, accepta-t-il. Mais à une condition : je refuse d'y aller seul.

- Je viendrai avec toi, proposa immédiatement Clary.

Au moins, il savait que malgré tous les événements qui venaient de se passer, il pouvait compter sur elle.

- Je sais. Je n'en attendais pas moins de toi. Seulement, je veux que Luke vienne, lui aussi.

Luke sembla surpris, comme s'il ne s'attendait pas à ce qu'il lui demande son aide. Mais autre chose se cachait derrière cette façade : une sorte de peur, ou d'appréhension.

- Jace... ça fait quinze ans que je vis ici, et je n'ai jamais mis les pieds à l'Institut. Je doute que Maryse m'apprécie beaucoup...

Rassemblant son courage et ravalant son orgueil – avec beaucoup de difficulté – Jace murmura :

- S'il te plaît.

Luke le fixa et finit par hocher la tête, comme le chef de meute qu'il était. Il avait l'habitude.

- C'est bon, je viendrai.