LUCY

18H05

Je suis assise sur le lit avec Samuel dans mes bras. Le Père Jonathan récite les dernières prières mais je sais qu'il n'est plus nécessaire de le faire. L'aura de Samuel est petite et discrète, mais bien présente avec un vert magnifique qui s'étend doucement. Je ne quitte pas cet homme des yeux non plus. Son regard a quelque chose de familier mais je ne pourrais pas dire quoi. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas ce qui me perturbe le plus. Je ne dis rien mais n'en pense pas moins. Sa couleur noire s'étire et je ne veux pas l'admettre mais la forme qu'elle prend, me fascine et me terrifie à la fois.

Elle est imposante et grande.

Seulement, ce n'est pas la seule peur qui traverse mes pores. Lorsqu'il a exorcisé cet enfant, j'y ai vu quelque chose. Les mêmes ombres que je n'ai qu'aperçu qu'à vive allure à chaque fois. Cette fois-ci, j'en ai mieux vu une et elle est sortie de Samuel avant de disparaitre dans le dos du Père Jonathan. Je ne sais pas quel est ce lien qui relie ces ombres à cet homme mais je le découvrirai.

Ses yeux verts se posent encore sur moi et sans le vouloir, mes mains tremblent nerveusement sur ce regard mais il trace le signe de croix sur nous en continuant sa prière.

- Ne craignons plus aucun mal, puisque nous avons avec nous le Seigneur qui vit et règne avec Dieu le Père Tout-puissant dans l'unité du Saint Esprit, Dieu Unique, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Il semble inquiet en le regardant quelques instants, mais me tourne le dos augmentant mon doute à son sujet. Je baisse ma vue sur l'enfant qui s'est endormi dans mes bras. J'essaie de l'allonger dans ce petit lit sans le réveiller pendant que le prêtre range ses affaires dans sa mallette. Il ne dit rien et mes pensées et mes questions ne tiendrons plus très longtemps. Cet homme est le seul à avoir une aura particulière et il est le seul à me dire que ce qu'on dit dans ces vieux livres est peut-être réel.

Le bien et le mal. Ce combat incessant. Cette lutte de la lumière sur les ténèbres. Quoi que soit ces ténèbres, il a l'air d'en savoir bien plus que moi. Mais j'ai besoin d'avoir d'autres réponses, il doit connaitre le père Ambrose. C'est certain, et il faut que j'en sache plus sur ce six.

- J'ai besoin de vous poser des questions.

Il se retourne, fronce les sourcils et m'observe, confus.

- Je... quel genre de questions ?

Je grimace et souffle doucement. Admettre et dire aux autres que l'on voit des choses étranges est toujours délicat. J'ai vu plus d'un sourire moqueur et plus d'un haussement de sourcils en faisant cet aveu. Alors depuis, je n'ose plus en parler.

- J'arrive... enfin, je dois en savoir plus sur un nombre.

Ses yeux verts me scrutent et ses lèvres se pincent. Sa respiration, que j'entends jusqu'ici s'accélère. il tire légèrement sur son col me dévoilant sa gorge. J'aimerai bien savoir tout ce qui passe à travers ses yeux verts pour comprendre, je devrais le toucher pour en savoir plus, mais je n'ose pas m'avancer vers lui. Quant à mon odora, mis à part un parfum masculin, boisé et fruité. Je ne sens rien le concernant. Il n'y a que cette aura sombre et son regard qui me percutent.

- Un nombre ?

Il arque un sourcil et se mordille le coin de la lèvre.

- Oui. Et j'ai besoin de discuter avec le père Ambrose, le connaissez-vous ?

- Que lui voulez-vous ?

Il me jauge, dans la hâte de savoir mais en une seconde, j'ai le sentiment qu'il en sait plus que ce qu'il essaie de me faire croire.