5 : Première visite en prison.

Start from the beginning
                                    

— Je vais payer le livre, je ne vais pas vous retarder.

— Nickel ! Oh, et tutoie-moi, si t'es un ami de Lucile. Son ami est mon ami, c'est la devise ! On se partage tout ! Ou presque hein.

Alors que l'homme rigole nerveusement, Lucile se sent affreusement gênée. Qu'a-t-elle fait pour avoir l'amie qui la met dans les situations les plus embarrassantes qui soient ?


Après avoir payé, Adrien s'apprête à sortir de la boutique, et Caro, qui s'approche de son amie avec les bras chargés de cartons de livres, trouve le moyen d'ajouter, avec sa discrétion qui lui est propre :

— Hé pas mal ton collègue ! Il a un mignon petit cul.

Adrien, sur le seuil de la boutique, se retourne vers les deux jeunes filles, et Lucile devient rouge pivoine. Elle a honte des fois de Caro. Très honte, même. 

Bien, son collègue a entendu qu'il a un mignon petit cul. Il ne lui reste plus qu'à l'éviter dans les couloirs comme les adolescentes de quatrième à qui elle fait cours, qui fuient un garçon au charme « irrésistiiiiiible ». 

Sans se dégonfler pour autant, Caro ajoute :

— Au revoir Adrien, à bientôt !

— Au revoir, répond ce dernier, un sourire amusé aux lèvres.

Lucile, à ce moment-là, veut disparaître. Cela coûte combien de faire changer ses papiers d'identité et s'inventer une nouvelle vie au Pérou ?




Dans la voiture, Lucile n'a pas ajouté grand-chose, son cerveau imaginant de multiples scénarios et recherchant le meilleur moyen pour semer Adrien dans les couloirs le lendemain. Il va y avoir une sacrée ambiance au collège !

Caro gare sa petite voiture vert pomme (cette fille fait tout dans l'originalité, c'est un devoir) sur le parking du centre de détention, manquant d'emboutir deux autres voitures.

— Pas trop stressée ? demande-t-elle à son amie qui doit être aussi verte que la carrosserie.

— Après avoir passé une demi-heure avec toi et ta conduite furieuse, tu me demandes si je ne suis pas stressée ? s'étonne Lucile, qui se sent vaseuse après avoir eu l'impression qu'elle finirait dans le bas-côté au moins quatre fois.

— Je parlais de la prison, ajoute Caro en lui bousculant l'épaule.

— C'est juste un dépôt de livres, non je...

— Non ! Ce n'est pas juste ça. On va dans leur bibliothèque, on apporte de nouveaux livres parmi ceux qui traînaient dans l'arrière-boutique quand j'ai récupéré le bâtiment, et on discute littérature pendant une petite heure ou deux avec les détenus. Ce sera cool !

Cool. Ce n'est pas le premier mot qui est venu à l'esprit de Lucile quand elle a appris qu'elle serait au milieu de criminels. Personne n'imagine ça cool. Depuis quand c'est cool de parler d'écrivains au milieu de meurtriers, tortionnaires et violeurs ? Depuis quand ?

— Fais pas cette tête, lance l'éternelle femme désinvolte. Ça va bien se passer, il y aura des surveillants avec nous. Enfin je pense. Au pire, dis-toi que si un te tue aujourd'hui, il sera déjà en prison. La justice sera encore plus rapide, et tu légueras ton héritage plus rapidement à tes descendants. Que tu n'as pas. Je serais toi, je me mettrai vite en couple avec cet Adrien, et copuler. Écoute les conseils de ta meilleure amie, tu ne trouveras pas mieux ailleurs.

IcareWhere stories live. Discover now