Chapitre IV : Ne rien regretter

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Un jour pendant notre année de troisième, Léna arriva chez moi l'air triste.

Lorsque je lui avais demandé ce qui n'allait pas elle m'avait répondu :

- Aujourdhui, ça fait un an que ma mère est morte

Ses yeux étaient embués de larmes cependant elle laissa son regard braqué dans le mien.

- Jai déjà oublié le son de sa voix, ses habitudes

- Désolée

- Je n'ai pas envie de mourir un jour, Anna. Je sais que le paradis n'existe pas, il ny a pas de vie après la mort ! Quand tu meurs tu ne sais même plus si tu as de la famille, tu n'es plus rien qu'un cadavre enterré sous terre ! Plus personne ne compte sur toi alors que tes proches continuent de pleurer une personne qui n'existe plus ! On est condamné à ne plus revoir le soleil, à ne plus parler, à ne plus rire, à être seul pour l'éternité ! Au final la vie ne sert à rien dans un sens, parce que lorsque l'on sera mort, on ne s'en souviendra plus, ce qu'on a vécu sera engloutit par le temps comme tant de choses ! Et puis j'ai envie aussi que les gens se souviennent de moi, que je laisse une trace dans le coeur des gens à jamais. Je veux devenir célèbre pour qu'à ma mort je laisse une empreinte sur Terre !

Je déglutis et lui fis :

- Léna, tu es flippante, tu sais... m'exclamai-je un peu effrayée par ses propos.

Puis, jeus une idée :

- Et si aujourd'hui, on faisait un truc spécial, qu'on n'a jamais osé faire avant pour que notre vie soit palpitante, pour ne rien regretter lorsque l'on sera vieille et décrépies ? On racontera cette aventure à nos petits-enfants !

- Je sais ! s'exclama-t-elle en me faisant sursauter. J'ai toujours rêvé de dormir dehors.

- Mais imagine que nos parents appellent la police et tout ?

- Déstresse, mon père n'est pas là, on pourrait dire que l'on va chez moi ! Et puis, s'ils alertent la police, on s'en souviendra toute notre vie pour la peine !

J'acceptai donc sa proposition, un peu réticente et je nous donnais un rendez-vous à vingt heures devant chez elle.

À ma grande surprise, lorsque je lui racontai tout un tissu de mensonges qui ne semblaient pas vraiment crédules, ma mère accepta sans poser de questions.

Dans ma chambre je pris le nécessaire, puis à l'heure du rendez-vous j'arrivai devant chez Léna. Je m'en voulais énormément d'avoir menti à ma mère.

Lorsque japerçus Léna qui sortait de chez elle, je remarquai quelle semblait excitée comme une puce. Nous arrivâmes au parc du centre-ville ; les lampadaires s'allumaient un à un. C'était magique et les promeneurs avaient déserté le parc. Nous nous mîmes dans notre coin préféré et je déballai la nourriture.

- Tu as pensé à prendre à manger ? Pas mal ! me félicita-t-elle en se tordant de rire. Ça ne m'étonne pas vu que tu es un ventre sur patte.

- Tu vas voir toi ! lui dis-je en m'esclaffant.

Je la poussai dans l'herbe et nous nous bâtîmes en rigolant. Puis, nous roulâmes chacune sur le dos, essoufflées et j'observai le ciel. J'en eu le souffle coupé : les étoiles scintillaient dans lobscurité, comme si le ciel était parsemé de poussière argentée.

- Regarde Léna !

Elle riva son regard vers le ciel et poussa une exclamation ; elle se cala sur mon épaule. Après avoir mangé, nous nous endormîmes.

Plus tard, le vibreur de mon téléphone me réveilla : quelqu'un essayait de me joindre. Lécran afficha le numéro de mon père.

- Léna !

- Quoi ! grommela-t-elle en émergeant de son sommeil.

- Mon père m'appelle !

- Décroche ! me cria-t-elle, soudainement paniquée.

J'appuyai sur la touche :

- Allo, papa ? Dis-je en tremblant.

- Anna ! Vous êtes où, bordel ! Tu nous as menti !

- Au parc, avouais-je piteusement.

- Ne bouge pas d'un poil. » Dit-il d'un ton menaçant.

Cette aventure s'est conclue que je fus privée de portable pendant trois mois, que Léna n'eut plus le droit de venir à la maison pendant un mois et mes parents mirent longtemps à me refaire confiance.

Cette nuit-là, ils avaient appelé le père de Léna, celui-ci leur avait dit qu'il voyageait et que Léna restait seule à la maison. Alors, mes parents avaient décidé d'aller chez Léna et c'est comme ça qu'ils s'étaient aperçus qu'on n'était pas là ; ils nous ont cherchés toute la nuit.

Mais cette aventure restera à jamais gravée dans ma mémoire.

Fin du quatrième chapitre

Vivre sans toi Where stories live. Discover now