Chapitre 2:

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Nous vivions dans un monde où les bourreaux arborent des masques de héros. Mais il suffit qu'une jeune fille avec un corps de déesse se présente devant eux pour que le masque de respectabilité tombe et l'on découvre leurs faces cachées de fauves. Cette catégorie de gens, j'en ai si souvent croisés que j'ai le coeur meurtrie. Le pire dans tout cela c'est que je suis tellement habituée à ce qu'on entre en moi par effraction que ça me parait normal. Et c'est cela le grand danger : Accepter l'inacceptable.
Très tôt , les hommes m'ont fait porter un vêtement où je me sens pas du tout à l'aise, celui qui brise de temps à autre la monotonie de leurs existences.
Pour les hommes j'étais celle qui pimentait leurs vies lorsqu'ils ont envie d'assaisonner leurs quotidiens bien rangés avec des épouses comme il le faut. C'est par moi qu'il taquine le diable .
Lorsque j'avais dix huit ans,  je voulais écrire.  J'avais même commencé par de petits poèmes naïfs,  mais c'était ma façon de faire face à la vie,  armée seulement d'un stylo.  Seulement les hommes avaient construit une cage avec leurs préjugés pour m'y enfermer et je ne doutais de rien.
Je croyais en la lumière intérieure de l'homme . Je ne savais pas qu'en la plupart d'entre eux , leur soleil intérieur est mort depuis longtemps et tout ce qu'ils savent faire c'est projeter  de l'ombre et obscurcir les autres.

       Flashback:
Un jour j'étais allée voir un étudiant qui avait trente ans de plus que moi et qui écrivait des livres sensés guider le peuple. J'étais allée vers lui pour demander des conseils. Je m'attendais à apprendre quelque chose de lui par rapport à la littérature. Il habitait à Dakar tout seul dans une villa au bord de la mer . Lorsque je suis arrivée chez lui , il a eu un sourire de vieux lion qui voit une gazelle . Au lieu d'un cours j ai eu droit à des étreintes que seul son désir de chair fraiche motivait. J ai découvert ainsi le côté carnassier de ce vieil étudiant.

      Fin du flashback

Ce genre de malentendus est fréquent dans ma vie . Mon plus rude combat c'est de ne pas tomber dans leurs pièges . Et c'est un combat sans relâche parce que l'adversaire avance masqué dans mon champ de confiance.
Mais chercher à échapper à un destin tracé par les hommes c'est déjà vaincre ce destin même si l'adversité est partout.

Chronique De Fatim: De La Traînée À La Sainte Where stories live. Discover now