Chapitre 1:

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A seize ans, j'ai dévalé en toute vitesse la pente raide de l'amour et je me suis heurtée à un rocher nommé mâle. J'ai croisé sur ma route un garçon avec un charme quelque peu satanique. Il avait vingt ans et un teint cuivré qui témoignait de son sang-mêlé. Ses traits révélaient une finesse orientale, mais il y avait en lui une fougue typiquement nègre. Il n'allait plus à l' école et circulait sur sa moto comme un jeune premier de cinéma.
Il était spécialisé dans le repérage de de vierges. Il les flairait à des centaines de mètres à la ronde. Celles qui ne l'étaient plus ne l'intéressaient pas. Ce qu'il voulait c'était être le premier à s'abreuver pour ensuite se détourner et allait courir d'autres filles.
Les filles s'ouvraient comme des fleurs à peine écloses qui offraient déjà en leur creux une goutte de rosée au goût de nectar
Il était comme ces divinités animistes qui réclament sans cesse du sang de vierge. Et on se précipitait sur son lit devenu un autel pour lui faire l'offrande de ce qu'on avait de plus précieux. En moi aussi, il a trouvé une source d'où il a fait jaillir de l'hymen. Ma douleur n'était pas que physique elle était surtout mentale. Jamais un sentiment de culpabilité n'a été aussi mordant chez moi.
Cette soirée est gravée dans ma mémoire parce que le mince filet rose laissé sur un drap de lit était mon innocence perdue à jamais. Je me suis retrouvée brutalement expulsée du Paradis de l'enfance. J étais devenue soudainement consciente de la nudité de ma conscience. Ce que j'avais vécu ne se limitait pas à une marque sur ma chair. C est mon esprit qui a été défloré.
Ce garçon qui m'avait arraché ce que j'avais le plus cher au Monde réglait ses comptes avec sa vue et ses identités fragmentées
Il faisait des ravages à l'Immaculée Conception de Dakar où j'étudiais. Les bonnes soeurs le maudissaient et priaient la vierge Marie de l'éloigner de nous . Mais il venait toujours se mettre devant l'école avec sa moto et c était pour lui plaire qu'on raccourcissait nos blouses. On se maquillait et ,en passant devant lui on marchait comme de vraies catins. Soeur Maria la mère supérieure qui était Espagnole en perdait sa langue.

J'ai revu le gars il y a un an et il ne m'a  fait aucun effet juste le sentiment de dégoût qui s'animait lorsque je repensais  à ce qu'il m'avait fait à l'époque. Des salauds comme lui j'en croisais beaucoup sur mon chemin
Je suis comme ces chercheuses d'or qui plongent à la recherche d'une pépite.
Même si on me traine dans la boue j' accepte , grâce à l'espoir de trouver la pépite d'or , celui qui m'enrichira non avec des billets de banque mais par une grandeur d'âme.
Celui là même qui me délivrera de mes surnoms de Madame couche toi là en m'offrant plus qu'une étreinte sans lendemain..

Chronique De Fatim: De La Traînée À La Sainte Where stories live. Discover now