Chapitre VII : La fin d'une histoire

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Le ciel était gris, chargé, mais la pluie ne tombait pas.

J'attendais devant l'église avec mon frère et mes parents. La mère d'Alès arriva, tenant sa petite fille de huit ans par la main, précédée d'Alès et Kévin dont les parents étaient en voyage d'affaires.

Quelques élèves du lycée, dont Kirsten, Andréa et ses amies étaient venus à l'enterrement. Une semaine déjà...

Kirsten se mit à mes côtés et nous entrâmes dans l'église. Chacun de nos pas résonnait. En voyant le cercueil au fond, j'inspirai et marchai dans sa direction, lentement.

Je grimpai les marches une à une et m'arrêtai à côté du cercueil. Je ravalai mes larmes, fouillai dans ma poche pour en ressortir le porte-clefs.

Je pris ensuite la main de Léna, entrouvris ses doigts, pour glisser le porte-clefs puis restai un moment, tenant sa main. Je me rendis compte que ce serait le dernier contact que j'aurais avec elle, la dernière fois que je verrais son visage.

Sa peau était grisée, pâle, il ny avait plus aucune vie qui circulait dans ses veines.

Je refermai sa main doucement et la reposai. J'aperçus à son poignet notre bracelet, à nous deux. J'avais le même. Il était censé nous lier, peu importe l'endroit où nous étions. Je n'aurais jamais imaginé que l'endroit où Léna serait soit un cercueil. Elle avait les cheveux détachés et soigneusement brossés, alors que d'habitude, il y avait pleins de nuds. Elle avait les yeux fermés et dormait, pour un sommeil éternel.

- Tu vas me manquer, Léna Loster. Tu n'avais pas le droit de me quitter aussi tôt. Je sais qu'il me reste ma famille, mes amis, mais te perdre toi, c'est plus dur que tout, c'est inconcevable. Nos vies commencent à peine, que... que tu t'envoles déjà. Je t'aime, Léna !

Je refoulai mes larmes en fermant les yeux, mais elles roulèrent tout de même sur mes joues, une à une, comme les perles d'un collier rompu.

Je jetai un dernier regard à Léna, puis me détournai et vins m'installer au premier rang. Son père était à côté de moi, l'air dévasté ; il avait perdu sa femme et maintenant sa fille.

Je m'approchai de lui et il me prit dans ses bras. Lui aussi pleurait. C'est comme si cette étreinte nous faisait partager la peine que nous ressentions.

Alès s'installa à ma gauche et Kévin s'avança, abattu ; je savais que Léna était une personne très importante pour lui. Il plaqua un baiser sur ma joue, essuya mes larmes et s'assit à côté de moi sans un mot.

Le prêtre s'avança et commença son discours que j'écoutais d'une seule oreille.

Ensuite, il y eu le diaporama. Il y avait des photos de Léna à la naissance, des photos d'elle et sa mère, des photos datant de lorsque nous étions petites...

Mes larmes coulèrent cette fois sans retenue et Kévin me prit dans ses bras. J'éclatai en sanglots. J'étais faible, je n'arrêtais pas de pleurer. Sans Léna, je n'étais plus rien.

La cérémonie s'enchaîna, avec les éloges funèbres.

Kirsten monta sur l'estrade la première et commença son discours.

- Léna a toujours été une fille forte et souriante. On ne se connaissait pas vraiment, mais on avait souvent discuté ensemble. Je l'appréciais énormément et jamais je ne l'oublierais. Je souhaite alors lui rendre hommage.

Plusieurs personnes se succédèrent : des membres de sa famille, des amis, des professeurs, des connaissances... Puis enfin, je me levai et commençai à parler :

- Léna est ma meilleure amie depuis la maternelle. Nous avons tout fait ensemble nous étions comme deux surs...

Je fis une pause. Je devais continuer jusqu'au bout, sans pleurer, il fallait que je le fasse pour elle.

- Léna, tu es partie trop vite. J'étais là, j'aurais pu empêcher cet horrible accident d'arriver.

Peut-être que tu serais vivante ? Ma mère appelle ça le destin et dit que je ne devrais pas culpabiliser. Merci d'avoir été à mes côtés, d'avoir été toi-même. Tu es partie beaucoup trop tôt et tu me manques cruellement.

Lorsque la musique Hallelujah accompagna le convoi dans le cimetière et que le cercueil fut mis sous terre, je ne pus m'empêcher d'imaginer la réaction de Léna, si elle aurait été là. On en avait parlé un jour : elle aurait voulu être enterrée avec Kiss the rain de Yiruma.

Lorsque tout le monde s'en alla, je m'assis devant sa tombe, pris mon téléphone. La pluie commençait à tomber. J'appuyai sur la touche play et un son de piano envahit le cimetière, tandis que la pluie ruisselait sur mon visage, emportant mes larmes.

Fin du septième chapitre

NDA : lien de la musique en média

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