Chapitre VIII : L'après

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Léna et moi, étions parties en colonie l'été de notre année de quatrième. Nous avions rencontré deux animatrices de vingt-quatre ans qui étaient meilleures amies depuis la naissance. Elles nous ont appris que le partage dans une amitié est essentiel.
Lorsque nous sommes rentrées chez nous, j'avais pris deux boîtes, où par la suite nous avions conservés des tickets de cinéma, écris nos pensées, dessiné ce qui nous passait par la tête, puis nous nous les échangions. Ces boîtes ont duré plus d'un an, puis on les a délaissés.

Durant ces mêmes vacances, Léna m'avait donné rendez-vous au parc. Elle avait dans sa poche un paquet de cigarettes, du tabac, et un briquet.

- T'as pas envie d'essayer ? m'avait-elle demandé.

- Non ! lui répondis-je brusquement, Et si tu essayes, tu vas le regretter !

- Mais allez, avoue que tu en as envie ! Y'a des filles du collège qui m'ont fait essayer, l'autre jour, et c'est pas mal.

- Pardon ?

- Oui, la bande à Andréa ! On traîne pas mal ensemble le soir.

- Léna ! t'es pas sérieuse ? Tu traînes le soir avec elles ?

- Arrête d'être jalouse, c'est juste pour m'amuser la nuit, c'est toi ma meilleure am...

- Non, Léna ! la coupai-je. Le problème, c'est que tu sors la nuit, sans l'accord de ton père, je parie, et tu dois rentrer à point d'heure ! Et en prime, tes notes dégringolent ! Ta mère n'aurait jamais voulu que tu deviennes comme ça !

Léna me regarda comme si je l'avais giflée.

- Mais tu sais quoi, tu n'es pas ma mère, alors laisse-moi faire comme bon me semble, et dégage !

Après cette violente dispute, je ne lui adressais plus la parole. Léna avait changé, à cause de la mort de sa mère, et son père qui était absent.

Depuis, elle prit sur elle-même, et redevint la Léna d'avant.

Présent

Inconnu

Je... je n'avais même pas eu le temps de lui dire que je l'aimais. Léna était la fille de mes rêves, celle dont j'étais amoureux depuis la maternelle ; pour elle je n'étais encore qu'un ami, j'aurais voulu lui dire ce que je ressentais pour elle un jour, mais elle est morte à présent.

Depuis une semaine, elle occupait mes pensées nuit et jour, et j'étais malade de tristesse. Mes parents n'étaient même pas là pour me soutenir.

Léna était tellement lumineuse, tellement belle... mais je ne la reverrais jamais, je ne pourrais jamais lui tenir la main au cinéma, embrasser ses lèvres, l'enlacer...

C'était fini. Ma vie sétait achevée, et la seule chose que je voulais, c'était l'oubli. Je descendis dans la cave, et pris une bière, que j'avalais d'un trait ; la boisson alcoolisée me brûla la gorge, mais j'aimais cette sensation de chaleur.
Après la deuxième bière, l'image de Léna dans ma tête se brouilla, et ma tristesse sembla s'atténuer. J'en débouchai encore, je ne sais plus combien ; ma tête tournait, et je me sentais libre. J'avalai encore une gorgée. C'était le paradis.
Je me levais, et aperçus Léna, qui s'approcha de moi, et m'enlaça. Je tombais alors et perdis connaissance.

Alès

J'entrai dans la maison de Léna, accompagné de ma mère. Pendant qu'elle se chargeait d'aérer la maison, et de réveiller Mr Loster, je préparais le repas : au menu pâtes à la carbonara.

Je fis chauffer de l'eau, et en attendant qu'elle entre en ébullition, je mis le couvert pour trois personnes. J'essuyai mes larmes du revers de ma main, un geste chargé de désinvolture.
Je ne devais pas pleurer devant Mr Loster. Après tout, il venait de perdre sa fille, après sa femme.

Je préparai la sauce, mis les pâtes dans l'eau, et lorsqu'elles furent cuites, je les égouttai dans l'évier, et les mis dans une casserole. Je versai ensuite la sauce carbonara, qui dégoulina sur les pâtes, dégageant un fumet appétissant.

Je mélangeai les pâtes avec la sauce à l'aide d'une cuillère en bois ; le repas était prêt. Mr Loster vint à table, et me gratifia d'un léger sourire. Lorsque ma mère vint à table, nous commençâmes à manger les pâtes, sans un mot.

fin du huitième chapitre

Vivre sans toi Where stories live. Discover now