Pas de chat chez moi

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Charles passe à autre chose et je comprends qu'il avait un but en m'accompagnant.

— Je veux un chat ! J'ai besoin que tu m'aides à convaincre Calum.

— Ah non, je ne veux pas de chat, pas de chien, rien.

— Je voulais un chien à la base mais Cal s'est foutu de moi avec une histoire de cavalier king Charles. J'ai donc revu mes prétentions à la baisse.

— Non.

— Mes parents nous l'offriraient !

— Parce que tu comptes prendre un chat de race ?

— Oui un Donskoy.

Google est mon ami, je prends mon téléphone aussitôt et reste bouche bée en découvrant l'image qui s'affiche, je crois que c'est le chat le plus laid que j'ai jamais vu, il est sans poil et tout fripé.

— Non, non et non. Il va attraper froid ou alors tu vas lui tricoter d'affreux pulls et les gens qui viendront nous voir se foutront de nous

La cloche de l'entrée résonne m'interrompant, Charles en profite pour objecter.

— Quels gens ? Cal a honte de nous et toi tu n'as pas d'amis.

— J'ai des amis !

— Qui ?

— ... Ok, j'ai aucun ami mais ça n'empêche, je ne veux pas de ça chez moi. Enfin chez vous.

J'ai croisés les bras de colère et je me tourne avec rage vers la personne qui semble nous observer.

— QUOI ?

Les yeux de Keith me dévisage et je me sens idiote, je ne l'ai pas vu depuis un mois, il m'a énormément manqué et mon accueil ressemble à s'y méprendre à celui de la première fois que je l'ai rencontré. Charles interromps le silence qui devenait pesant.

— Tiens c'est drôle comme coïncidence.

— Comment ça ?

Il se tourne vers le nouveau venus et tends une main amicale.

— Si je ne me trompe on s'est déjà rencontré un jour où avec mon amie nous braquions une librairie. Elle vous est rentrée dedans en sortant.

— Je m'en souviens très bien, je suis content que quelqu'un d'autre se rappelle ce jour là. Au moins quelqu'un qui se souvient de moi, vous êtes Charles ?

— A qui ai-je l'honneur ?

— Keith Alister.

Il se passe quelque chose de très étrange chez Charles à ce moment là, il se raidit et devient tout pompeux, je le regarde faire avec amusement. Il est rentré en mode « tentative de séduction de ma belle-famille qui ne sait pas que j'existe » si Keith le remarque, il n'en montre rien. Je me demande comment il a su que c'était Charles. Il a de nouveau sa barbe de quelques jours, il est parfait ainsi. C'est étrange comment les sentiments transcende une personne, plus je le vois plus je le trouve beau alors que la première fois je me suis juste dis qu'il était charmant avec ses yeux qui tiraient vers le vert mais sans plus.

Aujourd'hui je vois tellement plus, son nez qui a une légère bosse et sa mâchoire carrée qui lui donne un air dur de prime abord me semble justement être des atouts. J'aimerais passer ma main sur son visage et enfouir ma tête dans son cou. Avec regrets, je m'arrache à ma contemplation. Je note que lorsque je le vois maintenant mon cœur marque un tressaut quand il entre dans la pièce. C'est ce que ma mère me décrivait en parlant de mon père et j'avais trouvé cela niais. Ou alors j'avais mis ça sur le compte de la célébrité. J'avais longtemps cru que ce qui les tenaient ensemble c'était l'admiration de ma mère pour son chef d'orchestre.

— Je croyais que tu ne devais pas revenir ?

— Oh, c'était quand j'étais célibataire et que je flashais sur toi.

— J'en déduis que tu as accepté de sortir avec ta collègue.

J'ai prononcé ces mots avec colère, j'aurais du me contenir, car je ne suis pas censé être attirée par mon supposé beau-frère. J'ai du mettre un peu trop d'émotion dans ma voix parce que Charles me tape dans le tibia.

— Aie !

Charles tente de me dire quelque chose sans parler, je vois ses lèvres bouger sans qu'il ne prononce une seule parole. Il m'énerve à faire ça, il croit toujours que je vais comprendre. Certaines fois j'ai envie de lui répondre en langue des signes ! Comme il continue, je mets ma menace mentale à exécution et signe « Je ne comprends rien de ce que tu me dis ! »

Les deux hommes me dévisagent.

— Qu'est-ce que tu viens de faire ?

Je soupire, quelle godiche !

— J'ai fais de l'initiation à la langue des signes quand j'étais petite.

— On en apprend tous les jours avec toi.

Si tu savais ...

Keith tapote nerveusement la table avec ses doigts.

— Maura m'a appelé, son fiancé nous invite tous à un concert ou je ne sais quoi.

— Pourquoi ?

— Et bien tu sais Edern a commencé son job à l'opéra, Maura va venir habiter Londres d'ici quelques semaines et elle voulait qu'on se retrouve pour une soirée.

— C'est quand ?

— Elle nous prend un peu de court c'est demain, ils ont eu un désistement de groupe et il nous a bloqué les places. Mais il y aura d'autres occasions si tu ne peux pas cette fois-ci.

— Tu viens avec ta « copine » ?

Keith se mets à rire devant mes guillemets gestuelles alors que j'ai le visage fermé comme une huitre.

— Je ne sais pas, et Cal ?

Charles toussote pour me rappeler sa présence.

— Est-ce que Charles peut venir ?

— Oui je suppose qu'il n'y a pas de soucis, je lui envoi un texto pour le prévenir.

Je vois, à l'immense sourire que Charles affiche, qu'il est au septième ciel. J'imagine déjà le drame demain soir quand il va devoir se préparer à cette soirée et la tête de Calum quand il va réaliser que son secret est sur le point d'être éventé. Je ne suis pas sure que cette soirée est une des meilleures idées que Maura ai eu.

Charles montre à Keith le chat qu'il veut qu'on adopte, j'ai du mal à croire ce que j'entends quand Keith déclare qu'il le trouve magnifique. Je cherche à voir s'il est sérieux en l'observant et un instant complice se passe entre nous, moi seule semble voir le sourire dans son regard alors que tout son visage n'a pas bougé d'un iota.

Mon téléphone sonne, je retiens mon souffle en lisant le texto de mon collègue Sir John Belley.

J'ai trouvé ce que tu m'as demandé, viens me voir.

Sir John est l'autre fin limier de l'équipe, il est le seul à avoir accès aux dossiers qui me sont interdits. Depuis un mois je cherche à nouveau sans relâche des informations sur ce qui s'est passé il y a quinze ans. Et jusque là je n'ai rencontré que des murs. Tout m'est interdit d'accès, même Cal qui est un génie en informatique n'a rien trouvé.

M'abaisser à demander à Sir John, c'était comme reconnaitre deux choses : que je suis en train d'enfreindre les règles et surtout que je ne suis pas la meilleure.

Je me lève précipitamment et j'embrasse Charles sans même le regarder puis je fais pareil avec Keith mais il tourne la tête au dernier moment et mes lèvres effleurent les siennes me ramenant instantanément à la réalité.

Elles sont chaudes et pleines de forces, il l'a fait exprès j'en suis sure. Tous mes sens sont en alertes, je sens même son parfum musqué emplir la pièce. C'est comme un électrochoc, ça me secoue de l'intérieur. Pendant que je m'éloigne je sens son regard dans mon dos.

Aussi étrange que cela paraisse il reste discuter avec Charles.

J'avais oublié ce que c'était que d'être aimée (TERMINÉ)Where stories live. Discover now