Un petit air du chat potté

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Le réveil deux heures plus tard est atroce, dans un semi sommeil, je coupe tout simplement la sonnerie et me rendors lovée dans les bras de mon amoureux qui ne sait même pas qu'il l'est.

Le téléphone sonne à nouveau, je réponds en chuchotant abruptement.

— Quoi !

— Sympa l'accueil ! T'es dans le lit de qui ?

C'est Cal.

— Ça ne te regarde pas.

— Ça me va comme réponse parce que si tu m'avais répondu que tu étais avec mon frère j'aurais dû faire semblant d'être jaloux.

— Ouais, je comprends ça aurait été dommageable.

— Tout à fait. Bon écoute, j'ai les résultats de la balistique, c'est la même arme qui a servi à tuer Dawson qu'à te tirer dessus, et il y n'a que les empreintes du macchabée.

J'ai soudain une révélation, je sais pourquoi je m'entends si bien avec Cal, il n'y a que lui pour sortir des mots si proches de ceux que j'aurais pu prononcer.

— Parfait, transmet à Sir John, je serais là d'ici une heure ... ou deux.

— Prends ton temps et dis-moi si je dois faire livrer tes affaires quelques part... A l'adresse de Keith peut-être ?

Je sens son ton narquois et ça me fait sourire lorsque je raccroche. Je suis bien là, dans les bras de Keith, je voudrais que ce soit un geste quotidien, naturel. Je voudrais être normale avec lui.

Sa main remonte légèrement le long de mes côtes, je cesse de respirer le temps de cette caresse aussi légère qu'un souffle. Il laisse retomber sa main sur moi, suspendant son geste qui semble interdit et je me retourne pour le regarder.

Ses yeux sont grands ouverts, ils posent sur moi un regard chargé d'émotion et de désir, ses pupilles dilatées tentent de s'habituer au jour qui s'échappe à travers les volets.

Il y a cet instant où nous pourrions décider de nous arrêter là mais qu'aucun de nous ne semble vouloir saisir.

Mes lèvres touchent les siennes et il resserre son emprise.





Quelques heures plus tard.

— Une heure ... ou deux ? C'était bien au moins ?

Cal me regarde par-dessus son écran d'ordinateur, j'ai tenté d'entrer sur la pointe des pieds.

— La ferme !

— Attends mais je suis censé ne rien dire quand ma femme me trompe avec mon frère !

Il aurait vraiment du être acteur, il fait de grands gestes grandiloquents et même Sir John est tiré de sa contemplation en l'écoutant.

— Quoi vous êtes ensemble, t'es plus gai Calum ?

Je soupire et secoue la tête avant de me mettre au travail mais Cal ne veut pas me lâcher, il me poursuit.

— Il embrasse bien ? Tu veux que je t'embrasse pour comparer ?

— Beurk !

— Ah tant que ça ? Il est nul ?

— Non l'idée de t'embrasser, beurk !

— Tu n'as pas toujours dis ça.

Furbisher passe à cet instant précis et soulève les sourcils, je suis dépitée.

— Je ne sais pas ce que vous faites Oly, mais le procès de Cassidy est avancé, vous allez la chercher demain. Vous avez trouvé où placer le petit en attendant ?

— Chez Cal !

Le capitaine s'arrête devant Cal et lui tape sur l'épaule.

— Très bien. Je sais que vous autre, homosexuel rêvez tous d'avoir des enfants et que ça n'est pas facile pour vous.

Je souris devant l'air ahuri de mon ami et j'attends que le chef soit parti pour rire de la mine de Cal qui s'empresse de grimacer.

— Mais il est con ou quoi ! En plus j'en veux même pas d'enfants.

— C'est familial chez vous !

— Oui, c'est dommage, tu ne pourras pas en avoir avec Keith...

— Ecoute pas besoin de moyen de contraception au moins.

— Il va falloir que je te fasse un cours, les préservatifs ce n'est pas juste pour ne pas avoir de bébé.

— Ne change pas de sujet, tu me prends le fils de Cassidy trois jours !


Le soir avant d'aller à l'opéra, on est encore en train de se chamailler, Charles n'en peux plus, il a tenté au moins trois fois de nous demander notre avis sur les tenues qu'il a sélectionné.

— Mais stop à la fin, c'est insupportable de vivre avec vous deux ! Mais pourquoi vous êtes amis ? Vous passez votre temps à vous disputer.

— Et alors ?

On a répondu d'une seule voix, Charles soupire et opte pour le nœud papillon plutôt que la cravate alors que Calum me poursuit avec une boite de capotte fluo et une banane pour « m'expliquer les choses de la vie »

  
Arrivés sur covent garden, nous avons fait la paix, on rutile tous les trois tellement et on s'est auto-complimenté sur nos apparences.

J'admire une nouvelle fois la beauté du bâtiment, j'y suis venue souvent mais aujourd'hui c'est le grand luxe, nous avons une loge rien que pour nous d'après ce que j'ai compris. J'aime tout dans cette salle sauf une chose ! Le plafond, je le trouve quelconque par rapport à celui de l'opéra Garnier. Parfois quand nous suivions mon père à Paris, je me perdais dans la contemplation de la coupole admirant chaque détail pendant que la musique m'emportait.

On rejoint Maura qui est sublime dans son tailleur noir et son chemisier émeraude. Ses longs cheveux bruns sont détachés. A ses côtés Meredith semble déterminée à conserver sa moue boudeuse d'adolescente rebelle et désinvolte.

— Tu vois, c'est pour ça que je ne veux pas de gosses.

Je soupire parce qu'une part de moi pense exactement la même chose au même moment.

— Tu as fais garder Doha ?

— Oh non, elle est avec son père, elle adore les mondanités et la musique. Ça va vous ? Toujours aussi amoureux ?

Quelle question étrange, on rie un peu nerveusement tous les trois, comme si on ne savait pas trop à qui elle s'adressait quand la voix de Keith résonne et couvre l'espace qui nous sépare.

— Je vous présente ma cavalière pour cette soirée, Eugenia Victor.

Et merde ! Elle est jolie en plus, petite blonde et de grands yeux marron qui vous regardent en disant « pitié, aimez-moi ! » cette fille a servi de modèle pour les yeux du chat potté.

— Enchantée...

Cal rigole et se penche vers moi pour chuchoter.

— Mets-y un peu plus d'entrain, là on aurait dit une menace.

— Je fais ce que je peux, c'est ça où je lui arrache les yeux.

— Ce serait malvenu, elle est mimi, on a envie de l'adopter je trouve.

Il me fait rire avec ses conneries. J'évite le regard de Keith en revanche et je me rapproche de Maura qui va nous montrer nos places.

Charles prétexte une excuse bidon pour se retrouver à côté de Cal et je me retrouve coincée entre Meredith et le chat potté. Je décide en un quart de seconde que je déteste profondément cette fille en la voyant s'extasier sur tout.

— C'est si beau ! Si grand, si ...

Je sers les dents et jette un coup d'œil au programme, je ne sais même pas ce qu'on vient voir, enfin si un opéra mais je ne sais pas lequel... la traviata. Ça me rappelle que mon père avait dirigé l'orchestre pour une représentation à l'opéra Bastille et qu'à la fin toute la salle s'était levée. Mon père l'avait pris pour lui et nous ne l'avions pas détrompé mais je supposais que c'était plus pour la splendide voix de soprane de la cantatrice qui moi-même m'avait émue.

J'avais oublié ce que c'était que d'être aimée (TERMINÉ)Where stories live. Discover now