Chapitre 6:

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Il y a quelque temps , un matin, j'ai décidé qu'il me fallait changer de vie et que je devrai trouver le plus vite possible un époux . Pas un homme de mon âge parce qu'ils sont compliqués et capricieux mais un vieux , une sorte de guide qui viendrait chez moi tous les vendredis avec son exemplaire de Coran pour m'initier un peu aux choses spirituelles et moi je lui ferai du poulet et du jus de gingembre histoire de le revigorer un peu.
Deux jours après cette décision, je suis sortie de chez moi pour aller à la boutique et je croise dans la rue un monsieur d'une soixantaine d'années en caftan blanc avec le chapeau en forme de carré "kopati" assorti et un chapelet à la main qui revenait de la mosquée d'à côté. Je me suis dit voilà l'homme idéal et je lui ai offert mon sourire le plus engageant. Après les salamalecs, il m'a posé quelques questions sur ma vie et j'ai répondu avec un tel enthousiasme qu'il m'a dit que deux adultes ne doivent pas discuter dans la rue. Il avait raison et je l'avais invité chez moi. Dès que monsieur a constaté que je vivais seule il s'est métamorphosé je n'avais jamais vu une métamorphose pareille. J'ai voulu savoir des choses sur lui afin de mieux sympathiser , mais monsieur ne voulait pas de cela. En trente minutes , son vocabulaire a changé du tic au tac. Au fur et au mesure qu'il me parlait je sentais le malaise me gagner et je me demandais comment me débarrasser de ce fou. Il m'a raconté qu'il travaillait avant sa retraite à la Régie des chemins de fer, qu'il était  contrôleur dans les trains et il avait une amante dans chaque ville où il y avait une gare . Les femmes l'appelaient le monsieur à la belle moustache.
Je me suis dit: je peux dévier la conversation sur un terrain moins dérangeant et je lui ai posé des questions sur la religion.
Par la suite après de véritables fous rires il me dit: «Tout à l'heure lorsqu'on discutait  dans la rue tu as baissé en un moment ton regard et je suis sûr que c'était pour vérifier si j'étais en érection ou pas.»
  J'ai tous les défauts du monde , mais je ne cours pas encore au hasard des rues à la recherche d'un étalon . Ainsi de l'après-midi jusqu'au crépuscule j'ai dû supporter la présence de monsieur parce que j'étais persuadée qu'il était fou et capable de tout donc j'essayais de lui faire croire qu'il y aura de la suite après la rencontre.
Il est parti après avoir enregistré mon numéro de téléphone et vérifié sur place que c'était bien le mien et j'ai pris le sien pour le mettre aussitôt sur la liste des numéros filtrés.
Il a fait des tentatives les jours suivants en revenant chez moi mais par la vitre teintée de la fenêtre j ai vu que c'était lui et je n ai pas ouvert la porte. Parce que Monsieur , un après midi ca suffit.
  En faire son mari revient à un suicide.

Chronique De Fatim: De La Traînée À La Sainte Où les histoires vivent. Découvrez maintenant