10. Tournant.

Depuis le début
                                    

– J'ai entendu ce matin qu'il y avait des Jedi en ville. Alors je suis allé leur parler, continua-t-il.

Le Maître Sith s'étrangla avec le liquide brûlant.

– Tu as... quoi ? tempêta-t-il. Ne me dis pas que tu les as invités à dîner, tant qu'à y être !

– C'est vrai, je peux ? s'enthousiasma immédiatement le garçon.

– Bien sûr que non, imbécile !

D'un geste rageur, il reposa son verre sur le petit guéridon à sa droite. Ce moment de détente qu'il s'accordait chaque jour venait brusquement de prendre fin. Il se massa l'arête du nez tandis qu'il réfléchissait à ce nouveau problème.

– Je t'écoute, dit-il enfin, résigné.

– J'ai senti leur présence sur le chemin de l'école. J'ai décidé de les suivre.

– Quelle brillante idée. Je suppose qu'il ne t'est pas venu à l'esprit que leur formation, contrairement à la tienne, était terminée ? Qu'ils pourraient distinguer ton aura ? s'échauffa Zilar.

– Je ne suis pas allé leur dire « Bonjour, je suis un apprenti Sith, enchanté », si c'est ce que vous craigniez, maître, rétorqua Chloan.

– Évidemment, ou tu ne serais déjà plus de ce monde.

– Je les crois plus ouvert d'esprit que vous ne le pensez, maitre. Et je sais que notre existence doit demeurer secrète. J'ai pris la précaution de dissimuler ma présence dans la Force. Ils n'ont pas eu de soupçons.

– Ou bien ils t'ont utilisé comme appât pour remonter jusqu'à moi.

– Si tel était le cas, vous vous en seriez rendu compte, maitre, répliqua le jeune homme avec un sourire narquois.

Zilar balaya son argument d'un revers de main.

– N'essaie pas de m'amadouer... J'aurais eu cent fois le temps de quitter les lieux avant que tu ne rentres.

– Alors n'essayez pas me faire croire que vous n'étiez pas au courant de la présence de Jedi sur Lianna... Vous saviez qu'ils ne représentaient pas un danger.

Voyant le maitre Sith se rembrunir, Chloan jugea préférable de concéder le point.

– De toute manière, nous avons seulement discuté. J'ai voulu en savoir davantage sur leurs croyances, comment le fait qu'ils soient Jedi changeait ou non leur perception du monde. Et comment ils manipulaient leur « Force », dans quel but, tout ça.

Zilar se renfonça dans son fauteuil.

– Intéressant. Quelles leçons en as-tu tirées ?

– Eh bien, je dirais que pour des gens qui appartiennent au Côté Lumineux, ils vivent trop dans la peur du Côté Obscur. Or la peur, par essence, relève du Côté Obscur. Etrange, n'est-ce pas ?

Le maitre Sith opina du chef.

– Les Jedi se sont toujours méfiés de leurs émotions. A croire qu'ils cherchent à ressembler à des droïdes, sans chaleur et sans passion. Les émotions sont la vie, elles représentent la Force.

– Pourtant, maître, vous m'avez dit qu'il fallait s'en méfier, objecta Chloan.

– Car elles doivent nourrir, et non remplacer, ta pensée. Elles sont le carburant, non le gouvernail, qui te permettent de naviguer les courants du Côté Obscur. Les Jedi croient que les émotions submergent l'individu et le livrent à la toute-puissance de la Force. Si eux se soumettent à ce qu'ils croient être sa « volonté », les Sith voient davantage la Force comme une alliée, un moyen d'atteindre leur but.

L'Apprenti SithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant