Chapitre VI : Le combat pour la vie

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Le lendemain je me réveillais tard. Ma mère avait oublié de passer dans ma chambre. Je m'habillai en coup de vent, pris mon sac de cours et dévalai les escaliers.

Lorsque je fus en bas, je pris une pomme afin de pouvoir grignoter sur le trajet. Le téléphone sonna en me faisant sursauter et je décrochai.

- Allo ? murmurai-je doucement à l'appareil.

- Êtes-vous bien Anna ?

C'est ainsi que j'appris que la vie de Léna avait pris fin cette nuit.

Il ny avait que très peu de chances de survivre à des lésions de la moelle épinière, mexpliquait linfirmier au bout du fil. Ses paroles se répercutaient dans le vide.

Il y avait donc peu de chance qu'elle vive.

Sans réfléchir, je pris un vase appartenant à ma mère et le balançai contre le mur. Il se brisa en mille morceaux, comme mon cur.

J'envoyai valser le téléphone et me mis à sangloter. Je glissai par terre impuissante. C'était impossible...

Je martelai le sol de mes poings souhaitant qu'il se brise qu'il explose, les larmes me brouillaient la vue.

Ce nétait quun mensonge. Elle était encore en vie

Je me mis à hurler à en faire éclater mes poumons pour faire sortir cette douleur qui me consumait de plus en plus.

Soudain je sentis des bras forts me soulever, ceux de mon père.

- Léna, Léna est morte ! parvins-je à articuler entre deux sanglots.

Je m'agrippais à sa chemise, de peur que tout s'écroule. Mon univers venait de s'effondrer.

Il monta dans ma chambre me posa dans mon lit et me borda. Il sortit ensuite de la pièce me laissant à mon désarroi et je me mis à pleurer sans retenue. C'était tout simplement impossible qu'elle soit morte ! La douleur me paraissait insupportable. Comme dans un flashback, je revis son tee-shirt rayé, le porte-clefs, le feu passer au vert, les sirènes des pompiers, ses yeux clos, cette unique larme sur sa joue...

« La fin de l'espoir est le commencement de la mort », avait dit mon professeur de français.

Ce n'était qu'un menteur, avec ses citations à deux balles.

Garde-espoir, Léna est forte, m'avait-on répété tant de fois. A quoi bon ? J'avais gardé espoir, cru en elle de toutes mes forces, sans baisser les bras et elle était morte !

Elle avait perdu le combat pour la vie.

Je me souvins des paroles qu'elle avait dit sur la mort :

- Je n'ai pas envie de mourir un jour, Anna. Je sais que le paradis n'existe pas, il ny a pas de vie après la mort ! Quand tu meurs tu ne sais même plus si tu as de la famille, tu n'es plus rien qu'un cadavre enterré sous terre ! Plus personne ne compte sur toi alors que tes proches continuent de pleurer une personne qui n'existe plus ! On est condamné à ne plus revoir le soleil, à ne plus parler, à ne plus rire, à être seul pour l'éternité ! Au final la vie ne sert à rien dans un sens, parce que lorsque l'on sera mort, on ne s'en souviendra plus, ce qu'on a vécu sera engloutit par le temps comme tant de choses ! Et puis j'ai envie aussi que les gens se souviennent de moi, que je laisse une trace dans le cur des gens à jamais. Je veux devenir célèbre pour qu'à ma mort je laisse une empreinte sur Terre ! Léna n'existait plus donc, elle ne faisait plus partie de ce monde. Comme j'espérais qu'elle n'ait pas souffert de la douleur, dans ce lit, qu'elle n'avait pas eu peur ! Car Léna avait horreur d'être seule, mais à présent, elle l'était pour l'éternité.

La porte de ma chambre souvrit en fracas et quelqu'un entra. Alès se tenait sur le pas de la porte le visage dévasté. Il se jeta sur mon lit et martela le matelas de ses poings :

« Putain, putain, putain ! » hurla-t-il sa voix secouée par les sanglots.

Il ne restait de ma vie plus que des éclats. La souffrance était trop forte pour que je puisse la supporter. Alès me serra dans ses bras de toutes ses forces, et pleura sans pudeur.

Il jura, évacuant sa rage sur mes oreillers. Javais limpression de vivre un cauchemar. Soudain, la réalité me frappa de plein fouet.

Léna nappartenait plus au monde des vivants.

Fin du sixième chapitre

Vivre sans toi Where stories live. Discover now