Elle le regardait d'une façon qui le faisait frémir. Puis, elle secoua la tête et redevint timide.

- Pardon, poursuivît-elle. Je suis là à te faire la leçon alors que tu étais peut-être venu ici pour trouver un peu de tranquillité.

- Tu as raison, admit-il, regardant ses mains.

Il la sentit se tendre à côté de lui et retirer la main qu'elle avait posée sur la sienne, au-dessus de son genou, sans même s'en rendre compte.

- Très bien, je te laisse.

Elle se leva d'un bond et faillit tomber à la renverse en se prenant les pieds dans sa robe. Jace l'observa une seconde sans rien faire, ébahi par sa réaction, puis comprit dans un éclair de lucidité. Il s'était mal exprimé et elle pensait qu'elle le dérangeait. Sans attendre plus longtemps, il bondit et lançant sa boîte à terre pour la rattraper.

- Clary !

Elle s'arrêta mais ne se retourna pas, de telle façon qu'il ne pouvait pas voir son visage. Il ne pouvait que se l'imaginer, fermé et dur, tandis qu'elle cachait la douleur qui la submergeait.

- Clary, attend ! Ce n'est pas ce que je voulais dire. Je n'ai pas envie d'être seul. Tu as raison au sujet de Valentin et des Lightwood...

Il arrêta de parler tandis qu'elle se retournait vers lui. Sur son visage, il pouvait encore voir les stigmates des horreurs qu'elle avait vécues pendant des semaines, par sa faute, et cela la rendait encore plus belle. Une petite brise ramenait ses boucles sur son visage. Elle semblait à la fois si forte et si fragile. Tout ce qu'elle avait enduré pesait sur ses épaules. Il aurait tellement voulu la soulager de tous ses maux. Lui savait comment gérer ces émotions, il avait l'habitude, son cœur s'était déjà tellement de fois brisé qu'il connaissait toutes les manières pour protéger ce qui restait intact. Mais elle... Elle n'aurait jamais dû subir cela.

- Tu sais, murmura-t-elle en le capturant du regard, Aline prétend que je ne t'intéresse peut-être plus, maintenant que ce n'est plus interdit et qu'on peut être ensemble si tu le souhaites.

Elle frissonna et Jace aurait voulu aller la prendre dans ses bras pour la réchauffer mais le ton qu'elle avait employé le clouait sur place.

- C'est vrai, tu n'es plus intéressé ?

- Intéressé ? Comme si tu étais un livre ou une pièce de théâtre ?

Comme d'habitude, il utilisait le sarcasme pour s'exprimer quand il n'y parvenait pas sincèrement. Mais là, il devait l'être, sincère, face à Clary. Il lui devait bien ça !

- Tu sais, je n'ai jamais vraiment cru que tu étais ma sœur. Ça me minait, mais je refusais d'y croire. Je n'ai jamais eu de sentiments fraternels pour toi. En revanche, j'ai toujours eu l'impression que tu faisais partie de moi. (En remarquant l'air perplexe de Clary, il grogna) Je m'exprime mal ! Je détestais l'idée que tu sois ma sœur, je détestais me sentir coupable. Mais...

- Mais quoi, souffla Clary qui semblait à bout de force.

- Je voyais la joie mauvaise qu'en retirait Valentin. Il s'en est servi contre nous. Et pour ça, plus encore que le reste, je l'ai détesté. En même temps, j'avais besoin d'une raison de le haïr. Par moments, je ne savais plus si je devais ou non le suivre. J'ai dû faire un choix difficile... plus difficile que je ne veux l'admettre.

- Un jour, l'interrompit Clary, tu m'as dit qu'on avait toujours le choix. Au final, tu as choisi l'autre camp, et c'est tout ce qui compte.

Jace respira un grand coup.

- Je sais. Je dis seulement que, si j'ai bien choisi, c'est en partie grâce à toi. Je ne peux pas me passer de toi, Clary. Et je ne le veux pas.

Voilà, c'était dit. Il fit un pas dans sa direction, les yeux fixés dans les siens.

- J'ai toujours pensé que l'amour rendait bête et faible. Aimer c'est détruire, tu te souviens ? Je croyais que pour être un bon guerrier, il fallait se moquer de tout. J'ai pris des risques insensés. Je crois que j'ai donné des complexes à Alec sur ses talents de combattant, tout ça parce que lui tenait à la vie. Et puis je t'ai rencontrée. Tu étais un terrestre. Tu ne savais pas te battre. Tu n'avais jamais reçu d'entraînement. J'ai vu à quel point tu aimais ta mère et Simon tu serais allée en enfer pour les sauver. Tu t'es précipitée dans cet hôtel infesté de vampires. Je connais des Chasseurs d'Ombres qui, même avec dix ans d'expériences, ne s'y seraient pas risqués. L'amour ne te rendait pas faible, il te donnait de la force. Alors, j'ai compris que le faible, c'était moi.

- Non, protesta Clary avec véhémence, tu n'es pas faible.

- Plus maintenant, répondit-il en chuchotant.

Jace fit un pas de plus vers elle. L'espace entre eux diminuait radicalement et ils étaient suffisamment proches pour se toucher.

- Si Valentin n'arrivait pas à croire que j'avais tué Jonathan, c'est parce que j'étais le faible et qu'il était mieux entrainé. En toute logique, c'est lui qui aurait dû me tuer. Il a bien failli, d'ailleurs. Mais j'ai pensé à toi. Je t'ai vu de mes yeux comme si tu te tenais devant moi, et j'ai compris que je voulais vivre, plus que jamais, ne serait-ce que pour revoir ton visage une dernière fois.

Pendant qu'il parlait, il s'était encore rapproché, de tel façon que leur visage se touchaient presque. Jace pouvait voir chacune des particules de son visage, chacune des taches de rousseurs qui parsemaient sa face. Elle était si belle...

- Et maintenant je te regarde, poursuivit-il, et tu me demandes si je veux encore de toi ? Comme si je pouvais cesser de t'aimer ! Je n'ai jamais osé distribuer des marques d'affection autour de moi... je l'ai un peu fait avec les Lightwood, Alec, Isabelle, mais il m'a fallu des années. Et pourtant, dès que je t'ai vue, Clary, je t'ai appartenu corps et âme. C'est toujours le cas, si tu veux de moi.

Il observa, le cœur battant, la jeune fille qui tentait de reprendre son souffle, ébahie par les propos qu'il venait de tenir. Puis, sans crier gare, elle le saisit par le devant de sa chemise blanche et l'attira à elle en un baiser passionné.

De toute les fois où ils avaient échangés des baisers, celui-ci était le plus passionné, tout en étant le plus doux. Ce besoin vital de la sentir contre lui faisait perdre la tête à Jace. Elle était partout et rien n'aurait pu les séparer en ce moment.

Au bout d'un moment, il s'obligea à s'éloigner de ses lèvres envoûtantes, pour l'observer. Il prit son visage dans ses mains et plongea dans l'abymes de ses prunelles.

- Voilà, lança-t-il avec une lueur malicieuse dans ses yeux. Ce n'était pas si mal même si ce n'est plus interdit, non ?

- J'ai connu pire, répliqua-t-elle en riant, se lovant contre son torse.

Il reprit le visage de la jeune fille dans ses mains et pencha sa tête vers la sienne, de sorte qu'elle sente son souffle lui caresser le visage lorsqu'il parla :

- Tu sais, murmura-t-il, si c'est le manque d'interdit qui t'inquiète, tu peux me fixer des limites. Me refuser des trucs.

- Comme quoi, par exemple ?

Il se mit à sourire à pleine dents et, en lui volant une nouvelle fois ses lèvres, il l'emporta dans un tourbillon de sentiments magiques, tout en lui murmurant une dernière fois :

- Comme ça.

The Mortal Instruments : Point de vue de Jace - TERMINEEWhere stories live. Discover now