– C'est la raison pour laquelle les Jedi Noirs ne sont pas des Sith, alors ? demanda Chloan, intéressé par la tournure que prenait la conversation.

– Exact, acquiesça le maître Sith. Les Jedi Noirs ne voient le Côté Obscur que comme un moyen plus rapide, plus facile, d'acquérir du pouvoir. Leur seul but, c'est d'être plus puissant que les Jedi, maîtres du Côté Lumineux, le plus souvent d'afin d'assouvir une quelconque vengeance.

–Je ne trouve son apprentissage ni rapide, ni facile, maître, se renfrogna Chloan. Canaliser ses émotions demande beaucoup de travail.

– Le Côté Obscur parait « simple » aux néophytes, parce que créer des émotions semble plus naturel que les refouler. Un coup de poing donné sous l'emprise de la colère délivrera davantage de puissance brute, même pour un non-sensitif. Cependant, comme je te l'ai enseigné, « simple » et « facile » ne sont pas des synonymes. Seul un travail assidu permet d'apprivoiser toutes les subtilités du Côté Obscur.

Au regard sceptique de son apprenti, Zilar sentit qu'il n'était pas convaincu. Il retint un autre soupir. La jeunesse avait peut-être l'avantage de l'enthousiasme, mais elle était aussi bien ancrée dans des principes qui n'avaient pas encore subi le feu de l'expérience. Il faudrait marteler ses convictions, les forger avec le Côté Obscur, pour passer enfin son apprenti dans la trempe du combat qui scellerait son avenir.

– Ces Jedi Noirs... sont-ils toujours des Jedi, au départ ? demanda Chloan.

– Oui, à croire que leur utilisation du Côté Lumineux de la Force ne leur donnait pas entière satisfaction, gloussa le Maitre Sith. Certains Jedi Noirs forment directement des « élèves » ; avec une si vaste galaxie, nombre de sensitifs échappent aux Jedi, et restent inintéressants aux yeux des Sith.

– Ils ont quitté l'Ordre Jedi pour reproduire le même schéma ? Et pourquoi continuer à revendiquer le terme « Jedi », même affublé du terme « noir » ou « obscur » ? Je veux dire, à rompre les ponts, autant changer de nom...

Zilar termina son verre de thé à la menthe avant de répondre.

– Tout n'est pas si simple, apprenti. Les Jedi aiment les subtilités. Certains Jedi Noirs n'embrassent pas le Côté Obscur de leur propre volonté.

– Comment ça ? s'étonna le jeune homme.

– Les Jedi se plaisent à faire régner l'ordre et la justice, ils croient représenter l'incarnation du Bien, du Côté Lumineux... mais où placer réellement la frontière entre le Côté Clair et le Côté Obscur ? Le but ultime peut être lumineux, et les moyens pour l'atteindre, obscurs... Ainsi, le Jedi Noir ne se rend pas toujours compte qu'il a « basculé ». Il cherche à se justifier aux yeux de ses pairs. Qui le rejettent. Bien souvent, c'est leur confrérie même qui les exclue, d'où le nom qu'ils se complaisent à garder, afin de souiller d'une tache indélébile l'aura de blancheur immaculée dont aime s'entourer l'Ordre.

– Je vois, murmura Chloan. Et les Sith qui utilisent le Côté Lumineux, ce sont des Sith Clairs ou des Sith Blancs ?

– Des Sith qui utiliseraient le Côté Lumineux ? répéta Zilar, déconcerté. Impossible. Une hérésie. Pourquoi se fatiguer avec le Côté Lumineux quand tu as accès aux arcanes obscurs ?

– Mais s'il y a autant de Jedi Obscurs, il y a bien dû y avoir des Sith Clairs, non ? persista le jeune homme.

Le maitre Sith balaya l'argument d'un revers de la main.

– Les Sith n'ont jamais été très nombreux. Et lorsqu'ils l'étaient, ils passaient leur temps à s'entretuer pour gagner en puissance. Comment veux-tu qu'un Sith Clair puisse seulement exister ? Un Sith qui n'use pas du Côté Obscur est un Sith mort, c'est tout. Un Sith Blanc, et puis quoi encore...

L'Apprenti SithWhere stories live. Discover now