Chapitre 14:

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  Je suis le genre de femme qui n'hésitent pas à dire tout ce qui leur arrive à tout le monde.  Je peux faire d'une parfaite inconnue rencontrée à l'arrêt de bus,  une très  grande confidente. C'est vous dire que je n'ai aucun mal à me répandre . Seulement pour cette histoire - ci, je ressens un peu de retenue . Ce qui refreine mes élans, c'est que chaque fois que je dis ce qui m'est tombé dessus,  on me regarde éberlué.  Et pourtant,  je ne leur dis que cette phrase sonne toute banale : «Je suis amoureuse ». C'est curieux dans un pays où les musiciens  s'égosillent en vantant la force de l'amour,  les femmes qui sont encore assez naïves pour aimer,  sont regardées comme des martiennes.  Personne n'est amoureuse de personne en réalité,  les romances chantées,  vantées,  sublimées,  relèvent toutes de la fiction et moi,  je veux en faire une réalité.  Ainsi,  je suis amoureuse d'un joueur de «Navétaan» , le capitaine  de l'équipe de mon quartier.
     
         Flashback:

   Je n'étais jusque là pas intéressée par le football,  mais une copine m'a trainée jusqu'au stade pour la finale. Et là,  ce fut la révélation ! Le capitaine de l'équipe Mame Meissa,  une vraie étincelle sur le terrain,  nous a permis de remporter la finale par un tir décisif.  Il était venu de Kaffrine pour tenter sa chance à Dakar.  J'étais tellement éblouie par son jeu,  son charisme,  que je manque même de mots pour le qualifier . Après le match,  avec ma copine et quelques supportrices,  nous sommes allées chez lui pour le féliciter.  La fête à duré une heure,  les autres «gni am kilifeu » sont parties.  Moi je suis restée.  J'étais fascinée par le gars je le trouvais d'une beauté ensorcelante , avec ses rastas qui poussent. Il avait une manière de tourner la tête . C'est vous dire comme j'étais envoûtée !  Ce que je ne savais pas en m'embarquant dans une histoire avec le type,  c'est que les histoires d'amour avec certains hommes ont un prix.  Il faut avoir la main sur le coeur comme on dit.  Puisque l'amour est aveugle,  j'ai mis du temps avant d'en faire le constat,  mais Mame Meissa a des folies de grandeur . Il veut des chaussures Nike,  des vrais jeans Lewis, des caleçons Calvin Klein et pour tout ça,  c'est moi qui devais débourser . Comme je participais à une tontine,  j'ai convaincu la femme qui la gérait pour qu'elle m'avance trois cent mille francs.  Cet argent m'a filé entre les doigts,  parce que Meissa à de ses caprices...  Le grand problème , c' est qu'il voulait coûte que coûte aller au Qatar.  Il ne parlait que de cela,  c'était une obsession. En me parlant de son rêve,  Meissa  croyait que je pouvais obtenir des crédits ou hypothéquer un titre foncier,  mais rien de cela n'était possible.  N'empêche , je frappais à toutes les portes et lui s'énervait,  sous prétexte que j'étais une femme. D'après lui,  je pouvais régler n'importe  quel problème. J'en ai parlé à une copine,  qui m'a dit que l'homme dont je suis amoureuse voulait que je me prostitue pour lui payer son voyage au Qatar. 

Je l'aimais ,c'est évident, mais je n'étais pas partante pour faire le trottoir afin que Meissa puisse devenir une star.

Chronique De Fatim: De La Traînée À La Sainte Where stories live. Discover now